Itmahrag; conception et chorégraphie d’Olivier Dubois
Itmahrag conception et chorégraphie d’Olivier Dubois
L’enfant terrible de la danse contemporaine avait présenté cette création en ligne, en avant-première, au festival numérique sans frontières Les Vagamondes à la Filature de Mulhouse. Le chorégraphe partage sa vie entre Paris et Le Caire avec plusieurs résidences de travail et ce spectacle a été réalisé en collaboration avec B’sarya for arts en Egypte. Baigné par les musiques des quartiers populaires de la capitale, il nous fait découvrir le Mahragamat (festival en arabe). Ici, nous découvrons grâce au chant et à la danse, une musique aux sons saturés traduisant la révolte de la jeunesse à l’ère post-Moubarak. Avec des textes crus de rap égyptien…
En anglais ou en arabe, trois chanteurs-musiciens: Ali elCaptin, ibrahim X, Shobra Elgeneral et quatre danseurs: Ali Abdelfattah, Mohand Qader, Moustafa Jimmy, Mohamed Toto, originaires du Caire, se présentent successivement devant des micros sur pied. En fond de scène, une rangée de chaises en plastique orange ou rouge. Et un plateau circulaire traversé de tubes fluo. Une scénographie qui fait penser à celle de la célèbre pièce Kontakthof de Pina Bausch avec ses adresses au public mais ici les artistes seraient tous comme sous extasy. Leur engagement est exceptionnel et ils ont une énergie communicative. Les mouvements reproduisent parfois des scènes de bataille, une exécution ou une danse du couteau dans un rideau de fumée, et c’est tout à fait impressionnant de violence.
Itmahrag peut se traduire par «festoyons». Mais la participation des spectateurs sagement assis à une distance respectable est aujourd’hui impossible. Il faut aussi accepter une très forte musique qui réveille nos organismes depuis longtemps endormis. Cette pièce devrait prendre toute son ampleur quand nous serons libérés des contraintes sanitaires. Olivier Dubois a réussi à traduire par la musique, le chant et la danse, l’esprit d’une jeunesse révoltée et à présenter comme un défouloir sauvage sur une plateau. A voir dès que possible.
Jean Couturier
Représentation pour les professionnels vue le 2 mars au CENTQUATRE, 104 rue d’Aubervilliers, Paris (XIX ème). T. : 01 53 35 50 00.