June Events 2021R-A-U-X-A, chorégraphie et interprétation d’Aina Alegre

 

June Events 2021

 Ce festival fête sa quinzième édition dans un contexte bien particulier. L’Atelier de Paris avait imaginé un programme réunissant près de trente chorégraphes, cent  interprètes et cinq lieux de diffusion. Suite à  la pandémie et aux dernières annonces gouvernementales, la première partie du 6 au 8 mai, a été ouverte aux seuls professionnels. Mais du 19 mai au 5 juin, le public pourra découvrir huit spectacles, au lieu des vingt-cinq prévus ! Avec une jauge limitée et un seul spectacle par soirée.

rauxa 2

© Jan Fedinger

R-A-U-X-A, chorégraphie et interprétation d’Aina Alegre

 Dans l’obscurité, sur un bruit de fond continu, chocs et martèlements de pas plus pressants et, ça et là, quelques flashs de lumière. Puis, le silence revenu, la danseuse apparaît, grande et svelte mais puissante. Elle frappe le sol des pieds, des coudes, des poings : des sons amplifiés par la musique électroacoustique modulaire jouée sur le plateau. Le compositeur Josep Tutusaus accompagne la danse en mêlant sons directs et enregistrés. «Nous désirons partir d’un vocabulaire commun et explorer une relation d’interdépendance entre le mouvement, le son produit par le corps et celui des machines,  dit la chorégraphe. »

L’espace vibre de pulsations et d’échos et nous propulse dans des paysages sonores sous les éclairages contrastés de Jan Fedinger. La danse s’inscrit dans un pentagone tracé au sol et imposant des limites à cette chorégraphie mouvante, fondée sur des gestuelles composites. S’y croisent des grammaires variées: répertoire contemporain, danses rituelles, hip-hop, en une série de mouvements répétitifs où le corps devient lui-même un instrument de percussion. Parfois sautillante, parfois rampant au sol comme un gros insecte, Aina Alegre, interprète hors pair, joue aussi avec les lumières, jusqu’à disparaître, à la fin du spectacle dans un brouillard jaune qui a envahi le plateau.

Depuis 2012, la danseuse, formée à Barcelone puis engagée en 2007 au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers produit ses spectacles. Partant souvent de recherches sur des danses populaires liées au : « marteler frapper ».  Ici, elle observe comment le corps résonne avec le sol et l’espace. Dans cette belle performance physique et sensuelle, maintenue sous le boisseau depuis sa création en 2020, l’envie de danser encore et encore la conduit à quelques débordements bien pardonnables...

 

Mireille Davidovici

 

R-A-U-X-A. vu le 8 mai à l’Atelier de Paris Cartoucherie, Route du Champ de manoeuvre, Vincennes. Métro: Château de Vincennes et navette gratuite.  T. 01 417 417 07 · info@atelierdeparis.orgJune Events continue du 19 mai au 5 juin.

Et le 25 août, Les Brigittines, Bruxelles (Belgique). Le 28 septembre: Festival Artdanthé, Théâtre de Vanves (Hauts-de-Seine) et les 26 et 27 février 2022 : Mercat de les Flors, Barcelone (Espagne).

 

 


Archive pour 13 mai, 2021

Entretien avec Lisa Menna

Entretien avec Lisa Menna

-Comment cela se passe pour une petite fille quand on passe son enfance au Texas?

©x

©x

-J’ai grandi à Humble et pour mon cinquième anniversaire, j’ai assisté au spectacle d’un magicien nommé Steve Bender (alias Ickle Pickle). Puis j’ai reçu ma première boîte de magie pour Noël. J’ai commencé à onze ans sous le nom de Lisa Lollipop le clown, avec une prestation rémunérée 8 $. J’étais LA magicienne de la ville qu’on embauchait pour l’anniversaire des enfants. A cette époque, Il était illégal de travailler au Texas avant l’âge de quinze ans et je pensais que personne ne remarquerait mon âge, si j’étais maquillée en clown.

Après avoir donné six mille représentations, j’ai vu Charles Greene III se produire de près et je me suis alors sérieusement mise à la prestidigitation en prenant des cours avec lui. En 1982, avant d’entrer à l’Université, j’ai participé à un concours de close-up au Desert Magic Seminar à Las Vegas et j’ai eu la chance de jouer ma routine Pac-Mania (balles éponge) avec Muhammad Ali comme partenaire improvisé, qui était assis au premier rang. Dans la salle, il y avait Marlo, Vernon, Copperfield, Slydini, Blackstone, Siegfried & Roy !

À dix-huit ans, j’avais déjà fait deux mille représentations à l’échelle nationale et internationale! La magie m’a aidé à payer mes études et j’ai obtenu une licence en sciences et psychologie à la Southern Methodist University en 1986.

 -Comment avez-vous appris au juste?

