La Baie des Anges de Serge Valetti
La Baie des Anges de Serge Valetti, sur une idée originale de Faramarz Khalaj, mise en scène d’Hovnatan Avédikian
Cela se passe dans une villa dans les hauteurs de Nice. Au début, il y a de grands tissus blancs (qu’on enlèvera ensuite) et qui cachent un bric-à-brac de chaises, malle, gros canapé confortable de cuir rouge aux accoudoirs en mauvais état et vieille armoire en pin qui sert aussi de coulisse. Gérard, un producteur, a réuni un acteur et une jeune actrice pulpeuse pour recréer quelques fragments de la vie de son ami Dominique que l’on a retrouvé pendu contre le volet de sa chambre. Il y a aussi un régisseur lumière et son, assis côté jardin à une petite table. Sans doute pour montrer qu’on est bien sur une scène et pendant une répétition…Ce Gérard, un assez inquiétant personnage qui semble cultiver le mystère sur sa personne, leur fait travailler des scènes mais voilà que la jalousie s’en mêle et que la vie des acteurs et la fiction des personnages s’entremêlent. Et pour faire bonne mesure, il y a dans l’air comme un certain suspense proche d’un polar, avec l’histoire de la mort brutale de cet homme qui choisit de ne pas dépasser l’âge du décès de sa mère et qui ,un jour, en arrive à se pendre. Très riche, il gagnait vraiment beaucoup d’argent en vendant des guirlandes d’ampoules électriques que tous les propriétaires de la Côte d’Azur achetaient pour éclairer les soirées données dans leur jardin. Producteur de cinéma, Faramarz Khalaj a suggéré à Serge Valletti d’écrire une pièce sur le deuil d’un ami proche qui a vécu la «douloureuse chronique d’une mort annoncée » . Nous avons connu l’auteur marseillais mieux inspiré (ses traductions de pièces d’Aristophane mais aussi Carton plein, Pourquoi j’ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port et surtout Le jour se lève, Léopold !)
Ici, il essaye tant bien que mal de faire vivre un étrange trio de personnages, mais rien à faire, ce laborieux théâtre dans le théâtre n’arrive pas décoller et Hovnatan Avédikian qui remplace David Ayala atteint de covid, a bien du mal à nous faire entrer dans cette piécette. Rien à dire, Joséphine Garrreau, Nicolas Rappo et lui font le boulot (manque sans doute quand même la présence de David Ayala qui devait jouer le rôle de Gérard en alternance avec le metteur en scène). Mais, de toute façon, cette prétendue mise en abyme ne fonctionne pas et l’heure et demi où les trois personnages semblent être en quête d’auteur, nous a paru bien longuette… A vous de voir.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 4 juillet, Théâtre du Rond-Point, 1 avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème).
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