Oroonoko, texte et mise en scène d’Aline César d’après Oroonoko d’Aphra Behn

Oroonoko, texte et mise en scène d’Aline César d’après Oroonoko or The Royal Slave. A True History d’Aphra Behn (à partir de huit ans)

Aphra Behn (1640-1689) est une dramaturge professionnelle anglaise qui a écrit une dizaine de pièces : The Forced Marriage, The Amorous Prince ,The Dutch Lover, Abdelaze, The Town Fop… Mais elle est aussi l’auteure de romans comme Oroonoko Vers 1660, elle pourrait avoir voyagé jusqu’au Surinam où vivait une colonie anglaise et où était cultivée la canne à sucre,  ce qui lui aurait inspiré son célèbre roman. Mais elle fut aussi sans doute une espionne envoyée à Anvers par Charles II.

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En 1670 sa première pièce de théâtre The Forced Marriage fut créée à Londres. Dès lors, elle gagna sa vie en écrivant des pièces de théâtre puis des romans, poèmes et de pamphlets. «Elle fut la première femme anglaise, dit Virginia Woolf, à vivre de sa plume et  mérite la reconnaissance de toutes celles qui sont venues après elle. » En 1688, un an avant sa mort, elle écrit son célèbre roman Ooronoko. Elle traduit aussi et fait publier le livre de Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), une vulgarisation de l’astronomie. Une intellectuelle de haut rang encore très admirée en Angleterre mais inconnue ou presque en France…

Aline César a eu l’idée d’adapter pour la scène Oroonoko, l’histoire d’un jeune prince africain, trahi et vendu comme esclave au Surinam alors appelée Guyane néerlandaise depuis sa colonisation au XVII ème siècle jusqu’à son indépendance en 1975, limitrophe avec le Brésil et la Guyane française. Un pays producteur de sucre, café, chocolat et coton destinés à l’Europe «grâce» à l’esclavage aboli en 1863. Aphra Behn, cette jeune écrivaine éprise de liberté et de justice se liera d’amitié avec un prince esclave. Vingt-cinq ans après, Aphra revient sur cette histoire qu’elle a vécue, quand elle avait une vingtaine d’années. Son père est mort pendant le voyage qui l’amena à séjourner là-bas sept mois,  ce qui va changer sa vie. Là-bas vit une petite de colons anglais dans le climat tropical très dur de la jungle amazonienne. Où arrive peu de temps après l’esclave Oroonoko, que tous les autres esclaves dans la plantation considèrent comme leur roi. Il lui racontera son histoire: prince de Cormantine, l’actuel Ghana, il est petit-fils du roi, mais sera trahi par son grand-père, un centenaire qui ne veut pas quitter sa couronne et qui lui prend sa fiancée, Imoinda, pour finalement la vendre comme esclave. Quelques mois plus tard, il est fait prisonnier par un capitaine négrier… Aline César met ici cette histoire en scène avec quatre comédiens accompagnés d’un musicien. Aphra Behn dans cette adaptation est à la fois narratrice et protagoniste. Il y a d’abord un chœur d’esclaves qui évoquent la longue traversée dans la cale du bateau puis un long récit/dialogue.

Et cela donne quoi ? Pas quelque chose de très inspirant malgré des thèmes aussi forts que l’exil, l’esclavage épouvantable, la révolte contre l’injustice, la confrontation à une autre culture.  Direction d’acteurs et dramaturgie médiocres: «L’ écriture, dit Aline César, est le moteur premier de ma démarche: c’est par l’écriture que je vais à la rencontre de l’œuvre et de la vie d’Aphra Behn. » ( sic !!!! ). On veut bien mais les dialogues comme la mise en scène sont tout à fait approximatifs, à la limite de l’amateurisme… Bref, ces quelque soixante minutes n’en finissent pas… Mais, comme nous avons été bien sages, nous avons eu droit, à la toute fin, à quelques assez belles images filmées là-bas mais que rien ne justifie. Soit une pirogue sur le fleuve longeant une côte plantée de palmiers…

© Nicole Miquel

© Nicole Miquel

Il y a heureusement Dramane Demble, un excellent musicien africain avec de merveilleux airs de flûte qui accompagne le récit  avec ses flûtes peules, n’goni, tâma, sanza et des samples enregistrés en studio : claviers de Yoann Le Dantec et guitares électriques de Yan Péchi.

