Matthieu Malet et sa compagnie Les Mains libres
Matthieu Malet et sa compagnie Les Mains libres
Créée en 2015 pour produire et diffuser des projets alliant la magie à d’autres disciplines artistiques, cette compagnie a répondu à une commande de l’Opéra de Nantes: une performance de quinze minutes avec danse, magie et vidéo sur le thème du souvenir pour La Ville morte du compositeur autrichien Erich Wolfgang Korngold (1897-1957).
Un an plus tard, en travaillant pour Jonathan Capdevielle sur Cabaret apocalypse, Mathieu Malet a uni des univers artistiques différents et n’hésite pas à faire cohabiter Jeanne d’Arc et Spiderman pour chanter Francky Vincent, compositeur et interprète antillais. «Même si, dit-il, mon rôle dans le spectacle était relativement conventionnel. Je jouais en effet un mentaliste neurasthénique en fauteuil roulant mais ensuite j’ai commencé à ouvrir ma pratique de la magie à d’autres champs esthétiques. Et la commande de l’Opéra de Nantes m’a amené à travailler avec des chorégraphes et des vidéastes. Nous avons écrit une séquence chorégraphique où des papiers chiffonnés apparaissaient, disparaissaient et lévitaient sur une table. Jouée en public et filmée, grâce à un logiciel, elle était immédiatement projetée sur un écran en « reverse » : fin au début et vice-versa. Cette performance, jouée quinze fois, est ensuite devenue Bis un spectacle de quarante cinq minutes, avec une nouvelle équipe, Océane Chaillé (danseuse) et Yvain Legrand (vidéaste).
Puis pour Facto Fiction, un spectacle de magie et de mentalisme, je me suis entouré de comédiens pour construire la mise en scène de L’Homme qui a vu l’ours est en création mais pandémie oblige, les choses prennent plus de temps que prévu… Interviendront des magiciens mais aussi des chanteurs et circassiens. Il ne s’agit pas d’un spectacle mais plutôt d’une série d’entre-sorts sur le thème des prodiges bibliques.
Enfin pour Le Jardin Caméléon, un jardin magique, Matthieu Malet s’est associé à Loïc de Larminat, paysagiste-concepteur. « Nous sommes, dit-il, les heureux lauréats du Festival International de Chaumont-sur-Loire. Cela nous a amené à collaborer avec différents corps de métier (botaniste, serrurier, verrier, etc..). »
La magie intervient-elle dans les autres champs artistiques ou ou est-ce le contraire ? Est-elle un langage ou un propos artistique en soit? Comme le pense Matthieu Malet, il n’y a pas n’y a pas de réponse claire à et lui-même avoue changer souvent d’avis là-dessus. Et il a de plus en plus tendance à croire que l’effet magique peut être une fin en soi. «Maintenant si j’analyse mon projet de jardin, dit-il, le propos n’est pas l’illusion mais pour amener le spectateur à considérer le végétal différemment. » Et pour lui, la magie est au service des plantes et il n’ a pas de méthode préétablie. « C’est avant tout une histoire de rencontre humaine avec d’autres artistes et les choses se mettent en place naturellement… ou pas. »
Comment l’illusion est-elle perçue hors du monde des magiciens? Comme un langage, une expérience irrationnelle ou un truc que l’on aimerait connaître ? Ce sont des questions que lui-même se pose. « Pour les artistes non magiciens que je croise, la réaction est double: il y a une profonde méconnaissance de la culture magique et les clichés perdurent. Et au début d’une collaboration, je dois souvent passer par une étape pédagogique pour expliquer que la magie dite classique n’est pas ringarde et que cela fait partie de l’ADN de mes créations. Mais il y a aussi un réel engouement des artistes qui en entrevoient vite le potentiel. Leur premier réflexe: la considérer comme un outil qui va permettre à leur spectacle de s’affranchir des lois de la physique. Même si cela constitue une étape très riche en termes de création, ce n’est pas mon objectif final. Le but est plutôt de bâtir un langage commun.»
Le Jardin caméléon est actuellement visible à Chaumont-sur-Loire et quand il a visité ce festival des jardins de Chaumont avec une vingtaine de parcelles toutes closes de haies, cela lui a tout de suite fait penser aux entre-sorts de L’homme qui a vu l’ours sur lesquels il travaillait à l’époque : « J’ai alors imaginé une installation de verre et de miroir qui transforme le végétale à mesure que l’on parcourt le lieu. Le Jardin caméléon c’est quarante m2 de surface vitrée positionnée à la verticale. Cela a constitué un important défi technique. »
Pour être candidat au festival de Chaumont, le projet doit être obligatoirement porté par un architecte ou un paysagiste et, à cette occasion, Mathieu Malet a rencontré Loïc de Larminat, paysagiste-concepteur. Et leur travail a consisté à penser l’espace public et le paysage en termes d’échelle spatio-temporelle. «Dès notre première rencontre, il m’a parlé sens de lecture, point de vue, cadrage, rythmes, toutes choses que j’utilise aussi dans mon métier. Nous avons immédiatement trouvé un terrain d’entente et collaborons encore aujourd’hui sur d’autres installations grand format destinées à des espaces publics.
Sébastien Bazou
Site de Matthieu Malet. https://www.lesmainslibres.info/
-Le Jardin caméléon du festival International des Jardins 2021 https://domaine-chaumont.fr/fr/festival-international-des-jardins/edition-2021-biomimetisme-au-jardin/le-jardin-cameleon
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