After, conception et chorégraphie de Tatiana Julien

After, conception et chorégraphie de Tatiana Julien

Didier Deschamps va quitter la direction de Chaillot qu’assumera en avril prochain le chorégraphe Rachid Ouramdane. Dans son éditorial de saison, L’Instant d’avant, il  relatait ce qui s’est passé, avant et se passera après cette crise sanitaire (voir Le Théâtre du Blog). La chorégraphe,  avec cette nouvelle création, évoque, elle, ce qui se passerait après la fin de notre monde, à la suite d’un désastre écologique.

A la recherche d’un sens pour figurer une renaissance, elle a laissé huit danseurs livrés à eux-mêmes …pendant deux trop longues heures. Avec une référence évidente aux spectacles hors-normes du metteur en scène Vincent Macaigne: Tatiana Julien travaille ici avec Julien Peissel, le même scénographe. Manquent seulement les mares d’eau et le sang factice à profusion chers à Macaigne. Décor post-apocalyptique : une baraque délabrée et des  choses non essentielles, témoins de notre civilisation passée comme sac de golf, réfrigérateur, trophées sportifs, transats, tondeuse à gazon, écran de télévision… que les interprètes, en criant très fort, jettent pêle-mêle sur le plateau.

© Herveì Goluza

© Herveì Goluza

L’un des danseurs nous prend à témoin: «Je vois que le monde est mort.» Organiser le désordre: la chorégraphe sait faire. Trop systématique, cela pourrait être agaçant mais, dans le contexte actuel de frustration artistique, cet After est bienfaisant. Il y a a une belle énergie chez les danseurs et une riche bande-son, avec extraits de discours politiques sur le climat, bruits de manifestations, paroles de Démons de Minuit du groupe Images… Lointains souvenirs… Avec, ici, une certaine nostalgie et cette chanson, presque insignifiante, prend un autre sens aujourd’hui:  «Rue déserte, dernière cigarette, plus rien ne bouge, juste un bar qui éclaire le trottoir d’un néon rouge, j’ai besoin de trouver quelqu’un, j’veux pas dormir, je cherche un peu de chaleur, à mettre dans mon cœur. »

La chorégraphe nous incite ainsi à un réveil des corps et des esprits, aujourd’hui menacés par un virus. Faut-il prendre le risque de vivre et d’en mourir ? Vaste question qu’aucun grand auteur n’a encore résolue. Une renaissance est encore possible après la crise écologique que nous avons provoquée. A la fin de cette pièce, un texte bouleversant de Pablo Servigne, un ingénieur agronome de Gembloux Agro-Bio Tech (Belgique) qui s’est consacré à la transition écologique. Un texte qu’il avait dit à la manifestation d’Extinction/Rébellion en mars 2019, à Paris.

Jean Couturier

Présentation réservée aux professionnels vue le 12 février, au Théâtre National de la Danse de Chaillot, 1 Place du Trocadéro, Paris (XVI ème). T. : 01 53 65 30 00.
A suivre: prochaines représentations de ce spectacle dans ce même théâtre.

 

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