Tout sera différent d’Agathe Charnet, mise en scène de Maya Ernest et Carla Azoulay-Zerah

Tout sera différent d’Agathe Charnet, mise en scène de Maya Ernest et Carla Azoulay-Zerah

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Les professionnels de la profession assistent presque en catimini, l’après-midi avant le couvre-feu, à quelques «sorties de résidences». Au pluriel: le terme semble indiquer une certaine stabilité mais en fait il représente un vrai nomadisme pour les compagnies. Les Théâtres, Scènes Nationales et institutions culturelles offrent une semaine, voire quarante-huit heures  seulement, de travail tranquille dans un lieu adapté à un travail de création. Il faut donc avoir l’âme solide et flexible mais les projets avancent comme ça…. Jusqu’à  arriver, en des temps plus heureux, à l’état de spectacle en public.

La jeune compagnie Avant l’Aube -premier spectacle en 2015- mais déjà expérimentée, a bénéficié de dix résidences avec présentations publiques quand c’était possible ou professionnelles où le texte a été sélectionné et primé. Bonne organisation, bon plan d’action de l’autrice et les metteuses en scène lestées d’un solide et utile bagage universitaire: Sciences Po et une expérience du journalisme ont ainsi donné à Agathe Charnet le regard et et l’acuité d’une sociologue pour saisir l’air du temps dans sa gravité et opérer la synthèse entre vécu de chacune et information générale.

Thème central aujourd’hui: la mémoire et l’identité. Une mère atteinte d’une forme précoce d’Alzheimer, l’angoisse pour sa fille de la voir devenue inaccessible. Sans que cette mère ait eu le temps de lui transmettre ses souvenirs et son histoire. Bon nombre de textes ont été écrits là-dessus ces dernières années, dont les pièces d’Alexandra Badéa ou L’Art de perdre d’Alice Zéniter auquel les créatrices du spectacle rendent hommage. Mais Tout sera différent n’arrive pas encore à ce degré de force et d’évidence, pris entre un besoin d’authenticité et le désir de faire de l’effet.

Pourquoi pas, quand il s’agit, pour l’héroïne-narratrice,  du souvenir imaginaire de sa naissance ? Un moment d’enfer, d’agitation de « petits hommes verts » (la couleur des  blouses jetables) de cris et matières diverses projetées sur un voile de plastique. Bienvenu en ce qu’il protège le public, tout en laissant voir une scène fantasmée… Une idée esthétique dans la lignée de Romeo Castellucci ou d’Angelica Liddell, et un effet utile. Un autre moment, théâtral celui-ci, avec un silence de plus en plus lourd  dans un réveillon de l’an 2.000. Se creuse une faille qui s’agrandit entre ces amies: deux mémoires et identités…inconciliables. Un cataclysme annoncé pour le nouveau millénaire !

Le  reste, dont la satire d’un jury de thèse -bien vue mais dessinée à gros traits- est plus banal et quelque chose manque à cette écriture : une structure plus ferme, conduite par la quête de la fille et la poésie de ce personnage/narratrice. Mais nous avons vu seulement quarante-cinq minutes d’un spectacle conçu pour durer deux heures, avec nous promet-on., quelques surprises… Les autrices et metteuses en scène ne manquent pas d’idées y compris pour diriger les garçons. Elsa Chomienne a inventé une scénographie simple: des rideaux de plastique accompagnent, amplifient même les gestes et émotions, en les rendant très concrets.

Pour le moment, même sur un thème dans l’air du temps, Tout sera différent n’a pas encore trouvé toute sa force. Mais difficile pour les actrices de s’imposer  quand survient un véritable orage sur le toit très sonore du Grand Parquet, même venu à point nommé dans une scène de famille… Demain, en vraie grandeur,  tout sera différent...

Christine Friedel

Présentation pour les professionnels vue le 12 mars au Grand Parquet, Paris (XIX ème).

 

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