-Charles Greene III a été mon premier professeur de magie. Avant lui, j’avais appris seule avec des livres de Bill Severin et Henry Hay empruntés à la bibliothèque municipale. Je ne connaissais pas d’autres magiciens lors de mes cinq premières années de représentation. Mais tout le monde m’a aidé, notamment Paul Gertner. Il n’y avait pas vraiment de femmes talentueuses en magie dans les années 80, à part June Horowitz, Diana Zimmerman et Tina Lenert. Ils étaient tous si gentils… jusqu’au moment où j’ai eu beaucoup de succès ! Certains se sont un peu énervés… mais jamais devant moi. Je me suis alors rendu compte que les magiciens n’étaient pas si sympas avec les autres. Il y a de la compétition et de la mesquinerie dans le milieu… Je n’avais jamais vécu cela.

J’ai essayé de m’inscrire au Tannen’s Magic Camp mais on m’a dit qu’ils n’accueillaient pas les filles et ma demande a été rejetée. Leur message n’était pas : « Pas de filles autorisées » mais plutôt : « Nous n’avons jamais eu de fille et nous n’avons pas les infrastructures adéquates.» J’ai conscience que j’ai eu beaucoup d’ opportunités parce qu’il n’y avait pas d’autre femme dans la corporation. Mais dans le monde réel, personne n’en avait idée. Le grand public n’avait vu que deux magiciens dans leur vie et c’étaient des hommes. J’ai fait des spectacles pour enfants pendant sept ans, sept ans comme magicienne de close-up et sept ans de stand-up pour des salons professionnels…

La magie fonctionne bien pour les entreprises, parce qu’elle est différente de la chanson, de la danse ou de la comédie. Son mystère fait ressortir le meilleur des gens. Elle a aussi le pouvoir de fédérer tout le monde dans  un groupe. En raison de sa curiosité, la magie attire l’attention et je m’en sers  pour alimenter ma démonstration avec un message sur l’entreprise pour laquelle je travaille. »

 J’ai aussi fait sept ans de magie de scène (3):j’ai beaucoup travaillé à l’international, dans quelque quarante pays: Japon, Colombie, Italie, Thaïlande, Espagne… en présentant mes spectacles en quatre langues. Maintenant, cela fait une décennie que je me suis engagée pour le changement social dans la rue. Je suis une militante de l’association Cause to Wonder4 où l’on donne des représentations théâtrales.

©x

©x

 

Johnny Fox était mon mentor et son style m’a influencé… Ricky Jay m’a aussi conseillé quand j’ai voulu monter un spectacle théâtral. Il a dit que la chose qui a changé sa vie fut le jour où les gens ont acheté un billet pour venir le voir sur scène. « Si tu es à une fête et qu’il y a de la magie, c’est génial. Mais si tu achètes un billet, si tu prends une douche, te laves les cheveux et te prépares pour aller au théâtre, c’est beaucoup de temps et d’énergie pour aller passer un bon moment. C’est complètement différent. »

J’aime seulement la magie qui utilise du matériel original et qui ne fait pas des femmes, des accompagnatrices. Difficile de rester ludique à l’âge adulte. La plupart des gens oublient comment jouer. La curiosité mène à la découverte qui est à la base de toute créativité.

- Un conseil à des débutants?

-Si vous devez copier le style d’un autre, imitez plutôt une personne en dehors de la magie. Par exemple, faites semblant d’être lady Gaga quand vous trouverez votre style, au lieu de m’imiter. You Tube rend les choses si faciles à apprendre et les jeunes ont un temps d’avance. Mais c’est si triste quand un magicien affiche une vidéo avec le nom de l’effet et que le public sait comment la trouver sur Google ! Un conseil: ne jamais révéler le nom d’origine d’un effet. Par ailleurs, les gens aiment quand vous essayez de parler leur langue. Plus vous vous donnez du mal, plus on vous aime. La vulnérabilité gagne le public à chaque fois. Je fais du théâtre pour le changement social à travers l’O.N.G. Cause To Wonder. J’utilise la magie, entre autres, pour convaincre les garçons des tribus de ne pas battre leurs femmes.

Certains magiciens sont en désaccord avec la façon dont je présente mes tours à ce public qui les interprète comme des miracles. Et ils pensent que j’utilise la magie pour «tromper» les gens. Mais je les trompe pour leur faire croire que la violence domestique est mauvaise et c’est le principal. Je ne me présente pas comme une chamane, une sorcière ou une guérisseuse. Je les mets simplement en garde et la «superstition» de la magie fait le reste… En dehors de cela, j’aime faire quoi? Du snowboard, de la plongée sous-marine mais aussi sculpter et recycler des boîtes.

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 22 avril 2021.

 Site de Lisa Menna. https://www.menna.com/

- Cause of Wonder. http://www.causetowonder.org/

 A voir: Magical Women Lisa Menna Talk #1 https://www.youtube.com/watch?v=Vev87ybxk6A

- The cause needs you. https://www.youtube.com/watch?v=8GoFu0_MQPw&t=1s

- Ethiopia – A village intervention. https://www.youtube.com/watch?v=bDjYfU10gWc&t=7s

- « If you want good luck, do not hurt women. » https://www.youtube.com/watch?v=j_xZDywxkgs&t=33s

- Cause to Wonder in Mozambique. https://www.youtube.com/watch?v=Il0Ow3AER0Q

 1 Le tour de close-up le plus connu de Lisa Menna est son High Heel Card Stab où elle retrouve une carte signée, pliée dans sa chaussure. Une routine suggérée par Peter Studebaker. Lias Menna a aussi créé une « Carte Ambitieuse » très personnelle se terminant avec celle du spectateur plantée sur le talon de sa chaussure.

