Festival d’Avignon: Les Raisins de la colère adapatation du roman de John Steinbeckk mis en scène de Xavier Simonin,
Festival d’Avignon
Les Raisins de la colère, adaptation du roman de John Steinbeck, mise en scène de Xavier Simonin
Ce fameux roman a été publié en 1939, ce qui ne nous rajeunit pas et son auteur reçut le prix Pulitzer l’année suivante. Cela se passe pendant la grande dépression, juste après le terrible krach dix ans avant, et finit au début de la seconde guerre mondiale. Des métayers, ces agriculteurs pauvres qui cultivent une terre qui ne leur appartient pas en échange d’une partie de la récolte, sont la proie d’un système léonin: en cas de grave pépin et/ou de grave sécheresse, ils tombent vite dans la misère la plus noire.
La famille Joad doit ainsi quitter l’Oklaoma et ira à pied et à cheval vers la Californie avec des milliers d’autres, à la recherche d’une meilleur avenir et vend pour survivre le peu de biens qu’il lui reste. Espérant enfin manger à leur faim, elle emprunte la route 66 qui va vers l’Ouest. Désillusion, ces pauvres gens sont trop nombreux et il n’y a pas assez de travail. Ils devront aller vivre dans des camps mais les familles se disloquent, chacun essayant de survivre comme il peut…
Une triste saga aux nombreux personnages que nous conte le romancier et dont John Ford avait réalisé un film avec Henry Fonda en 1939. Mais depuis rien… «Jamais les ayant-droit n’ont autorisé la moindre adaptation de ce roman au théâtre comme au cinéma mais événement: création mondiale!» (sic), dit un peu vite et avec une certaine prétention, l’auteur et unique acteur de ce spectacle… Qui se «propose de restituer cette histoire d’hier qui résonne aujourd’hui comme un présage pour demain. »
Oui, mais voilà, il faudrait se donner les moyens d’adopter à la scène ce roman sans tomber dans un réalisme facile, voire dans l’anecdotique…Avec combien d’acteurs? Solution toute trouvée et facile qui sévit actuellement dans le off! Un seul : Xavier Simonin qui s’est donc mis lui-même en scène, mais comme il a une diction déplorable, il faut toujours tendre l’oreille pour écouter ce solo trop long et mal construit avec plusieurs fausses fins et pourtant dit au micro (ce qui n’arrange pas les choses!). Et il manque ici comme souvent une véritable dramaturgie et une solide direction d’acteurs… Il y a heureusement un trio de très bons musiciens-chanteurs: Claire Nivard (chant et guitare), Stephen Harrison (contrebasse et chant), Emmanuel Bertrand (guitare, banjo et voix) que l’on écouterait bien encore un moment avec grand plaisir et qui réussit à sauver ce spectacle très ennuyeux d’un naufrage programmé. Allez, une petite lueur d’espoir: à l’extrême fin, Xavier Simonin quand il s’avance sans micro vers le public, devient nettement plus crédible. Mais il est bien trop tard… Seule issue: trouver un dramaturge et un metteur en scène qui pourraient éventuellement donner corps à une adaptation au théâtre…
Vous pouvez donc vous épargner ces Raisins de la Colère. relisez plutôt le roman ou allez voir Sosies de Rémi de Voos au Théâtre des Halles, une pièce bien dirigée par Alain Timar avec d’excellents acteurs et dont nous vous reparlerons.
Philippe du Vignal
Théâtre La Luna, Avignon. T. : 04 90 86 96 28, jusqu’au 30 juillet.