Les Origines du monde/ L’Invention de la Nature au XIX ème siècle au Musée d’Orsay
Les Origines du monde/ L’Invention de la Nature au XIX ème siècle exposition au Musée d’Orsay
Pour la neurologue et historienne des sciences Laura Bossi, commissaire de l’exposition: «La Nature ne s’est jamais tant imposée à notre réflexion. Pour penser notre relation avec elle, un détour par le XIX ème siècle est indispensable. C’est l’époque où naissent les sciences modernes de la Terre et de la Vie… »
La découverte de l’évolutionnisme par Charles Darwin est l’axe de ce parcours raisonné et pédagogique qui va des Lumières, jusqu’à la Première Guerre mondiale. Il est frappant de constater comment l’art met en scène la Nature, à mesure que les scientifiques explorent la Terre en la sillonnant ou en la creusant. Un diorama de Zarafa, la première girafe arrivée en France en 1826, permet de voir l’animal en relief ; des lions et des oiseaux exotiques font l’objet de portraits précis et saisissants. C’est le début des parcs zoologiques et les cabinets de curiosités, ces ancêtres des musées, se remplissent d’objets insolites. Les paléontologues inspirent au artistes des monstres comme ce mammouth terrifiant les premiers humains et représenté par le peintre Paul-Joseph Jamin en 1885. Les géologues, eux, font naitre chez les peintres des scènes cataclysmiques avec torrents de glace ou montagnes en feu… Dans ces mises en images théâtrale, une Nature qu’on voudrait dompter mais qui ne se laisse pas saisir…
Après la révolutionnaire Origine des espèces (1859) de Charles Darwin, l’être humain est désormais placé dans un arbre généalogique où l’on voit ses liens de sang avec le monde animal. A commencer par les singes et leur caractère anthropomorphique par excellence. Gabriel von Marx nous montre notre lointain cousin, songeant, tel Hamlet, songeant devant le squelette d’un de ses semblables : Singe devant un squelette (vers 1900).
Mais la traversée ne s’arrête pas là et certains artistes se posent la question des origines, en particulier Gustave Courbet avec L’Origine du monde sa célèbre peinture accroché, ironiquement, à côté de la magnifique Coquille (1912) d’Odilon Redon. Edvard Munch nous surprend avec La Madone (1895-1902), une lithographie où une mère entourée d’une frise de spermatozoïdes bleutée s’élance dramatique, flanquée d’un minuscule fœtus recroquevillé dans un coin… «Je suis le contemporain des origines», écrivait Gustave Flaubert dans La Tentation de Saint-Antoine…
Le parcours se termine par une évocation, moins théâtrale, du refus du naturalisme chez des artistes comme Vassily Kandinsky, François Kupka, Hilma af Klint ou Piet Mondrian, qui, à l’instar d’Odilon Redon, s’aventurent dans la théosophie ou aux confins de l’abstraction.
En prologue, La Genèse du monde et de l’Homme, nous était présentée dans une bible vénitienne de 1475, et en épilogue spectaculaire nous attend juste avant la sortie. Se font face deux grandes huiles sur toile à la vision contradictoire. Rudolf Schlichter, montre un homme bionique avant la lettre, martial et détruisant tout sur son passage dans Pouvoir aveugle (1932-1937), un tableau apocalyptique. La guerre est passée par là ! Avec Nature ou Abondance (1897), Léon Frédéric peint, au contraire, une Nature surabondante et maternelle haute en couleurs … Belle dialectique, comme celle qui anime cette pittoresque et instructive exposition où l’histoire de l’art embrasse celle de la science.…
Mireille Davidovici
Jusqu’au 18 juillet, Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, Paris (VII ème).
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