Encore des petits cadeaux…Et bon confinement à tous!
Encore des petits cadeaux… Et bon confinement à tous!
Cette année, cent cinquantième anniversaire de la Commune de Paris célébré par les occupants de l’Odéon depuis le 4 mars (intermittents du spectacle, travailleurs précaires, syndicalistes comme David Gravouille de la C.G.T.). Avec agora tous les jours à 14 h. Dernière trouvaille du merveilleux Lallement, préfet de Paris à qui, visiblement cette occupation donne des boutons: faire interdire par les C.R.S. un orchestre devant l’Odéon, au motif que ce n’était pas un événement revendicatif mais culturel (sic). Chapeau l’artiste… Résultat de cette belle gaffe, les occupants ont demandé à Nadège Meden, soprano qui a enchanté tout le monde… depuis une fenêtre de l’Odéon, avec un mini-récital Verdi et après négociations, l’orchestre a pu jouer ! Rappelons qu’en février dernier, une lettre de soixante-dix élus du conseil de Paris a demandé sa démission au président de la République! Quel autoritarisme mal placé chez ce haut fonctionnaire qui avait déjà sévi à Bordeaux…
Vous pouvez redécouvrir la Commune, cette tragédie française demeurée longtemps assez tabou dans l’enseignement, avec La Chose commune, un spectacle musical créé en 2017 par Emmanuel Bex, figure du jazz européen et David Lescot, auteur et metteur en scène. Tous deux férus de la Commune, ils ont réinventé cet épisode historique avec ses légendes et personnages célèbres comme Louise Michel, Élisabeth Dmitrieff… le temps d’une rapsodie ou d’un solo de batterie. La Commune comme laboratoire d’inventions sociales est au cœur de cette nouvelle création avec la défense de certaines utopies. Sur scène, la chanteuse et comédienne Élise Caron, le slameur Mike Ladd, la saxophoniste Géraldine Laurent et le batteur Simon Goubert.
Sur France Culture et CultureBox. Comme tu me veux de Luigi Pirandello, mise en scène de Stéphane Braunschweig: la construction du décor
Une bonne occasion de voir ce qui se passe en amont d’un spectacle… à l’intérieur justement de l’Odéon, puisque spectacle: nenni. Un long et précis travail de construction, peu connu du public mais essentiel. Le directeur du Théâtre dont l’occupation par les Intermittents se poursuit donc depuis un mois, a répété cet hiver Comme tu me veux de Luigi Pirandello, une pièce qui sera finalement présenté à la rentrée 2.021. Les ateliers ont travaillé pendant plusieurs semaines à la réalisation des différents éléments de la scénographie. On peut découvrir avec Patrice Notaise, chef-serrurier, Sophie Camus, cheffe-accessoiriste, Sylvain Letourneur, tapissier et David Richard, chef-décorateur, la fabrication des décors pour cette création.
Quand le diable frappe à la porte ! par l’Euphonie Musica Nigella, direction musicale de Takénori Némoto, mise en scène d’Alma Terrasse
Tout en dégustant vos chocolats de Pâques ou les miettes qui en resteront, vous pourrez voir une captation du spectacle -covid oblige- qui aurait dû être présenté au Théâtre de l’Athénée à Paris. Un diptyque associant deux œuvres en un acte peu connues: d’abord, Les Trois baisers du diable de Jacques Offenbach. Préfigurant Les Contes d’Hoffmann, cette opérette enlevée avec chansons à boire a aussi des couleurs de mélo: pour sauver son âme, Gaspard a conclu un pacte avec le Diable et devra prendre trois baisers à la Belle Jeanne et la séduire, s’il ne veut pas voir son âme offerte au Diable. Georget, secrètement amoureux lui aussi, réussira-t-il à sauver Jeanne de ses griffes? Le bien contre le mal : un vieux combat…
Et ensuite, Von Heute auf Morgen (Du jour au lendemain) d’Arnold Schönberg (1874-1951) sur un livret de Max Blonda, pseudonyme de Gertrud Schoenberg, son épouse, fut composé en 1928 et créé en 1930 à Francfort. Ce premier opéra dodécaphonique est aussi sa seule comédie. Des époux rentrent d’une soirée et se racontent leurs flirts : le Mari avec l’Amie, et la Femme, avec le Chanteur… Mais le Mari est jaloux. La Femme se change et redevient désirable aux yeux du Mari. Le téléphone sonne : le Chanteur est en compagnie de l’Amie et propose de finir la soirée à quatre. La femme change encore de robe, exacerbant la jalousie du Mari qui réalise qu’elle est la femme de sa vie. Le Chanteur et l’Amie sentent qu’ils sont venus en vain. Le lendemain matin, le Mari ne trouve plus du tout «modernes » ces gens qui passent « du jour au lendemain ».
Ces œuvres ont pour thème les circulations secrètes de l’amour et du désir à Paris en 1857 et à Vienne dans les années 1930. Deux siècles après Jean-Sébastien Bach et Jean-Philippe Rameau qui avait posé les fondements de la musique tonal, le compositeur viennois inventa le dodécaphonisme qui influencera une partie de la musique écrite au XXe ème siècle. «Mon invention, disait-il, assurera la suprématie de la musique allemande pour les cent ans à venir.» Il eut notamment pour élèves, le compositeur Hanns Eisler qui travailla avec Bertolt Brecht, les chef d’orchestre Otto Klemperer, le musicologue et chef d’orchestre français René Leibowitz, le compositeur John Cage, Teodor Adorno, philosophe, compositeur et musicologue allemand qui, avec Herbert Marcuse, fut l’un des principaux représentants de l’Ecole en sciences sociales, dite Ecole de Francfort…
Ce diptyque est chanté par Mélanie Boisvert, soprano; Odile Heimburger, soprano; Benoît Rameau, téno ; Antoine Philippot, baryton. « Dans Les Trois baisers du diable, dit la metteuse en scène, les personnages sont les pions de forces invisibles et dans Von Heute auf Morgen, on pourrait penser que seul, un événement réel arriverait à perturber l’ordre conjugal mais il suffit d’un fantasme pour que la situation change. » Takénori Némoto, chef de l’Ensemble Musica Nigella, a transcrit ces partitions sur le modèle de Pierrot Lunaire qu’il avait déjà présenté avec un grand succès à l’Athénée (voir Le Théâtre du blog).
Interprétées par Anne-Cécile Cuniot (flûte, flûte en sol et piccolo) François Miquel (clarinettes, clarinette basse, petite clarinette et saxophone alto, Pablo Schatzman (violon, alto) Annabelle Brey (violoncelle). Nicolas Ducloux et Sébastien Joly (en alternance) au piano et à l’harmonium). Soit douze instruments: « Cela élargit encore plus la palette de couleurs et la possibilité infinie de combinaison entre différents timbres, imaginées par Schönberg, dit Takénori Némo. Cette formation permet aussi de d’offrir à la musique d’Offenbach, une sonorité originale et moderne. »
Philippe du Vignal Du 5 au 11 avril, sur www.athenee-theatre.com