Festival d’Alba 2021

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© La Cascade

Festival d’Alba 2021

Ce bourg ardéchois accueille depuis des décennies un festival d’été qui, programmé par ses directeurs successifs, a fait revivre le site exceptionnel d’un théâtre antique réaménagé petit à petit. En 2009, le Département en a confié la direction à la compagnie Les Nouveaux Nez qui venait d’ouvrir La Cascade, Pôle national des Arts du Cirque, à Bourg-Saint-Andéol. Le festival s’est donc orienté vers cette discipline populaire qui a le vent en poupe. Non content d’investir les ruines bucoliques,  il s’égaye aussi dans huit espaces du cœur du village, à une prairie au bord de l’eau, et aux contreforts d’un pic rocheux… « On prend les lieux comme ils sont, avec le moins d’éclairages et de technique possibles dit Marie-O Roux, la secrétaire générale. Les spectateurs peuvent déambuler d’un lieu à l’autre à la découverte d’Alba-la-Romaine. Parmi ses 1.200 habitants, une centaine de bénévoles, à l’entrée du parking, à la billetterie ou à l’accueil des artistes chez eux… Sans eux, ce festival ne pourrait  exister et ils viennent en appui d’une équipe de soixante professionnels mobilisés pour une vingtaine de spectacles pendant une semaine, du matin au soir. » Cette année, le public est au rendez-vous malgré les restrictions sanitaires et l’absence des guinguettes et soirées musicales festives.  Pour les deux tiers, il vient des environs et  les spectacles sont à des prix modestes ou gratuits.

La Cascade a entamé des travaux à Bourg Saint-Andéol dans une chapelle désaffectée, un espace d’entraînement quotidien des artistes qui ouvrira ses portes fin 2022. La compagnie de clowns Les Nouveaux Nez  pourra ainsi accueillir dans son sillage de jeunes circassiens sortant des écoles. Dix à quinze d’entre eux ont déjà prévu de s’installer autour du Pôle.  « Trente ans de route ont défilé, dit Alain Reynaud, cofondateur de la compagnie  en 1991 et directeur de La Cascade. Une histoire humaine et artistique autour du personnage du clown, un lien à la transmission et au quotidien de l’artiste, au territoire et à ses habitants, inspirateurs de toute cette ouverture…  »

Pour illustrer ses propos, il mêle les générations et les disciplines dans Le Cabarêve des établissements Félix Tampon, baptisé d’après son nom de clown, Félix. « Il y a trente ans, je sortais du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne, c’est donc tout naturellement que j’ai intégré, dans l’utopie des Etablissements Félix Tampon, de jeunes artistes sortant eux aussi de cette  école. Après ce spectacle d’une heure quarante, nous  avons pu aussi assister, en une journée, à des propositions de divers formats.

Gadoue par Le Jardin des Délices

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© La Cascade

Une piste blanche, un  jongleur dans un élégant costume bleu marine, manie une boule immaculée avec tact. Mais attention, nous prévient-on, il y a, au milieu de ce plateau d’argile, une flaque. Et vlan! Evidemment, malgré tous ses efforts, la balle va y tomber et l’homme va essayer à grands renforts de contorsions de ne pas salir ses habits … Peine perdue, il va bientôt mettre le pied dans la matière gluante, puis s’y vautrer non sans plaisir jusqu’à devenir une statue blanchâtre aux postures bizarres. Et triturer la boue pour modeler des formes.  Pour la plus grande joie du public, complice de cette transgression pendant une demi heure.

La compagnie Le Jardin des Délices, créée par Nathan Israël (jongleur) et Luna Rousseau ( metteuse en en scène) s’est fait connaître avec L’Homme de boue, solo dans l’argile (2014) une hybridation des arts, avec un travail sur la matière.  Cette nouvelle pièce constitue avec l’Homme de v

boue, le  diptyque Argile.

