Merci, Emmanuel Macron
Merci,Emmanuel Macron
Une fois de plus, il y un manque flagrant de visibilité dans les annonces gouvernementales et/ou préfectorales. On sait, à la différence des restaurants qu’il va y avoir dès le 21 juillet, donc dans quelques jours, l’obligation de présenter un pass sanitaire pour entrer dans des salles ou lieux culturels d’une jauge réelle supérieure à cinquante places, donc sont directement visés à peu près tous les théâtres. Comme, entre autres en ce moment, le in et une majorité du off du festival d’Avignon où il reste quand même quinze jours de représentation (moins deux relâches obligatoires par semaine, avant le 31 juillet).
Les directeurs de salles comme ceux des compagnies du off -moins nombreuses à être venues ou à vouloir être là ( environ 30% de moins) qu’en 2019 ont tout lieu d’être inquiets devant un lourd manque à gagner qui semble se profiler à l’horizon… Puisque les jeunes ( en général peu vaccinés) sont nettement plus nombreux dans le off que dans le in. Même si on sait depuis longtemps qu’on ne fait pas de bénéfices en allant créer ou même présenter un spectacle en Avignon. A la différence du in qui a le personnel et donc le budget nécessaires pour effectuer les contrôles nécessaires, le off va être sévèrement touché… Bien avant le 1er août, quand ce pass -qui devra être voté par le Parlement- «s’appliquera, a dit Macron, dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les établissements médico-sociaux, mais aussi dans les avions, trains et cars pour les longs trajets: là encore, seuls les vaccinés et les personnes testées négatives pourront accéder à ces lieux».
Alors que l’Elysée sans doute renseigné par les Préfectures sait très bien qu’il existe déjà de nombreuses fraudes (une mienne amie actrice a réussi à obtenir un QR bidouillé pour entrer dans la Cour d’Honneur (on ne vous dira pas comment…) et elle n’est sûrement pas la seule! De toute façon, aucune illusion à se faire : dès le 21 juillet, ce futur contrôle obligatoire va être dissuasif et la fréquentation risque fort de sérieusement diminuer, que ce soit dans le off à Avignon mais aussi dans les grandes villes et à Paris, où seront touchées entre entre autres, la Manufacture des Abbesses, La Scala ou le Théâtre de Poche. Et quant aux festivals… c’est l’inconnue ou presque.
Eclats à Aurillac, très fréquenté par un public jeune, a été interdit par le Préfet. Ce festival qui devait se dérouler entre le 12 et le 21 août, était consacré aux créations 2020 et 2021. « Chacun de ces deux rendez-vous sur trois jours, rassemblait une dizaine de compagnies qui avaient déjà été programmées et quatre-vingt compagnies de passage. Mais dans des lieux clos, contrôlables et répondant aux protocoles sanitaires et sécuritaires.» Petite consolation: la tournée départementale Champ Libre aura bien lieu du 12 au 21 août, dans vingt-deux communes du Cantal. Et trois rendez-vous professionnels sont programmés du 19 au 21 août : le Panorama de la FAI-AR, la diffusion des créations des lauréats du dispositif Auteurs d’Espaces de la SACD (2020 et 2021) et la présentation de projets de création 2022/2023, en lien avec Artcena. Mais là encore, comment et qui va contrôler les choses? La Gendarmerie Nationale, la police municipale? Nombre de compagnies qui ont été invitées à ce festival depuis longtemps, ne semblent pas prêtes à se laisser faire et ont prévu de débarquer quand même à Aurillac! Bonjour l’ambiance…
Le S.N.E.S. (Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacle) regrette lui, « la promptitude de cette prise de décision qui va compliquer les règles d’accueil des spectateurs dans les festivals et dans les salles des spectacles. Et il aurait bien sûr préféré que soit privilégiée la mise en application de ces décisions au 1er août comme pour les restaurants, et non dès le 21 juillet. Les adhérents du S.N.E.S., conscients que cette mesure risque de durer dans le temps et notamment durant les prochains mois, demandent au Gouvernement que soit mis en place un fonds de garantie spécifique à ces mesures, qu’ils espèrent transitoires. Les indemnités de ce fonds de garantie auraient vocation à aider les entreprises à prendre en charge les coûts liés aux mesures du pass sanitaire ainsi que les pertes de recettes occasionnées par ces mesures dues à la défection du public du fait de ces annonces. »
Mais le tandem Castex-Macron s’est bien gardé de dire pourquoi tout le secteur culturel avait droit à un tel traitement de faveur! Ce qui est parfaitement injuste et déloyal. Nous comprenons la colère des artistes et de tous les techniciens du secteur: ils s’en souviendront aux prochaines élections.
Philippe du Vignal