Livres et revues

 

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Romance de Catherine Benhamou

Ce monologue qui a obtenu le Grand Prix de Littérature dramatique 2020, a pour thème l’histoire  de Jasmine, seize ans, qui vit dans une cité  au Sud de la France. Elle a des difficultés au collège et sans doute pas bien dans sa peau d’adolescente, rêve de quitter cette cité pour échapper à l’anonymat et à la vie terne et sans espoir qui l’attend.

Comme ses amis, elle se réfugie souvent dans Internet et rencontre virtuellement un jeune homme de son âge qui habite dans le Nord…  Bien entendu, l’Amour va vite s’en mêler mais il est fiché S et va un jour venir la voir dans le Sud. Mais le rêve de Jasmine n’est pas à la hauteur et ils feront l’amour dans un lieu sordide. Adieu le romantisme. Et elle est lucide : «Je suis sa femme et personne ne voudrait de moi… » Le jeune radicalisé prépare un attentat contre la Tour Eiffel. Heureusement, grâce à Imène, sa meilleure amie, Jasmine, échappera au sort qui l’attendait.

©x

©x Catherine Benhamou

Ce texte bien écrit à l’écriture fluide et ciselée avec parfois de belles envolées poétiques, devrait intéresser plus d’une jeune actrice. L’autrice connait visiblement bien les jeunes de l’âge de Jasmine mais le texte n’est jamais racoleur. Reste à le mettre en scène pour qu’en une heure à peine, la langue de Catherine Benhamou garde toute sa force… C’est toute la difficulté avec un monologue… Un de plus, dira-t-on: une vieille  et persistante maladie du théâtre contemporain… Sans doute est-ce la faiblesse de Romance mais aussi ce qui fait sa force, indéniable. A suivre.

Philippe du Vignal

Le texte est publié aux Édition Koïnè. 10 €.

 

La Danse, le désordre et l’harmonie de Dominique Delouche 

©x

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Assistant de Federico Fellini, de 1955 à 1960  pour Il Bidone, Les Nuits de Cabiria et La Dolce  Vita, il réalisa Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, L’Homme de Désir et Divine avec Danielle Darrieux en 1975. Il se consacra aussi à des films sur la danse classique avec, pour seule envie: saisir délicatement ce moment mystérieux de la transmission, ce passage des ondes de temps d’un corps à l’autre, d’un âge à l’autre.

 Nourri d’études aux Beaux-Arts et d’une formation musicale (piano et chant classique), il commença à filmer les rapports entre les danseurs;  et la conjonction des couleurs et des sons qu’il avait pu acquérir, lui permit de trouver de nouveaux angles de vue.  Il passa de l’abondance des corps chez Federico Fellini, au dépouillement de l’image. Dans toute son œuvre, les lignes de ces corps vibrent. La caméra mentale supposant une épure constante, un exercice spirituel.

©x

 Yvette Chauviré et Sylvie Guillem © X

Et à partir de 1959, Dominique Delouche filma les plus grands ballets du XX ème  siècle. Notamment Le Spectre de la danse (1959) avec Serge Lifar, Nina Vyroubova, et toujours avec elle, le magnifique Adage (1963) sur un texte d’Henri Heine dit par Laurent Terzieff où Dominique Delouche accentue les suspensions. Une Etoile pour l’exemple (1988) avec Yvette Chauviré et Sylvie Guillem a été présenté en avant-première au festival de Cannes, avec Yvette Chauviré, Patrick Bensard et Nicolas Villodre de la Cinémathèque de la danse. Mais aussi Violette et Mr B (2001) où le corps de Violette Verdy est mis en valeur. Dominique Delouche aussi parle «d’un mystérieux clair de lune» à propos de Nina Vyroubova. «C’est avec  elle, que j’ai eu la collaboration la plus durable.» Les Cahiers retrouvés de Nina Vyroubova  (1995) exprime  la vieillesse émouvante d’un corps de danseuse …  Il réussit à embellir ce qui est déjà beau et aime réunir à l’écran des interprètes qui n’ont pas le même âge: le cinéma rend possible la simultanéité des époques. « Cette chaîne, dit-il, c’est le sujet de tous mes films. »

