Poèmes confinés d’Outre-Mer de Lolita Monga,mise en scène d’Olivier Corista

Festival d’Avignon 2021

Poème confiné d’Outre-Mer de Lolita Monga, mise en scène d’Olivier Corista

POEME CONFINE D OUTRE-MER

© Pascal Gély

«Moi partout où je regarde je vois ma terre, je dors je la vois, je rêve je la vois, je plisse les yeux je la vois. Mon Karo la tèr mi aspèr, lapilli léspwar si la tèr  » Cette phrase revient comme un leitmotiv dans le poème. L’autrice-metteuse en scène réunionnaise explore les recoins de son île, pénètre les racines de ses langues mêlées en croisant les mots : « Margoté la tête margoté la tête margoté la tête Branchage de mots à entremêler… » Elle y retrouve son corps de femme épanoui dans une nature débordante d’odeurs, saveurs et sensations.

 Drapée dans un manteau multicolore qu’elle déploie en majesté, Lolita Monga fait sonner sa langue à la lisière d’un lyrisme terrien et d’un humour rappeur. Une tonalité soutenue par les compositions de Rémi Cazal, jouées ici par Loya à la guitare et aux claviers électroniques. Une musique mêlant harmonies australes et percussions occidentales où de fines sonorités marines se noient dans de vaste lame de fond.

 Incarnant son texte avec sensualité, en écrivaine aguerrie elle nous conduit à travers son île, traçant une cartographie poétique et mythique au gré de sa boussole : «J’ai la tête au Nord J’ai perdu mon sud / Alors dépitée je chante »  Et par ce chant de la terre, de la forêt, du vent et de la mer, nous invite à un voyage en poésie… `

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 26 juillet, Chapelle du Verbe incarné, 21 rue des Lices, Avignon à 15 h 15.

 

 


Archive pour 14 juillet, 2021

Pinocchio ( Live) 2 d’Alice Laloy ( à partir de huit ans)

Pinocchio ( Live) 2 création  d’Alice Laloy ( à partir de huit ans)

Un spectacle exceptionnel d’intelligence et de sensibilité dont la créatrice, un marionnettiste détourne  habilement  le mythe de Pinocchio, le héros du célèbre conte de Carlo Collodi. Alice Laloy, qui s’est nourrie des arts de la contorsion inscrits au patrimoine culturel de la Mongolie où elle a mené une recherche photographique, se demande « à quoi ressemble, dit le corps de l’enfant-pantin quand il passe, de son corps de bois, à son corps de chair ? J’imagine qu’il existe une infime fraction de temps où on ne sait plus si on est face à un pantin ou face à un enfant. »

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Dans une scénographie bi-frontale pour quelque trois cent spectateurs, arrive sur le plateau une drôle de praticable à roulettes -qui fait penser un peu à celle d’Où sont les neiges d’antan? de Tadeusz Kantor.  Avec un gros compresseur rouge à air, cette machine conduite par de jeunes interprètes, un tambour et une percussionniste avec  autour, dix enfants qui crient et courent, joyeux, très à l’aise… Mais un violent coup de gong annonce la fin de la récré et ils ressortent tous en courant.

 

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Leur succèdent marchant très lentement, dix jeunes gens en blouse gris-vert (cinq filles et cinq garçons)et des cothurnes d’une quinzaine de centimètres. Ils entrent chacun avec un praticable à roulettes identique pour tous qui s’avère être un établi démonté avec une chaise… Qu’ils vont  remonter en silence avec un maillet en bois- le specatcle est absolument muet… Dans un rituel d’une précision absolue et quasi religieux sur la musique ensorcelante d’Eric Recordier.

