Juventud, mise en scène et chorégraphie de Nicanor De Elia

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©Francis Rodor

Juventud, mise en scène et chorégraphie de Nicanor De Elia

Sous le signe de la jeunesse (juventud en espagnol), en référence au manifeste du Futurisme de Filippo Tommaso Marinetti qui prônait une esthétique de la vitesse et du mouvement, cette création se pose comme un appel physique à la liberté.  Sur un plateau blanc cadré de noir, cinq jongleurs jouent à se provoquer, se perdre et se chercher. Avec chacun, sa spécialité: grosse balle de Juan Duarte Mateos le premier à entrer en la scène comme un félin, petites balles pour Lucas Castelo Branco, anneaux souples de Gonzalo Fernandez Rodriguez et massues pour Nahuel Desantos et Walid El Yafi.

Mais ils échangent facilement ces objets à un rythme qui va crescendo, avec complicité et parfois un certain défi: les massues virevoltent d’un bout à l’autre de la scène; chacun s’empare des anneaux pour les vriller en couvre-chef extravagants, en porte-manteaux ou leur faire subir des transformations surprenantes. Il y a de la drôlerie dans l’air mais en fait, sous une fausse décontraction, peu de hasard… Solos, duos ou mouvements d’ensemble se succèdent avec des combinatoires géométriques très étudiées.

Sous un apparent désordre dans les jeux de scène, manipulations d’objets et affrontements dansés, règne ici une rigueur complexe, réglée au millimètre sur la création sonore de Giovanni di Domenico et les bandes passantes hypnotiques de Guillaume Bautista, projetées en fond de scène et au sol. L’esthétique stricte de Nicanor de Elia est fondée sur le noir et le blanc. Jonglerie et danse nous entraînent dans une spirale fascinante et on mesure à quel point ces disciplines peuvent se mêler intimement et avec beauté.

Depuis vingt ans, ce jongleur argentin, bruxellois d’adoption, œuvre à explorer la limite entre ces arts pour inventer un terrain de jeu commun. A Schaerbeek, une des communes du Nord de Bruxelles, il a créé avec d’autres artistes, Garage 29, un lieu de résidences et de recherches où chorégraphes et circassiens travaillent ensemble.  Juventud, prêt au début 2 020, n’a jamais pu être représenté!  Espérons qu’il pourra vite rencontrer son public.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 10 avril, aux rencontres professionnelles du Festival des jonglages, Maison des jonglages, Centre Culturel Houdremont, 11 avenue du Général Leclerc, La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Ce festival (voir Le Théâtre du blog)  se limite cette année à un parcours professionnel avec trois spectacles et impromptus créés par des élèves de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et de l’Académie Fratellini. Les autres événements prévus ce printemps sont reportés du 10 au 12 septembre. 

 

 

 

 

 

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