Adieu Hermine Karagheuz

 

Adieu Hermine Karagheuz

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 Née à Paris en 1940, cette actrice, écrivaine et photographe française d’origine arménienne est partie en douce. Plus qu’une artiste, c’était la poésie même et l’enfance jusqu’au bout. Nous nous souvenons: drapée dans une cape, elle vendait ses dessins aux terrasses des cafés à Saint-Germain-des-Prés vers les années soixante-dix. Petite et frêle mais libre et exigeante comme l’air du temps, a elle avait l’âge de l’Arménie mais était d’une intraitable jeunesse.

Elle avait été  la compagne du grand danseur Jean Babilée et du metteur en scène Roger Blin, le créateur d’En attendant Godot, le frère d’âme d’Antonin Artaud, Jean Genet et Samuel Beckett, au sommet du théâtre le plus troublant et le plus exigeant. Hermine Karagheuz était à cette hauteur. Patrice Chéreau l’avait choisie pour jouer en 1973 avec Laurence Bourdil, l’une des sauvageonnes, pour sa mise en scène-culte de La Dispute de Marivaux. Toujours un théâtre extrême, jusqu’à la cruauté.

Adieu Hermine Karagheuz  dans actualites
GUNS le 25 mai à 19h au Cinéma l’Archipel
Pour célébrer la restauration et la sortie du DVD de l’intégrale de Robert Kramer chez Re:Voir, le Cinéma l’Archipel projette exceptionnellement le nébuleux GUNS (1980) avec la non moins mystérieuse et trop rare Hermine Karagheuz, qui nous a récemment quittés.
« Il y avait deux lignes de réalité distinctes dans Guns. L’une concernait le vaste monde. Tony (Patrick Bauchau), le journaliste, parle à un moment “d’une histoire sans queue ni tête”. Il n’y a plus de moyen de pénétrer ce grand monde. L’autre ligne de réalité est notre expérience directe et personnelle, c’est-à-dire ici Margot (Juliet Berto) qui décide d’accompagner sa mère vers la mort, et tout ce qui va avec ce choix. J’abordais le déclin d’une manière de parler des choses. »
Robert KramerFilm restauré en 4K par Re:Voir avec le soutien du CNC

 Nous ne déroulerons pas sa riche carrière au théâtre comme au cinéma…, notamment avec Jacques Rivette mais nous garderons d’elle le souvenir d’une femme qui ne changeait pas: elle repartait toujours du principe des choses, à neuf, en les prenant également à cœur. Le cœur signifiant ici le don de toutes ses forces, l’intelligence, l’appétit de tout embrasser, l’obstination à faire vivre les causes où elle s’engageait comme l’Arménie, la poésie dont plus  récemment les œuvres de René Daumal et Lydie Dattas dont elle fit des lectures à la MC 93 de Bobigny. Elle avait ses amitiés absolues: Michèle Meunier, Antoine Mouton, Marcel Bozonnet… Ses grands yeux clairs nous regardent encore, avec toute leur exigence, leur confiance mais aussi leur malice et leur gravité.

Christine Friedel

Roger Blin, une dette d’amour d’Hermine Karagheuz, éditions Séguier-Archimbaud (2002).  Nouvelle édition chez Ypsilon, avec une post-face de Valère Novarina.  En librairie le 4 juin prochain.
A lire: l’article d’Anne Diatkine dans Libération du 6 mai. Et celui du Journal d’Armelle Héliot.

 


Archive pour 7 mai, 2021

Adieu Hermine Karagheuz

 

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 Née à Paris en 1940, cette actrice, écrivaine et photographe française d’origine arménienne est partie en douce. Plus qu’une artiste, c’était la poésie même et l’enfance jusqu’au bout. Nous nous souvenons: drapée dans une cape, elle vendait ses dessins aux terrasses des cafés à Saint-Germain-des-Prés vers les années soixante-dix. Petite et frêle mais libre et exigeante comme l’air du temps, a elle avait l’âge de l’Arménie mais était d’une intraitable jeunesse.

Elle avait été  la compagne du grand danseur Jean Babilée et du metteur en scène Roger Blin, le créateur d’En attendant Godot, le frère d’âme d’Antonin Artaud, Jean Genet et Samuel Beckett, au sommet du théâtre le plus troublant et le plus exigeant. Hermine Karagheuz était à cette hauteur. Patrice Chéreau l’avait choisie pour jouer en 1973 avec Laurence Bourdil, l’une des sauvageonnes, pour sa mise en scène-culte de La Dispute de Marivaux. Toujours un théâtre extrême, jusqu’à la cruauté.

Adieu Hermine Karagheuz  dans actualites
GUNS le 25 mai à 19h au Cinéma l’Archipel
Pour célébrer la restauration et la sortie du DVD de l’intégrale de Robert Kramer chez Re:Voir, le Cinéma l’Archipel projette exceptionnellement le nébuleux GUNS (1980) avec la non moins mystérieuse et trop rare Hermine Karagheuz, qui nous a récemment quittés.
« Il y avait deux lignes de réalité distinctes dans Guns. L’une concernait le vaste monde. Tony (Patrick Bauchau), le journaliste, parle à un moment “d’une histoire sans queue ni tête”. Il n’y a plus de moyen de pénétrer ce grand monde. L’autre ligne de réalité est notre expérience directe et personnelle, c’est-à-dire ici Margot (Juliet Berto) qui décide d’accompagner sa mère vers la mort, et tout ce qui va avec ce choix. J’abordais le déclin d’une manière de parler des choses. »
Robert KramerFilm restauré en 4K par Re:Voir avec le soutien du CNC

 Nous ne déroulerons pas sa riche carrière au théâtre comme au cinéma…, notamment avec Jacques Rivette mais nous garderons d’elle le souvenir d’une femme qui ne changeait pas: elle repartait toujours du principe des choses, à neuf, en les prenant également à cœur. Le cœur signifiant ici le don de toutes ses forces, l’intelligence, l’appétit de tout embrasser, l’obstination à faire vivre les causes où elle s’engageait comme l’Arménie, la poésie dont plus  récemment les œuvres de René Daumal et Lydie Dattas dont elle fit des lectures à la MC 93 de Bobigny. Elle avait ses amitiés absolues: Michèle Meunier, Antoine Mouton, Marcel Bozonnet… Ses grands yeux clairs nous regardent encore, avec toute leur exigence, leur confiance mais aussi leur malice et leur gravité.

Christine Friedel

Roger Blin, une dette d’amour d’Hermine Karagheuz, éditions Séguier-Archimbaud (2002).  Nouvelle édition chez Ypsilon, avec une post-face de Valère Novarina.  En librairie le 4 juin prochain.
A lire: l’article d’Anne Diatkine dans Libération du 6 mai. Et celui du Journal d’Armelle Héliot.

 

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