Puis reviennent les dix enfants cette fois en barboteuse blanche immaculée qui vont s’allonger chacun sur un des établis et sous l’éclairage très cru de grands plafonniers. Ces jeunes un peu mécaniciens mais aussi un peu chirurgiens, munis d’une trousse à outils, vont d’abord couvrir très minutieusement le corps des ces enfants avec une poudre-crème blanche dispensée par un pistolet à air branché sur un tuyau relié au compresseur rouge.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Puis ils leur coudront de longs fils noirs à même la peau (bravo le trucage mais on y croit) et leur placeront ensuite de faux grands yeux. Une spectatrice qui, visiblement ne supportait pas la chose, a aussitôt quitté la salle… Le public lui, est fasciné envoûté par tant de beauté comme celle des spectacles du grand marionnettiste américain Robert Anton qui se livrait à une opération de décervelage sur de très petites marionnettes et dont Alice Laloy semble s’être inspirée.

© Ch. Rayanaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

 

Ces enfants-pantins restent absolument immobiles sur chaque établi. Les yeux grand ouverts équarquillés ( faux bien sûr) On pense à ces beaux moulages de victimes dans l’attitude où la mort les a surpris lors de l’éruption du Vésuve. Réalisés par l’archéologue Giuseppe Fiorelli qui fit couler du plâtre dans les vides laissée par la cendre. Sans doute une autre source d’inspiration d’Alice Laloy dont ce spectacle participe à la fois du théâtre mais aussi de la sculpture, de l’environnement mais aussi de la performance au meilleur sens du terme. Comment diriger avec une telle efficacité cette bande d’enfants mystère?  Rendus à eux-même sous un autre costume mais toujours affublés de leurs fils noirs, les dix enfants se lanceront dans une remarquable ronde joyeuse où viendront les rejoindre leurs dix «opérants » qui -on le sent et c’est très émouvant- ont beaucoup de complicité et d’amour pour eux quand, à la fin, ils en tiennent un chacun dans leurs bras.

La composition sonore d’Éric Recordier, la mise en scène et l’interprétation des enfant-danseurs du Centre National Chorégraphique de Strasbourg: Pierre Battaglia, Stefania Gkolapi, Martha Havlicek, Romane Lacroix, Maxime Levytskyy, Rose Maillot, Charlotte Obringer, Nilsu Ozgun, Anaïs Rey-Tregan, Edgar Ruiz Suri, Sarah Steffanus, Nayla Sayde et des jeunes acteurs Alice Amalbert, Jeanne Bouscarle, Quentin Brucker, Esther Gillet, Leon Leckler, Mathilde Louazel, Antonio Maïka, Jean-Baptiste Mazzucchelli, Louise Miran, Valentina Papic, Nina Roth, Raphaël Willems, tous  issus du Conservatoire du Centre Dramatique National de Colmar mais aussi des jeunes percussionnistes Norah Durieux et Eliott Sauvion Laloy, la scénographie de Jane Joyet, la réalisation des établis par les ateliers du T.N.P. à Villeurbanne,  les costumes d’Oria Steenkiste, Cathy Launois et Maya-Lune Thieblemont, les lumières de Julienne Rochereau: tout ici est d’une formidable qualité.

Il y a, bien entendu, en amont de ce spectacle, un important et long travail de recherche et de répétition qu’il faut saluer, pour que cette grande machine à jouer fonctionne aussi admirablement et sans aucun à-coup. Chapeau donc à Alice Laloy et à toute son équipe… Le public leur a fait une longue ovation  mais il s’est joué quatre jours seulement en Avignon. En tout cas, les Parisiens dont vous serez peut-être,  ne le regretteront pas.

 Philippe du Vignal

Spectacle vu le 10 juillet au Gymnase du lycée Saint-Joseph, rue des Teinturiers, Avignon.

Monfort Théâtre, Paris (XV ème) les 16, 17, 20 et 21 juillet à 18 h.

Festival d’Avignon Opa de et par Mélina Martin

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© Agnes Mellon

Opa, de et par Mélina Martin

Elle se déplace comme une danseuse classique, à petits pas et sur pointes, ce qui contraste avec son physique baraqué. Mais ne vous y trompez pas, elle n’est pas une ballerine ordinaire et elle va vite se métamorphoser et nous surprendre d’un bout à l’autre, en incarnant Hélène de Troie. Un contre-emploi, pensons-nous, quand elle dit:  «Je suis la plus belle femme du monde !» Mais elle s’engouffre dans ce personnage et cette histoire antique dont elle nous offrira plusieurs versions. De l’enlèvement et du viol par Pâris, ou du coup de foudre et de l’idylle amoureuse, entre ces deux maux, il faut choisir le moindre. Et le public approuve.

