La Collection de et par le collectif BPM

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© Anouk-Schneider

La Collection de et par le collectif BPM

 Passés aux oubliettes, les K7 audio, mobylette, téléphone fixe à cadran rotatif ou téléviseur à tube cathodique sont encore bien présents dans les mémoires du trio genevois Catherine Büchi, Léa Pohlhammer et Pierre Misfud. Croisant leurs souvenirs de jeunesse, ils ont voulu sauver de l’oubli ces objets quotidiens devenus obsolètes, en trente minutes chrono pour chacun. Et, tel qu’on connaît ce trio, cette Collection a de fortes chances de s’agrandir au fil du temps avec d’autres items devenus collectors. On connaissait Pierre Misfud pour son inoubliable Conférence de choses imaginée avec Pierre Gremaud de la 2b compagny (voir Le Théâtre du blog). Nous retrouvons ici son inénarrable fantaisie et celle de ses complices.

Il y a ceux eux qui n’ont pas de vélomoteur et qui vont à vélo, se sentant hors du coup tandis que d’autres trônent leur Maxi Much ou leur Ciao… Ça drague, ça court les boîtes de nuit… Les filles cancanent et pouffent quand Robert passe sur sa mobylette. Quant au pauvre cycliste, un type à moto le frôle et renverse sa glace à la pistache… Les petites choses de la vie des adolescents à l’époque. Nostalgique et drôle à la fois.

Le téléphone à cadran rotatif donne lieu à une tissage plus complexe: avec le récit d’une Colombienne (Léa Pohlhammer) échouée à la gare de Genève-Cornavin après de longues conversations téléphoniques avec un amoureux fantôme alternant avec des scènes d’effroi inspirées de Terreur sur la ligne (1979), un film de Fred Walton. Jill (Pierre Misfud), une baby-sitter, seule dans un appartement tout en vitres, est importunée par un inconnu mais quand la sonnerie terrorisante du téléphone retentit  pour la dixième fois sur le plateau, il s’agit cette fois du téléphone blanc celui de Katherine Hepburn (Catherine Büchi) qui, de son appartement luxueux, appelle Gary Grant au secours : une séquence inspirée de L’impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks (1938)…

Le trio n’a pas besoin de la présence matérielle des objets en question pour les faire exister. Ils reprennent vie grâce à leur familiarité retrouvée et leur poids sentimental. «Objets, inanimés avez-vous donc une âme/Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer?» s’interrogeait Alphonse de Lamartine dans Milly ou la terre natale. Rien n’est plus vrai ici,  avec l’humour en prime.

Nous devons la présence de La Collectionau Musée d’Orsay qui s’ouvre depuis quelque temps au spectacle.à une exposition temporaire: La Modernité suisse.  On y découvre une génération de peintres de la fin du XlX ème siècle: Cuno Amiet, Giovanni et Augusto Giacometti (le père du célèbre Alberto), Félix Vallotton, Ernest Bieler, Max Buri… encore peu connus hors de Suisse… Commande a été passée au collectif BPM pour accompagner cet accrochage. Dans cette performance qu’ils nous offrent en deuxième partie de soirée, ils s’emparent avec drôlerie des personnages de ces tableaux :  la jeune femme de La Sieste de Max Buri se plaint de la pose inconfortable que le peintre lui fait tenir et La Mare de Félix Valotton inspire à Pierre Misfud un lyrisme romantique… Mission accomplie : donner corps à ces oeuvres.

 Mireille Davidovici

Performance vue au Musée d’Orsay le 3 juin, dans le cadre de La Modernité suisse, exposition prolongée jusqu’au 25 juillet. 

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’honneur, Paris (VII ème) www.musee-orsay.fr

La Collection du 7 au 27 juillet, festival d’Avignon off, au 11, 11 boulevard Raspail. T. : 04 84 51 20 10. Un spectacle de la Sélection suisse en Avignon

En Suisse: du 23 septembre au 3 octobre, Théâtre Saint-Gervais, Genève ; les 25 et 31 octobre, Le Nebian, Bienne  ; les 2 et 3 décembre, L’Usine à gaz, Nyon ; les 17 et 18 décembre, L’ABC, La Chaux-de-Fonds

Du 9 au 11 février, festival Région(s) en Scène à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme); les 18 et 19 mars, festival des Autofictions, Yverdon-les-Bains (Suisse).

 

 

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Archive pour 5 juin, 2021

Je te pardonne (Harvey Weinstein) texte, musique et mise en scène de Pierre Notte

 

Je te pardonne (Harvey Weinstein),  texte, musique et mise en scène de Pierre Notte

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© Giovanni Cittadini Cesi

Sur ce grand plateau, autour d’un pianiste travesti en femme (Clément Walker-Viry), trois interprètes dont l’auteur et metteur en scène : «C’est le propre du cabaret, ce (repaire), refuge à catastrophes humaines. Opportuniste, intempestif et putassier», dit-il un rien provocateur comme le sont le titre et le propos de cette pièce. Marie Notte et Pauline Chagne partagent la scène avec lui, oscillant entre personnages qui ont fait l’actualité de Me#too, commentaires désobligeants à l’égard du texte, adresses au public.

Harwey Weinstein lui-même, en tyran déchu au corps déliquescent sous les traits de Pierre Notte,  s’agite face à des justicières comme Christiane Taubira, Elisabeth Badinter ou une femme de chambre du Sofitel de New York accusant un autre prédateur sexuel… L’auteur en profite pour égratigner le roi incestueux de Peau d’âne et les princes charmants des contes autres chevaliers “fervents“, machos patentés. Revenant du même coup à l’actrice qui fut l’héroïne du film éponyme de Jacques Demy, il revisite à la fin, la chanson de Moi aussi je suis Catherine Deneuve, son premier succès théâtral où il faisait déjà le portrait de femmes révoltées. Ici Pierre Notte souhaite présenter une version «améliorée» de son égérie d’antan: «Peut-on lui pardonner d’avoir estimé que le mariage pour tous était superfétatoire, puis d’avoir revendiqué le droit à être importunée ?»

Et peut-on pardonner aux Harvey Weinstein, Roman Polanski, Gabriel Matzneff et autres objets de la vindicte médiatique? Les acteurs demandent au public de se prononcer. Ce qu’il fera.. timidement. Dans cette pièce au titre ambigu, voire racoleur -mais son auteur l’assume pleinement- on retrouve l’humour particulier de Pierre Notte et ses chansons aux paroles astucieusement explicites où les voix des interprètes s’entrelacent dans un joli tissage lumineux, sous les poursuites et douches des projecteurs…

Qu’il joue Harvey Weinstein se métamorphosant en femme au fil du spectacle ou le Roi de Peau d’âne ou encore seulement lui-même, l’auteur-comédien a affaire à forte partie avec ses partenaires féminines et son travelo de pianiste qui sont à l’affut du moindre dérapage de langage…

Mais il ne faut pas chercher trop de sérieux dans cette joyeuse mise en boîte de notre époque. «Nous voulons nous amuser, chanter encore nos catastrophes et nos ridicules, partir faire des claquettes dans les champs minés aux alentours d’Alep, dit Pierre Notte, le tragique est alors plus tolérable. » Ce spectacle donnera sans doute lieu à des polémiques! Culs serrés s’abstenir…

Mireille Davidovici

Jusqu’au 26 juin, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr

 

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