Mais on l’aura compromis cette adaptation d’Ooronoko  ne vaut pas le détour, même si Aline César se jette des fleurs sans état d’âme: “Le spectacle est un grand poème théâtral, épique et musical. Les moments racontés alternent avec les moments incarnés et dialogués : le récit se construit à vue. Il est porté par des acteurs-narrateurs qui sont des porteurs (sic) de l’histoire et des personnages.” La chose a été subventionnée par entre autres par la D.A.C. de Guyane, le FEAC-Ministère de l’Outre-Mer, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, la Région Ile-de-France, Collectivité Territoriale de Guyane, la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, le Théâtre de Macouria-Scène conventionnée de Guyane! Et tant pis pour cette classe de quelque jeunes vingt-cinq « primo-arrivants» de cinquième et troisième du collège Travail de Bagnolet auxquels cette représentation était destinée. Ils ont obéi à l’interdiction de ne pas ouvrir leur portable mais applaudi mollement et on les comprend…

Philippe du Vignal

Représentation réservée à des élèves du collège Travail Langevin de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et vue le 30 mars à l’Echangeur, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis.

Sous réserves : le 11  avril,  Maison du Peuple, Pierrefitte-sur-Seine et le 7 mai, à Sevran.

Et à Saint-Laurent du Maroni, Camp de la Transportation,  du 2 au 7 novembre. Théâtre de Macouria-Scène conventionnée de Guyane, du 2 au 4 décembre.

 


Archive pour 12 avril, 2021

Oroonoko, texte et mise en scène d’Aline César d’après Oroonoko d’Aphra Behn

Oroonoko, texte et mise en scène d’Aline César d’après Oroonoko or The Royal Slave. A True History d’Aphra Behn (à partir de huit ans)

Aphra Behn (1640-1689) est une dramaturge professionnelle anglaise qui a écrit une dizaine de pièces : The Forced Marriage, The Amorous Prince ,The Dutch Lover, Abdelaze, The Town Fop… Mais elle est aussi l’auteure de romans comme Oroonoko Vers 1660, elle pourrait avoir voyagé jusqu’au Surinam où vivait une colonie anglaise et où était cultivée la canne à sucre,  ce qui lui aurait inspiré son célèbre roman. Mais elle fut aussi sans doute une espionne envoyée à Anvers par Charles II.

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En 1670 sa première pièce de théâtre The Forced Marriage fut créée à Londres. Dès lors, elle gagna sa vie en écrivant des pièces de théâtre puis des romans, poèmes et de pamphlets. «Elle fut la première femme anglaise, dit Virginia Woolf, à vivre de sa plume et  mérite la reconnaissance de toutes celles qui sont venues après elle. » En 1688, un an avant sa mort, elle écrit son célèbre roman Ooronoko. Elle traduit aussi et fait publier le livre de Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), une vulgarisation de l’astronomie. Une intellectuelle de haut rang encore très admirée en Angleterre mais inconnue ou presque en France…