 Et dans ce livre, il ne se limite pas à l’histoire d’une fabrication d’images mais  rapproche cinéma et portrait. A chaque chapitre, il convoque ainsi un artiste et devient alors dessinateur : Serge Lifar, Yvette Chauviré, Nina Vyroubova… Il y a aussi une très belle évocation de George Balanchine où Dominique Delouche  parle de ses répétitions des figures géométriques mais  il en souligne toutes les facettes avec  «un léger courant d’émotion». Comme pour celui de Jerome Robbins, Maurice Béjart, Sylvie Guillem…

Les chorégraphies de Balanchine procurent à Delouche des perceptions d’intervalles entre les mots, les pas et les images. Il associe combinatoire des figures et scintillance. Sa manière de filmer incorpore cette lumière sous forme de cristaux liquides comme ceux des figures géométriques chez George Balanchine. L’épure du  travail filmique renvoie ici à une concision de l’écriture: Dominique Delouche ne développe pas mais va à l’essentiel par touches brèves. Il prolonge ainsi la phrase de Balanchine en l’appliquant au langage : «Il n’y a pas de pas nouveaux… Ce qui compte, c’est ce qu’il y a entre. » Et apparaissent des visages et des gestes entre les mots. A la fin du livre, une émotion et une autre manière de transmettre se font jour. L’âge venant mais sans mélancolie, un homme s’abandonne comme dans un geste pur et ce faisant, donne aussi…

Un certain nombre des interprètes que l’on voit dans ces films ont été reçus à la Cinémathèque de la danse comme Serge Lifar, Yvette Chauviré, Nina Vyroubova, Violette Verdy, Pina Bausch, Sylvie Guillem, Francine Lancelot… Ou ils apparurent sur la grande scène de l’Opéra de Paris entre autres: Maurice Béjart, Roland Petit, Yvette Chauviré où un dimanche par mois, la Cinémathèque de danse présentait des films.

Bernard Rémy

Editions Orizons.  25 rue des Ecoles, 75005 Paris. T. :  01 78 11 88 20

 


Archive pour 3 mai, 2021

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Romance de Catherine Benhamou

Ce monologue qui a obtenu le Grand Prix de Littérature dramatique 2020, a pour thème l’histoire  de Jasmine, seize ans, qui vit dans une cité  au Sud de la France. Elle a des difficultés au collège et sans doute pas bien dans sa peau d’adolescente, rêve de quitter cette cité pour échapper à l’anonymat et à la vie terne et sans espoir qui l’attend.

Comme ses amis, elle se réfugie souvent dans Internet et rencontre virtuellement un jeune homme de son âge qui habite dans le Nord…  Bien entendu, l’Amour va vite s’en mêler mais il est fiché S et va un jour venir la voir dans le Sud. Mais le rêve de Jasmine n’est pas à la hauteur et ils feront l’amour dans un lieu sordide. Adieu le romantisme. Et elle est lucide : «Je suis sa femme et personne ne voudrait de moi… » Le jeune radicalisé prépare un attentat contre la Tour Eiffel. Heureusement, grâce à Imène, sa meilleure amie, Jasmine, échappera au sort qui l’attendait.

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©x Catherine Benhamou

Ce texte bien écrit à l’écriture fluide et ciselée avec parfois de belles envolées poétiques, devrait intéresser plus d’une jeune actrice. L’autrice connait visiblement bien les jeunes de l’âge de Jasmine mais le texte n’est jamais racoleur. Reste à le mettre en scène pour qu’en une heure à peine, la langue de Catherine Benhamou garde toute sa force… C’est toute la difficulté avec un monologue… Un de plus, dira-t-on: une vieille  et persistante maladie du théâtre contemporain… Sans doute est-ce la faiblesse de Romance mais aussi ce qui fait sa force, indéniable. A suivre.

Philippe du Vignal

Le texte est publié aux Édition Koïnè. 10 €.