 La voilà donc voguant vers Troie, toute enamourée… Puis valsant sur une musique grecque dans une robe de mariée contemporaine. Belle et imposante. Mais combien de temps supportera-t-elle d’être une épouse béate enfermée dans cette image mythique ?  Mélina Martin endosse ce rôle avec une puissance physique bouleversante. Mêlant mythe et réalité, en grec et en français, elle interroge le statut de la femme d’aujourd’hui à travers l’Hélène d’Homère : « A travers elle, j’ai envie de questionner sur scène le pouvoir de l’apparence physique. Je m’identifie à elle, non pas physiquement, mais parce que j’ai peur  d’être moi aussi enfermée dans une image belle, lisse, douce et passive.» 

 Et c’est le cri déchirant d’Hélène en même temps que le sien, qu’elle pousse comme pour se délivrer de ce personnage mais aussi de sa propre enveloppe charnelle… Cri de colère ou de déploration ? Les deux, pour redonner à ses sœurs leur dignité. Pourtant, il n’y a rien ici d’un manifeste féministe. Avec fantaisie, humour, extravagance et une poésie déglinguée, l’actrice instaure une complicité chaleureuse avec les spectateurs, franchissant allègrement le quatrième mur. 

 Née à Lausanne et d’origine gréco-suisse, Mélina Martin a joué avec des metteurs en scène confirmés comme Christiane Jatahy, Anna Lemonaki et Romeo Castellucci (Democracy in America)… Avec ce solo impertinent et puissant, créé à l’Arsenic de Lausanne en 2018, elle remporte les suffrages du public. Opa fait partie de la Sélection suisse en Avignon qui présente aussi La Collection (voir Le Théâtre du blog).

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 26 juillet  à 18 h 30, ( jours pairs),  Le Train bleu, 40 rue Paul Sain, Avignon

 

Festival d’Avignon La Fabrique, mise en scène de Max Legoubé, musique de Tom. A Reboul

 Festival d’Avignon 2021

La Fabrique, mise en scène de Max Legoubé, musique de Tom. A. Reboul (à partir de trois ans)

5 - LA FABRIQUE credit photo

¢ Claude Boisnard

Les deux compères, maîtres ès découpages et manipulation, nous offrent trois quarts d’heure d’une Histoire sans paroles / Théâtre de papier et musique qui  touchera tout un chacun par ses images simples et belles, fabriquées avec des matériaux de fortune : essentiellement du carton et du papier, plus quelques rouages, aimants, tapis roulants, fils de fer… pour animer le paysage.

 Sur un plateau taillé dans une ancienne table de tapissier, Max Legoubé et Tom A. Reboul plantent le décor : fleurs et arbres miniatures se colorant au chant des oiseaux. Petit arbre deviendra grand, si on l’arrose. Et il va pousser au fil du temps, porter oiseaux, fleurs, fruits… Jolies découpes dessinée par Adélie Dallemagne.

 Et quand passe la cigogne, naît un petit garçon. Lui aussi deviendra grand, roulera sur un vélo qui s’ajustera à sa taille, au fil de ses promenades… Les saisons s’égrènent : les œufs des oiseaux éclosent au printemps, les champignons arrivent en automne dans le bruit d’une pluie battante. L’hiver venu, le grand arbre perd ses feuilles et il tombe une neige… de papier.

 Mais ce petit coin de terre bucolique, livré aux promoteurs (un vilain homme en noir venu de la ville grise), va se transformer en un lotissement sinistre. Le marché devient super- puis hyper- ! Heureusement, le petit garçon veille sur son arbre et saura convaincre son entourage de planter et semer. Enfin la Nature reprendra ses droits.