Cirque et Pique  par la compagnie Mister Alambic

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© La Cascade

Elles ne font pas que piquer, les puces de Jonathan Giard : Svetlana aux poumons d’acier récupérée sur un trompettiste de l’Armée rouge à Moscou ; gonfle un ballon et Elisa aux pattes de fer peut marcher sur un fil ou tordre une petite cuillère ! Comme par magie, ces insectes savants sortent de leur boite ou de leur flacon pour des performances étonnantes, commentées avec humour par leur dresseur. Son manager, Stéphane Pelliccia lui donne la réplique.

Ils sont pétillants d’invention et amusent la galerie d’un ton sérieux pendant vingt minutes. C’est court et efficace.

 

La Peur au ventre un solo pour fils de cascadeur par la Compagnie Toi d’abord

Comment peut on être cascadeur quand on est aussi maladroit ? Jacques, cascadeur de père en fils, pour ne pas devenir la honte de la famille, va faire devant nous un saut de la mort à moto à travers un cerceau enflammé. Pour conjurer la peur, il s’attaque à ce projet ambitieux mais difficile. Il met en place un dispositif précaire fait de matériaux de récupération mal assemblés. Tout foire, bien entendu : comme c’est drôle, les bévues des autres ! Les préparatifs traînent un peu en longueur et peuvent agacer mais nous sommes quand même récompensés d’avoir attendu près d’une heure pour voir la cascade finale. 

Le Cabarêve des établissements Félix Tampon, direction artistique d’Alain Reynaud et mise en scène d’Eric Louis

Les  clowns Félix et Fritz présentent cette revue échevelée.  L’un, Alain Reynaud,  meneur de jeu responsable, l’autre, Heinzi Lorenz toujours  à côté de la plaque, rêveur et inattendu. Un duo comique bien rôdé et d’une grande finesse, rejoint par une diva italienne (Isabelle Quinette, danseuse et chanteuse) et un travelo sur le retour Patachtouille (Julien Fanthou) qui chante des goualantes en escarpins  plumes et paillettes. Ce sont les quatre Nouveaux-Nés historiques, dans des numéros débridés ou parodiques mais jamais vulgaires.

Les jeunes recrues du C.N.A.C. ont, pour certains, adapté leur prestation à cette veine comique. Souple, élégant, Ricardo Serrao Mendes danse avec ses balles jaunes au rythme de la musique de Guilhem Fontes qui joue tout au long de la pièce, souvent sur un piano à roulettes.Juri Bisegna, fait voler des chapeaux d’une main experte malgré son air maladroit.  Sacha Ribeiro imite des chants de crooners bien connus.

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Fritz s’envoie en l’air

Les filles sont plus classiques : Cannelle Maire manie avec grâce  la roue allemande et à la corde volante et Vassiliki Rossillion se détache, impérieuse dans le ciel provençal. Captivante au point que Fritz tente de l’imiter et s’envoie en l’air en costume d’Ecossais. Surprenante prestation qui résume l’esprit de la pièce.

Cela peu parfois paraître décousu mais ce beau moment de théâtre trouve son point d’orgue  avec une parade des artistes, dans les derniers rayons du soleil qui tombent sur ce site poétique.

Mireille Davidovici

Festival d’Alba, du 9 au 14 juillet, Alba-la-Romaine (Ardèche).

La Cascade-Pôle national des arts du cirque, avenue de Tourne, Bourg-Saint-Andéol (Ardèche).

Le Cabarêve des établissements Félix Tampon , du 2 au 4 décembre la Roche Jaudy (Côtes-d’Armor). programmation du Carré Magique, Pôle National Cirque.
Le 4 mars,  Scène 55,  Mougins (Alpes-Maritimes).

 Gadoue : du 15 au 17 juillet, Les Impatiences du Festival Résurgence,  Lodève (Hérault) . Le 8 juillet, festival  ArtAir au Puy de-Dôme (Puy-de-Dôme)  et le 27 juillet, Gonesse (Val-d’Oise)

 

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