Le Procès Eichmann à Jérusalem d’après Joseph Kessel, adaptation et mise en scène d’Ivan Morane

Festival d’Avignon 2021

Le Procès Eichmann à Jérusalem d’après Joseph Kessel, adaptation et mise en scène  d’Ivan Morane

Le Procès Eichmann à Jérusalem d’après Joseph Kessel, adaptation et mise en scène  d’Ivan Morane dans actualites

© Thomas Bouvard

 Les articles du romancier journaliste écrits pour  France-Soir restent d’une étonnante acuité.Il décrit avec minutie le tribunal  et la mise en scène de ce procès, avec tous ses protagonistes : juges, avocats, journalistes… et bien sûr l’accusé. Ivan Morane, sobre, face à une cage de verre blindée vide, nous fait revivre pendant une heure trente, les instants les plus intenses de cet événement : « J’ai été happé par la théâtralité de ces articles. Comme si je redécouvrais tout ! »

Et c’est comme nous y étions : tel un reporter à sa table de travail, le comédien se fond dans l’écriture de Joseph Kessel qui décortique à la loupe, comme on observe un insecte, le comportement, devant ses juges, de celui qui envoya  à la mort six millions de juifs. L’horreur évoquée tout au long du procès laisse le criminel froid qui s’émeut seulement quand on met en cause sa professionnalité : il n’a fait qu’obéir au mieux…
Joseph Kessel ausculte la personnalité de ce criminel au fur et à mesure du procès,et en mesure la responsabilité.  Et Ivan Morane nous fait partager sa froide indignation. Il nous emmène dans la  Jérusalem de 1961, avec, en fond sonore, la voix d’un rescapé des camps :Shelomo Selinger auteur de Nuit et Lumière), celle d’Eichmann enregistrée lors des interrogatoires et des Kol Nidrei (chant des morts) de Max Bruch et Arnold Schoenberg ou Le Galérien de Maurice Druon chanté en russe par le père du metteur en scène Serge Messberg.

Nous connaissons l’histoire mais avec cette chronique, illustrée par une bande-son émouvante et discrète et jouée à la perfection, sans aucun pathos, Ivan Morane rend hommage à toutes les victimes de la shoah et aussi à une partie de sa famille, disparue à Auschwitz en 1942. En particulier à son arrière-grand-père  « Abraham Lazare Bersniak qui mourut de chagrin fin 1942 après la mort en déportation de trois de ses neuf enfants ». Il sait nous transmettre  grâce aux mots d’un grand auteur l’indignation pure devant les crimes impardonnables d’Adolf Eichmann, pendu en 1962 par un bourreau volontaire.   Un spectacle indispensable pour se rafraîchir la mémoire.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 11 juillet, Théâtre des Halles , Avignon, à 19 h  T. : 04  a32 76 24 51

 

 

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