Printemps de la danse arabe 2021
Le Printemps de la danse arabe 2021
De reports en incertitudes, le programme réduit de ce festival se déroule en trois lieux seulement cette année dont l’Institut du monde arabe où il se fond avec Les Arabofolies, un festival musical des arts et des idées organisé aussi par cette institution dont Jack Lang est le président.
Blow chorégraphie de Karim KH
Un climat inquiétant règne sur le plateau baigné de rouge. Un danseur solitaire, enveloppé de fumée, guette, immobile, bientôt rejoint par ses partenaires, ombres mouvantes. Petit à petit, le groupe prend vie. Corps virils et souples, soigneusement chorégraphiés entre gestuelle hip hop et grammaire de la danse contemporaine. La tension monte à son comble quand les corps s’affrontent dans des rixes ludiques.
Rien d’original dans cette pièce, sinon la présence discrète mais angoissante d’un homme qui traverse lentement la scène, invisible pour ses partenaires. Son passage fantomatique évoque comme une défaite. Celle des printemps arabes? Jouant sur le contraste entre l’énergie du groupe et la lenteur de l’apparition, Blow est la première création parisienne de Karim KH. Après avoir travaillé un peu partout dans le monde, il a implanté sa compagnie dans la capitale en 2017.
Déplacement chorégraphie de Mithkal Alzghair
« J’ai éprouvé physiquement, dit le chorégraphe, l’urgence du déplacement contraint, de l’évasion, de l’attente avant le départ, de l’exil, dit le chorégraphe. Avec cette création, je cherche à interroger cette idée de déplacement. »Une paire de bottines attend sur le plateau vide. Mithkal Alzghair les chausse, comme pour civiliser ses pieds nus… Il doit se faire à cette nouvelle enveloppe contraignante qui entrave ses mouvements et l’entraîne vers une gestuelle militaire… On pense au conte cruel de Hans-Christian Andersen, Les Chaussons rouges où une jeune fille ne peut arrêter de danser, une fois qu’elle a mis de séduisantes mais diaboliques chaussures rouges…
Dans cet intense solo de trente minutes, l’artiste tente de montrer physiquement les effets de l’exil. Par sa gestuelle, il évoque subtilement la danse traditionnelle de son pays, sa transe, ses dynamiques et répétitions, en contraste avec la rigidité imposée à son corps, forcé à adopter des comportements qui lui sont étrangers.
Comment quitter ses anciens habits, pour en revêtir de nouveaux sans perdre son identité? Une question que l’artiste, pour se reconstruire, résout en créant son propre style avec une mue corporelle émouvante
Né et formé en Syrie, Mithkal Alzghair a participé à de nombreux spectacles dont 20 danseurs du 20ème siècle de Boris Charmatz. Déplacement a gagné le premier prix du concours Danse élargie 2016. En 2019, il a créé We are not going back au Festival Montpellier-Danse. Un chorégraphe à suivre…
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 22 mars à Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, Paris (V ème)
Le Printemps de la danse arabe se poursuit jusqu’au 29 juin, dans le cadre des Arabofolies du 5 au 30 juin
Dans le cadre du Printemps de la Danse, la MC 93 a accueilli L’Onde de Nacera Belaza et Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis,ont reçu Cosmic A de Charlie Prince.