Le dispositif fourmille d’astuces et ces bricoleurs sont aussi généreux comédiens que bons manipulateurs. Leur univers poétique, jamais niais, suscite des émotions subtiles. Ils fabriquent devant nous la bande-son avec des bruitages : rumeurs de la ville, vent dans les feuilles… enrichis de mélodies au piano ou à la guitare.

Implantée à Caen depuis 2.010, la compagnie Sans Soucis crée un théâtre sensoriel et suggestif. Leurs répétitions, disent-ils, ressemblent à un vaste atelier, comme en témoigne La Fabrique. «Ce spectacle  est né d’un constat, dit  le marionnettiste Max Legoubé. Il suffit d’ouvrir les yeux à la sortie des villes pour voir la nature reculer peu à peu. J’utilise le théâtre de papier et la musique, pour créer un monde miniature  évoquant  sans brutalité cette réalité »

L’esthétique du spectacle s’inspire de l’univers plastique haut en couleurs du peintre et architecte autrichien Friedensreich Hundertwasser (1928-2000) et de ses théories sur l’ écologie avant l’heure. Ici, l’écologie est expliquée aux enfants mais sans leur épargner la réalité: l’urbanisation galopante qui détruit nos campagnes, nos fleurs et nos oiseaux. Et aussi la résilience de notre mère Nature. Une note d’espoir bonne à entendre. La Fabrique qui a déjà été beaucoup été jouée en Normandie, est sans doute promise à un bel avenir. Un coup de coeur

 Mireille Davidovici

Du 7 au 31 juillet à 16 h 35; représentations supplémentaires les mercredis et samedis à 9 h 45, Pré́sence Pasteur 13, rue du Pont-Trouca, Avignon. T. : 04 32 74 18 54.

 

 

Festival d’Avignon: Tchaïka par la compagnie Belova-Iacobelli

Festival d’Avignon

Tchaïka par la compagnie Belova-Iacobelli

 Depuis le début du festival, certains critiques palabrent autour de La Cerisaie, emblématique pièce d’Anton Tchekhov (1904),  mise en scène dans la Cour d’honneur par Tiago Rodrigues (voir Le Théâtre du blog).  Tant sur l’interprétation, que sur le sens politique que l’on peut donner à la traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan.

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© michael galvez

Mais des artistes essayent aussi de faire survivre le théâtre sous sa forme la plus simple : une  jeune actrice manipule une marionnette portée, figurant une ancienne et célèbre interprète de La Mouette, autre pièce mythique d’Anton Tchekhov.  La comédienne et metteuse en scène chilienne Tita Iacobelli et la marionnettiste belgo-russe Natacha Belova ont  créé un laboratoire de recherche d’où est né Tchaïka, leur premier spectacle…

 La balance instable de l’auteur russe entre sa vie réelle et son œuvre théâtrale prend ici tout son sens ici. En fin de vie,  le personnage créé par Natacha Belova décline doucement entre  folie et  vie artistique fantasmée. Et une tendresse authentique se noue alors entre elle et sa marionnette.  Mais qui manipule qui? Qu’importe la réponse… Notre animisme perdu depuis notre enfance est en éveil. Le public sort heureux de ce spectacle d’une heure et l’actrice,  aux saluts, offre un baiser au sol de cette salle tout près de la mythique Cour d’honneur, juste au moment où d’autres  acteurs, eux, y entrent en scène.

 Jean Couturier

Théâtre des Doms, 1 bis rue des escaliers Sainte-Anne, jusqu’au 25 juillet à 21 h, relâche le 15 et 22 juillet. T. : 04 90 14 07 99.

Festival d’Avignon Ça va ça va le monde lectures R.F.I.

Festival d’Avignon 2021

SceĚne - Avignon

C Pascal Gély

Ça va ça va le monde  lectures R.F.I.

