Du bonheur domestique

 

Du bonheur domestique:

Hervée de Lafond et Jacques Livchine, codirecteurs du Théâtre de l’Unité à Audincourt (Doubs)

H. de L.

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 Regardons les choses en face. Les scientifiques nous disent que cette pandémie va durer, peut-être même ne pas s’arrêter et que, probablement d’autres sont à venir, plus terribles encore. Cette catastrophe pourrait faire disparaître les grands festivals de musique et de théâtre et… certains lieux ne rouvriraient jamais!
En coréen, il existe trois mots pour signifier le théâtre. Kuk-jang: le bâtiment, kong-Yeon, la représentation et Yeon-kuk,l’œuvre. En ce moment les kuk-jang sont fermés, il n’y a donc pas de kong-jeon. Restent donc les yeon-kuk…

 Nous sommes obligés de nous poser la question. Allons-nous assister à la mort d’un certain théâtre, celui qui se joue dans des bâtiments? Selon un sondage, les Français à qui on demandait quel était le métier le plus utile, ont répondu à 98 %: les métiers de la Santé. Et le plus inutile, à 91%: artiste.
Une claque de plus! Qu’avons-nous fait, pour nous mettre à ce point en marge de la société? Cette pandémie serait-elle une occasion unique pour tout remettre à plat et envisager d’écrire et faire autrement du théâtre.

Comme nous ne faisons rien, nous sommes tous débordés, bien entendu! Mais ce grand moment de vide devrait être propice à une réflexion collective. On me dit, mais Hervée toi, que proposes-tu? Rien! En fait, je suis perdue, comme les autres mais je crois juste en l’intelligence collective…

Macron a réunit des artistes pour discuter et réfléchir à comment réagir. Sauf que, pour représenter le THEATRE, il a convoqué les acteurs, directeurs, metteurs en scène des bâtiments, comme s’ils pouvaient être tout le théâtre français… En fait, ils ne représentent qu’eux-mêmes et en France, des centaines de troupes jouent hors des bâtiments! Dans les champs, forêts, anciens tunnels et usines, friches, bus, bars, etc… Cela s’appelle le Tiers-Théâtre, comme, en 1789, il y avait le Tiers-Etat.

Il faudrait donc organiser de vrais Etats Généraux du Théâtre, en n’oubliant personne: ceux qui jouent dans les bâtiments mais aussi ce Tiers-Théâtre… Et discuter longtemps pour inventer quelque chose, pour changer ensemble ce que cette pandémie nous intime de changer (tiens, on ferait ça le 4 août, ce serait rigolo!) Voilà, je n’ai pas d’idées, je contemple le désastre à venir et voudrais le prendre de vitesse…

J. L.

Il fait 3° à Villars-lès-Blamont, un petit village du Doubs. Je me disais: le bonheur domestique, ce n’est pas pour moi. Mais bien obligé! J’ai cru que je n’y arriverai jamais: je ne suis pas du genre à regarder les séries, films ou à jouer aux mots fléchés! Ainsi je me passionne pour un poêle à bois Austria. Un investissement majeur dans ce pays montagneux.

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Alors, quand je n’en peux plus de voir les émissions de la 15, dans un fauteuil à bascule et face au paysage des flammes je lis Romain Gary, Annie Ernaux et Camille Kouchner. L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, le dernier Goncourt et Mais la vie continue de Bernard Pivot  et encore La Voyageuse de nuit de Laure Adler.

Rien ne me plaît vraiment, exception faite d’un texte d’un grand auteur du XIX ème (secret personnel) que j’apprends par cœur depuis huit mois, pour un spectacle singulier au possible et qui ne craint ni raffinement ni confinement…

Jacques Livchine

Ce dimanche 7 février à Villars-lès-Blamont (Doubs).


Archive pour 12 février, 2021

Du bonheur domestique

 

Du bonheur domestique:

Hervée de Lafond et Jacques Livchine, codirecteurs du Théâtre de l’Unité à Audincourt (Doubs)

H. de L.

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 Regardons les choses en face. Les scientifiques nous disent que cette pandémie va durer, peut-être même ne pas s’arrêter et que, probablement d’autres sont à venir, plus terribles encore. Cette catastrophe pourrait faire disparaître les grands festivals de musique et de théâtre et… certains lieux ne rouvriraient jamais!
En coréen, il existe trois mots pour signifier le théâtre. Kuk-jang: le bâtiment, kong-Yeon, la représentation et Yeon-kuk,l’œuvre. En ce moment les kuk-jang sont fermés, il n’y a donc pas de kong-jeon. Restent donc les yeon-kuk…

 Nous sommes obligés de nous poser la question. Allons-nous assister à la mort d’un certain théâtre, celui qui se joue dans des bâtiments? Selon un sondage, les Français à qui on demandait quel était le métier le plus utile, ont répondu à 98 %: les métiers de la Santé. Et le plus inutile, à 91%: artiste.
Une claque de plus! Qu’avons-nous fait, pour nous mettre à ce point en marge de la société? Cette pandémie serait-elle une occasion unique pour tout remettre à plat et envisager d’écrire et faire autrement du théâtre.

Comme nous ne faisons rien, nous sommes tous débordés, bien entendu! Mais ce grand moment de vide devrait être propice à une réflexion collective. On me dit, mais Hervée toi, que proposes-tu? Rien! En fait, je suis perdue, comme les autres mais je crois juste en l’intelligence collective…

Macron a réunit des artistes pour discuter et réfléchir à comment réagir. Sauf que, pour représenter le THEATRE, il a convoqué les acteurs, directeurs, metteurs en scène des bâtiments, comme s’ils pouvaient être tout le théâtre français… En fait, ils ne représentent qu’eux-mêmes et en France, des centaines de troupes jouent hors des bâtiments! Dans les champs, forêts, anciens tunnels et usines, friches, bus, bars, etc… Cela s’appelle le Tiers-Théâtre, comme, en 1789, il y avait le Tiers-Etat.

Il faudrait donc organiser de vrais Etats Généraux du Théâtre, en n’oubliant personne: ceux qui jouent dans les bâtiments mais aussi ce Tiers-Théâtre… Et discuter longtemps pour inventer quelque chose, pour changer ensemble ce que cette pandémie nous intime de changer (tiens, on ferait ça le 4 août, ce serait rigolo!) Voilà, je n’ai pas d’idées, je contemple le désastre à venir et voudrais le prendre de vitesse…

J. L.

Il fait 3° à Villars-lès-Blamont, un petit village du Doubs. Je me disais: le bonheur domestique, ce n’est pas pour moi. Mais bien obligé! J’ai cru que je n’y arriverai jamais: je ne suis pas du genre à regarder les séries, films ou à jouer aux mots fléchés! Ainsi je me passionne pour un poêle à bois Austria. Un investissement majeur dans ce pays montagneux.

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Alors, quand je n’en peux plus de voir les émissions de la 15, dans un fauteuil à bascule et face au paysage des flammes je lis Romain Gary, Annie Ernaux et Camille Kouchner. L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, le dernier Goncourt et Mais la vie continue de Bernard Pivot  et encore La Voyageuse de nuit de Laure Adler.

Rien ne me plaît vraiment, exception faite d’un texte d’un grand auteur du XIX ème (secret personnel) que j’apprends par cœur depuis huit mois, pour un spectacle singulier au possible et qui ne craint ni raffinement ni confinement…

Jacques Livchine

Ce dimanche 7 février à Villars-lès-Blamont (Doubs).

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