 

La Danse, le désordre et l’harmonie de Dominique Delouche 

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Assistant de Federico Fellini, de 1955 à 1960  pour Il Bidone, Les Nuits de Cabiria et La Dolce  Vita, il réalisa Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, L’Homme de Désir et Divine avec Danielle Darrieux en 1975. Il se consacra aussi à des films sur la danse classique avec, pour seule envie: saisir délicatement ce moment mystérieux de la transmission, ce passage des ondes de temps d’un corps à l’autre, d’un âge à l’autre.

 Nourri d’études aux Beaux-Arts et d’une formation musicale (piano et chant classique), il commença à filmer les rapports entre les danseurs;  et la conjonction des couleurs et des sons qu’il avait pu acquérir, lui permit de trouver de nouveaux angles de vue.  Il passa de l’abondance des corps chez Federico Fellini, au dépouillement de l’image. Dans toute son œuvre, les lignes de ces corps vibrent. La caméra mentale supposant une épure constante, un exercice spirituel.

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 Yvette Chauviré et Sylvie Guillem © X

Et à partir de 1959, Dominique Delouche filma les plus grands ballets du XX ème  siècle. Notamment Le Spectre de la danse (1959) avec Serge Lifar, Nina Vyroubova, et toujours avec elle, le magnifique Adage (1963) sur un texte d’Henri Heine dit par Laurent Terzieff où Dominique Delouche accentue les suspensions. Une Etoile pour l’exemple (1988) avec Yvette Chauviré et Sylvie Guillem a été présenté en avant-première au festival de Cannes, avec Yvette Chauviré, Patrick Bensard et Nicolas Villodre de la Cinémathèque de la danse. Mais aussi Violette et Mr B (2001) où le corps de Violette Verdy est mis en valeur. Dominique Delouche aussi parle «d’un mystérieux clair de lune» à propos de Nina Vyroubova. «C’est avec  elle, que j’ai eu la collaboration la plus durable.» Les Cahiers retrouvés de Nina Vyroubova  (1995) exprime  la vieillesse émouvante d’un corps de danseuse …  Il réussit à embellir ce qui est déjà beau et aime réunir à l’écran des interprètes qui n’ont pas le même âge: le cinéma rend possible la simultanéité des époques. « Cette chaîne, dit-il, c’est le sujet de tous mes films. »

 Et dans ce livre, il ne se limite pas à l’histoire d’une fabrication d’images mais  rapproche cinéma et portrait. A chaque chapitre, il convoque ainsi un artiste et devient alors dessinateur : Serge Lifar, Yvette Chauviré, Nina Vyroubova… Il y a aussi une très belle évocation de George Balanchine où Dominique Delouche  parle de ses répétitions des figures géométriques mais  il en souligne toutes les facettes avec  «un léger courant d’émotion». Comme pour celui de Jerome Robbins, Maurice Béjart, Sylvie Guillem…

Les chorégraphies de Balanchine procurent à Delouche des perceptions d’intervalles entre les mots, les pas et les images. Il associe combinatoire des figures et scintillance. Sa manière de filmer incorpore cette lumière sous forme de cristaux liquides comme ceux des figures géométriques chez George Balanchine. L’épure du  travail filmique renvoie ici à une concision de l’écriture: Dominique Delouche ne développe pas mais va à l’essentiel par touches brèves. Il prolonge ainsi la phrase de Balanchine en l’appliquant au langage : «Il n’y a pas de pas nouveaux… Ce qui compte, c’est ce qu’il y a entre. » Et apparaissent des visages et des gestes entre les mots. A la fin du livre, une émotion et une autre manière de transmettre se font jour. L’âge venant mais sans mélancolie, un homme s’abandonne comme dans un geste pur et ce faisant, donne aussi…

Un certain nombre des interprètes que l’on voit dans ces films ont été reçus à la Cinémathèque de la danse comme Serge Lifar, Yvette Chauviré, Nina Vyroubova, Violette Verdy, Pina Bausch, Sylvie Guillem, Francine Lancelot… Ou ils apparurent sur la grande scène de l’Opéra de Paris entre autres: Maurice Béjart, Roland Petit, Yvette Chauviré où un dimanche par mois, la Cinémathèque de danse présentait des films.

Bernard Rémy

Editions Orizons.  25 rue des Ecoles, 75005 Paris. T. :  01 78 11 88 20

 

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