Lisa Menna a joué au New York Magic Symposium et au F.F.F.F. Elle est apparue dans l’émission Chantatachán de Juan Tamariz en 1992. Seule femme à avoir joué dans toutes les salles du Magic Castle à Los Angeles, elle a travaillé avec une troupe de cirque russe au Dîner-théâtre Cabaret Palazzo à Vienne. En raison de ses contributions originales à l’art de la magie, elle a été la première femme invitée à donner des conférences et à se produire à la FISM en 1988 à La Haye puis en 1997 à Dresde.

 (2) Dans les années 1990, Lisa Menna a obtenu une notoriété et un succès mondial comme magicienne des salons professionnels, sous le nom de Darling of Dot Com et travaillant pour des marques comme Apple, American Express ou Intel.

Elle a même reçu le prix de Première magicienne d’entreprise au monde lors d’un événement commercial international où vingt-six des meilleurs spécialistes se sont produits. Lors de ces salons, Lisa Menna arrête la circulation et crée un moyen non invasif pour informer les gens de ce que fait l’entreprise. Toutes les trois minutes, elle donne une présentation complète !

(3) Dans le spectacle théâtral Mama Menna, Lisa Menna joue la veuve italienne du grand magicien viennois J. N. Hofzinser.  Une histoire tissée de curiosités, fascinations et démonstrations qui déroutent le public. Au cours d’une séance mystique autour d’un thé, elle essaye de recréer un tour de cartes de son mari décédé, un secret convoité dont on pensait qu’il avait été enterré avec lui. Mama Menna commence à raconter son histoire à Mère Thérèse, puis à Dame Nature. Elle possède la capacité étrange de lire dans les pensées. Mais sa démence s’est installée en elle et le fantôme de son mari n’est pas loin…

(4) En 1983, lors d’un voyage avec son université, Lisa Menna, à dix-neuf ans, se retrouve à faire un spectacle de magie improvisé dans un village de pêcheurs au Sri Lanka. La foule, les yeux écarquillés était enchantée. Satisfaite d’avoir conquis les gens, Lisa regarda à travers la mer de visages et vit une jeune femme se frayer un chemin à travers la foule. Sans avertissement, la femme déposa un paquet de chiffons sales dans les bras de Lisa et tomba au sol. Elle commença à embrasser ses chevilles et Lisa ouvrit le paquet et découvrit un bébé difforme. Les yeux de ces femmes se rencontrèrent.

Lisa quitta la scène désespérée et honteuse, se promettant de trouver un jour un moyen d’utiliser la magie pour alléger la souffrance des autres. Vingt-sept ans plus tard, en 2011, elle fonda une organisation à but non lucratif  pour diffuser des informations et messages à des publics traditionnellement difficiles à atteindre. L’O.N.G. Cause to Wonder utilise la magie et la curiosité pour présenter de nouvelles idées qui aident les organisations de santé et qui défendent les droits humains.  Les programmes les plus notables ont eu lieu au Mozambique, à Antigua, en Sicile, en Éthiopie, à Tortola, dans les îles Vierges américaines et en Inde. «Des performances interculturelles, dit-elle, qui réduisent la souffrance humaine.»

« L’année 2021, dit Lisa Menna, marque le dixième anniversaire de Cause to Wonder qui se dirige vers la Grenade, dans les Antilles où notre population-cible est constituée d’hommes qui  battent leurs épouses. Cela fait partie de la normalité. La mission prévoie d’y aller à l’automne dès que les fonds seront levés et que les dangers de la pandémie seront passés … «Nous avons créé une représentation itinérante avec un spectacle de magie comique pour capter l’attention des jeunes hommes. Les tours sont des énigmes pour divertir: pas de magie noire ici. En remplaçant simplement la formule magique Abracadabra, par : aider les femmes apporte de bonnes choses ou : Si vous voulez avoir de la chance, ne frappez pas les femmes ». Nous introduisons des notions de droits des femmes et ça marche. Les jeunes hommes adorent ça. Ils parlent de l’événement à tout le monde. Ils répètent les mots. Et comme ils racontent leur expérience, cela engendre des discussions sur les droits des femmes dans les cuisines et sur les terrains de jeux. »

Pour participer à cette levée de fonds contre les violences faites aux femmes à Grenade : https://gofund.me/841e3597

(5) Vers 1990, Lisa Menna a l’idée de mouler les visages de ses collègues magiciens comme pour faire un «casting de visages». Elle commence son projet avec Williamson; suivra une centaine d’autres dont David Roth,  Richard Kaufman, Channing Pollock, Billy McComb, Karrell Fox, David Kaye, Charlie Reynolds, Jerry Andrus, Jay Marshall, Johnny Thompson, Darwin Ortiz… Au fil des ans, ce «casting de légende» est devenu pour Lisa Menna un moyen de se faire des amis dans la communauté de la magie.

 Sébastien Bazou

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...