Aline César a eu l’idée d’adapter pour la scène Oroonoko, l’histoire d’un jeune prince africain, trahi et vendu comme esclave au Surinam alors appelée Guyane néerlandaise depuis sa colonisation au XVII ème siècle jusqu’à son indépendance en 1975, limitrophe avec le Brésil et la Guyane française. Un pays producteur de sucre, café, chocolat et coton destinés à l’Europe «grâce» à l’esclavage aboli en 1863. Aphra Behn, cette jeune écrivaine éprise de liberté et de justice se liera d’amitié avec un prince esclave. Vingt-cinq ans après, Aphra revient sur cette histoire qu’elle a vécue, quand elle avait une vingtaine d’années. Son père est mort pendant le voyage qui l’amena à séjourner là-bas sept mois,  ce qui va changer sa vie. Là-bas vit une petite de colons anglais dans le climat tropical très dur de la jungle amazonienne. Où arrive peu de temps après l’esclave Oroonoko, que tous les autres esclaves dans la plantation considèrent comme leur roi. Il lui racontera son histoire: prince de Cormantine, l’actuel Ghana, il est petit-fils du roi, mais sera trahi par son grand-père, un centenaire qui ne veut pas quitter sa couronne et qui lui prend sa fiancée, Imoinda, pour finalement la vendre comme esclave. Quelques mois plus tard, il est fait prisonnier par un capitaine négrier… Aline César met ici cette histoire en scène avec quatre comédiens accompagnés d’un musicien. Aphra Behn dans cette adaptation est à la fois narratrice et protagoniste. Il y a d’abord un chœur d’esclaves qui évoquent la longue traversée dans la cale du bateau puis un long récit/dialogue.

Et cela donne quoi ? Pas quelque chose de très inspirant malgré des thèmes aussi forts que l’exil, l’esclavage épouvantable, la révolte contre l’injustice, la confrontation à une autre culture.  Direction d’acteurs et dramaturgie médiocres: «L’ écriture, dit Aline César, est le moteur premier de ma démarche: c’est par l’écriture que je vais à la rencontre de l’œuvre et de la vie d’Aphra Behn. » ( sic !!!! ). On veut bien mais les dialogues comme la mise en scène sont tout à fait approximatifs, à la limite de l’amateurisme… Bref, ces quelque soixante minutes n’en finissent pas… Mais, comme nous avons été bien sages, nous avons eu droit, à la toute fin, à quelques assez belles images filmées là-bas mais que rien ne justifie. Soit une pirogue sur le fleuve longeant une côte plantée de palmiers…

© Nicole Miquel

© Nicole Miquel

Il y a heureusement Dramane Demble, un excellent musicien africain avec de merveilleux airs de flûte qui accompagne le récit  avec ses flûtes peules, n’goni, tâma, sanza et des samples enregistrés en studio : claviers de Yoann Le Dantec et guitares électriques de Yan Péchi.

Mais on l’aura compromis cette adaptation d’Ooronoko  ne vaut pas le détour, même si Aline César se jette des fleurs sans état d’âme: “Le spectacle est un grand poème théâtral, épique et musical. Les moments racontés alternent avec les moments incarnés et dialogués : le récit se construit à vue. Il est porté par des acteurs-narrateurs qui sont des porteurs (sic) de l’histoire et des personnages.” La chose a été subventionnée par entre autres par la D.A.C. de Guyane, le FEAC-Ministère de l’Outre-Mer, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, la Région Ile-de-France, Collectivité Territoriale de Guyane, la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, le Théâtre de Macouria-Scène conventionnée de Guyane! Et tant pis pour cette classe de quelque jeunes vingt-cinq « primo-arrivants» de cinquième et troisième du collège Travail de Bagnolet auxquels cette représentation était destinée. Ils ont obéi à l’interdiction de ne pas ouvrir leur portable mais applaudi mollement et on les comprend…

Philippe du Vignal

Représentation réservée à des élèves du collège Travail Langevin de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et vue le 30 mars à l’Echangeur, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis.

Sous réserves : le 11  avril,  Maison du Peuple, Pierrefitte-sur-Seine et le 7 mai, à Sevran.

Et à Saint-Laurent du Maroni, Camp de la Transportation,  du 2 au 7 novembre. Théâtre de Macouria-Scène conventionnée de Guyane, du 2 au 4 décembre.

 

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