Tiffany Allen, magicienne

Tiffany Allen, magicienne


- Quel a été votre parcours d’artiste ?

-A sept ans, j’ai commencé à avoir un intérêt pour la magie après avoir vu les émissions de World’s Greatest Magic. Puis, je me suis alors lancée comme la plupart des gens, quand j’ai reçu une boîte de magie pour Noël. J’ai toujours aimé les histoires fantastiques et voir réaliser l’impossible est une chose que je voulais faire !

Mais j’ai eu surtout un parcours d’autodidacte jusqu’à la vingtaine. Là où j’ai grandi, il n’y avait pas de communauté de magiciens, alors j’ai appris à travers les livres. Cela m’a aidé: je n’avais aucune idée préconçue sur la façon dont les choses devaient être faites. Ensuite, j’ai rencontré un super groupe de magiciens quand je suis allé vivre à Myrtle Beach (Caroline du Sud) où j’ai travaillé dans un magasin spécialisé dans cet art. J’ai ensuite rejoint une autre communauté à Charlotte en Caroline du Nord, The Sleight Club où il y avait de merveilleux créateurs et interprètes qui m’ont poussé à être meilleure. Mais j’ai en aussi rencontré d’autres qui essayaient de me décourager parce que j’étais une femme ! Exaspérant ! La meilleure façon de changer ce point de vue très étroit : leur montrer que je pouvais être meilleure qu’eux…

-Comment travaillez-vous ?

-Sur des spectacles familiaux mais aussi sur des histoires bizarres. Ils ne pourraient pas être plus différents mais je les aime tous les deux. Dans les premiers, je joue la Princess Tiff en robe très rose brillante. Après beaucoup d’essais, j’ai réussi à faire un spectacle surtout fondé sur le mentalisme. C’est tellement amusant de voir des confrères me demandant quels effets je fais dans mon spectacle.  Je leur réponds : « Un Smash and stab, un Ten card poker deal et une Haunted key mais certainement pas réalisés comme vous le pensez… »

Pour la «magie bizarre» avec histoire, je reprends les expériences que j’ai faites avec The Georgia Wonder ou Georgia Magnet Act. J’ai passé presque dix ans à faire des recherches pour ressusciter un numéro très particulier des années 1890. J’ai beaucoup étudié le travail des femmes qui l’ont réellement fait et j’ai découvert des histoires merveilleuses! Cela m’a  amenée à en  trouver d’autres moins connues et à les combiner avec des effets magiques pour raconter quelque chose de différent. Mon personnage est une bibliothécaire qui collectionne ces histoires et qui les raconte d’une façon, disons originale.

- L’effet Shadows de Raymond Joseph Teller semble  avoir eu beaucoup d’influence sur votre travail

-Oui c’était le premier numéro où j’ai vu un côté plus sombre mais beau de cet art. Après avoir vécu ce moment, je voulais partager avec mon public ce que Shadows m’avait fait ressentir. Je préfère la «magie bizarre» ou narrative qui n’est pas la plus populaire mais qui englobe toutes les autres formes  de magie. J’ai vu des confrères talentueux raconter des histoires avec un simple jeu de cartes, des balles en éponge, ou des objets « maudits» provenant d’une maison « hantée».

Pour Princess Tiff, je me suis beaucoup inspiré de Disney et pour Georgia Wonder,  surtout d’épisodes étranges ou stimulants de la vie de femmes  non connues. J’aime les personnages forts et, en leur montrant un aspect moins conventionnel, inverser ce que la plupart des gens pense connaître.

-Un conseil à un débutant ?

-Apprenez un peu de tout avant d’envisager quel type de magie vous voulez faire, puis combinez vos pratiques favorites. Allez si possible voir des spectacles et trouvez-vous un mentor. J’ai trouvé  le mien quand j’avais une vingtaine d’années et mon travail s’est  beaucoup amélioré ! Faites des numéros comme vous le souhaitez et non comme on vous l’impose selon des modèles. La magie actuelle semble toujours se développer et ne peut que s’améliorer si nous y intégrons des éléments extérieurs: comme dans tous les domaines, la culture y est  aussi importante et chacun a une expérience et une sensibilité différentes. Cela contribue à pratiquer la magie de façon unique et à élargir les horizons.

-Vous êtes artiste en chef dans un studio d’art…

-Oui, j’y travaille au quotidien et nous proposons aussi des spectacles de magie. Je combine mon amour pour cet art et la peinture. Les livres et la narration ont toujours pour moi d’une très grande importance dans ma pratique de l’illusion. Même si j’ai beaucoup de centres d’intérêt, tous semblent m’y ramener…

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 12 février.

Site de Tiffany Allen.https://www.newgeorgiawonder.com/

 

 

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