 Radio France internationale revient en Avignon pour parler au monde et nous parler du monde: dans les plus petits village africains, cette station de radio sert de lien à la Francophonie. Les pièces que nous entendons ici seront bientôt sur les ondes et, innovation: en direct sur la page Facebook de la chaîne. Pascal Paradou est l’artisan de ce programme et Armel Roussel façonne et révèle les textes avec des acteurs et des musiciens, venus pour la plupart de Belgique.  Cette année, un nouveau lieu, la cour du lycée Vincent de Paul, plus intime que le précédent, accueille la manifestation. Place donc aux auteurs africains, avec en ouverture, Souleymane Bah, lauréat du prix R.F.I. 2020 

 

La Cargaison de Souleymane Bah, lecture par Serge Yéroné Koto, Vincent Minne et Nadège Ouedrago
Une balle logée dans un corps. Elle n’y est pour rien, dit-elle. Ce n’est pas elle qui a appuyé sur la gâchette.  Des gens échoués quelque part, sous surveillance. Des voix montent de cette «cargaison» : hommes, femmes, et même un enfant dans le ventre de sa mère. Les uns se rebellent, d’autres se résignent, d’autres encore surveillent et punissent. Il est question d’émeute, répression et emprisonnement. Les cercueils, le cimetière et le corbillard expriment leur ras-le-bol…Une sous-autorité s’élève contre une autorité. Un groupe d’humains en détresse compose ce chœur polymorphe.
Il nous faut entendre cette rumeur grondante : « Nous sommes les destins fractionnés, les immolés de la République, écrasés sous les bottes des appétits antagoniques. » « Nous dansons la danse des corbillards crépusculaires jusqu’à ce que la mort soit morte. » L’auteur guinéen a composé cette pièce en hommage aux manifestants de son pays, victimes de la répression. Mais, en donnant la parole aux cadavres, il veut aussi dire  comment « les corps des morts sont devenus des enjeux de pouvoir, manipulables. Celui de Georges Floyd par exemple. Or les corps ne sont plus responsables de leur destin, de la vie de leur mort…  »
Nuit de veille  de Kouam Tawa, lecture par Aminata Abdoulaye, Tom Adjibi, Vincent Minne, Babetida Sadjo, Ibrahima Diokine Sambou et Sophie Sénécaut

Cinquantenaire de l’Indépendance dans un village africain…. Le gouvernement a organisé la commémoration, mais est vite débordé par  le peuple qui prend la parole. Chacun y va de son avis sur l’indépendance, ou se plaint de sa vie quotidienne.

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© Philippe Niorthe

Kouam Tawa, maître de palabre, a écrit cette pièce, en réaction à la censure exercée à cette occasion par le pouvoir camerounais. «C’est une méditation, dit-il, sur la notion d’indépendance et sur ce qui se passe quand on donne la parole aux gens. » Nuit de veille  prend la forme d’une palabre de quatre heures, à la manière de celles des veillées funèbres « Ce qui donne sens à la palabre: toutes les paroles sont prises en compte et se valent.» Mais en filigrane, c’est un texte sur nos solitudes, ajoute Kwan Tawa, sur «la foule qui ne sait pas faire foule» selon l’expression d’Aimé Césaire.

Adaptée par l’auteur pour une heure de radio, cette palabre va sans doute être éditée et espérons-le, mise en scène. En attendant, Nulle Part,  une autre pièce chorale écrite sur ce même modèle,  sera jouée en octobre au Conservatoire National supérieur d’Art Dramatique à Paris sous la direction d’Anne Montfort. Son auteur envisage de laisser pour un temps le côté palabre et s’est lancé dans l’écriture d’un monologue.  Il faut venir écouter ces lectures ou les retrouver sur les ondes. Très bien mises en scène et interprétées, elles portent, souvent avec humour, un regard aigu sur le monde.

Mireille Davidovici

 Du 11 au 18 juillet, cour du lycée Vincent de Paul, 1 rue Chiron, Avignon , à 11 heures. (entrée libre).

 La Cargaison,  diffusion le 24 juillet à 17 h 10 sur Rfi.fr

Nuit de Veille diffusion le 31 juillet à 17 h 10 sur Rfi.fr

Cinq autres pièces seront diffusées le samedi à 17 h 10 jusqu’au 28 août inclus. A 17 h 10 (heure de Paris). 

 

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