Hamlet à l’impératif , texte original, traduction et mise en scène d’ Olivier Py, composition et percussions de Julien Jolly

Hamlet à l’impératif, texte original, traduction et mise en scène d’Olivier Py, composition et percussions de Julien Jolly

Le directeur du festival d’Avignon met en scène à la fois des amateurs, des élèves de l’École régionale d’acteurs de Cannes-Marseille, deux anciens détenus et quelques comédiens professionnels dans le jardin de la bibliothèque Ceccano en plein centre ville. Dans une une visitation personnelle de la plus célèbre pièce du théâtre occidental. « La première réplique de Hamlet est adressée au public mais aussi à ses contemporains : qui est là ? Aujourd’hui, on dit cela de manière présentielle, la réplique révèle la présence réelle comme on dit dans la culture théologique, qui va permettre quelque chose qui est plus grand que la philosophie. On dit toujours qu’Hamlet est une pièce philosophique mais c’est bien plus que ça : c’est la pièce qui a mis en cause la philosophie et qui dit par le théâtre que nous allons faire un exercice plus grand que la philosophie discursive. C’est pour ça que tous les philosophes, à un moment ou à un autre ont plié le genou devant le génie d’Hamlet. »
 

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Cela ressemble et veut ressembler à un théâtre de tréteaux populaire… même si le public est celui du festival d’Avignon.En dix épisodes parmi les arbres sur une scène bi-frontale avec dans le fond, une belle et haute bibliothèque, le metteur en scène officie chaque jour à midi en présentant un dialogue entre le personnage et des extraits de textes de philosophes qui ont écrit sur Hamlet comme Jacques Derrida, Sigmund Freud ( le complexe d’Oedipe)mais aussi Heidegger, Hegel, Nietzsche. Une occasion aussi pour lui, une fois de plus, de  se poser et reposer à l’infini la question de l’existence même du théâtre et de son utilité…

Rien à dire, c’est très bien construit et dirigé:  Olivier Py a acquis depuis pas mal d’années, dans ce genre d’exercice, une remarquable pratique. Quelques costumes, quelques couronnes dorées de pacotille et autres accessoires, et en une heure quinze, l’affaire est enlevée avec rythme et un certaine jubilation qu’ont à jouer ces jeunes acteurs devant un public déjà conquis et tout heureux d’être là…  Comme les années précédentes,  le spectacle a eu lieu dans le jardin Ceccano aménagé et est devenu un sorte de tradition du festival.

Côtés bémols: on oubliera quelques longueurs mais nous avons encore droit à des micros H F, ce qui ne se justifie en rien ici et uniformise les voix. Et nous nous serions volontiers contentés du seul texte de Shakespeare. Les citations diverses de philosophes ayant écrit sur le grand Will, même bien emballées par Olivier Py, donne à ce petit spectacle un côté prétentieux, comme si cet homme certes cultivé, voulait nous montrer qu’il l’est bien  et pas qu’un peu… Mais, a dit une vieille dame à la sortie, pas dupe mais somme toute assez contente d’avoir passé une heure dans ce beau jardin: «Après tout, on ne va pas se plaindre, c’est gratuit. »

Philippe du Vignal

Jardin de la Bibliothèque Ceccano, spectacle vu le 13 juillet et joué encore les 19, 21 et 22 juillet, à 12 h.

        
        
      


Archive pour 17 juillet, 2021

Grand ReporTERRE ≠ 3 d’Aristide Tarnagda et Boureima Salouka, jeu, musique et chant d’Alvie Bitemo

Grand ReporTERRE ≠ 3 d’Aristide Tarnagda et Boureima Salouka, jeu, musique et chant d’Alvie Bitemo

Grand Reporterre 3 théâtre du point du jour

© Thomas Gaudillière

Aristide Tarnagda est metteur en scène et directeur artistique du festival Les Récrééatrales à Ouagadougou, dont nous avons récemment vu une partie des pièces (voir Le Théâtre du Blog). Nous avons ici eu le plaisir de rencontrer son compatriote Boureima Salouka, journaliste, ardent défenseur de la liberté de la presse et des reportages en zone de conflit. Ensemble, ils ont construit ce spectacle de deux heures et demie, selon les règles de la série des Grands ReporTERRES programmée deux fois par saison par le Théâtre du Point du Jour. Il s’agit pour les nouveaux directeurs de croiser le regard d’un journaliste sur l’actualité et sa traduction théâtrale par un artiste Voir Le Théâtre du Blog).

 Les compères burkinabé nous invitent à plonger dans l’actualité de leur pays et à découvrir les luttes souterraines qui s’y mènent malgré la répression, notamment le mouvement « Le Balai Citoyen Force de proposition et de pression pour une gouvernance au service du peuple ». La question, après la «révolution ratée» de 2014, qui mit fin au long règne de Blaise Compaoré est: «Comment se réapproprier notre destin et notre territoire quand un tiers du pays est occupé? »

Pour comprendre le présent, ils  font appel à l’histoire récente, avec ces grandes figures du pays que sont le président Thomas Sankara et le journaliste Norbert Zongo qui se sont battus pour la justice et l’égalité, au prix de leur vie.  Mais qui parmi les spectateurs connaît l’histoire de l’ex-Haute-Volta, rebaptisée Burkina Faso « Pays des hommes intègres » par Thomas Sankara en 1983?

Un jeu de questions/réponses est lancé dans la salle : 1884 ? Conférence de Berlin où les pays européens se partagèrent l’Afrique de l’Ouest. 28 septembre 1958? Discours du Général de Gaulle : «Ils veulent l’indépendance ? Qu’ils la prennent! ». Qu’est-ce que le PAS. ? Programme d’Ajustement Structurel sur la dette des Etats pauvres, mis en place par le F.M.I. et la Banque mondiale et qui engendra la dévaluation du Franc CFA et les privatisations des services publics en Afrique. Qui est Aline Sitéa Diatta? Une résistante à la colonisation en Casamance… Que se passa-t-il le 15 octobre 1987? L’assassinat de Thomas Sankara. Et 13 décembre 1998? L’assassinat de Norbert Zongo… Une petite révision s’imposait:  peu de spectateurs ont su répondre…

 « Ce pays a besoin de rêve et de grandeur, dit Boureima Salouka. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Des pierres ramassées dans le lit de différents cours d’eau. On nous a entassés là où il n’y a aucun ciment entre nous, pas d’architecte. » Artistide Tarnagda convoque sur scène, aux côtés de son ami journaliste, le comédien M baye Ngom et la chanteuse et musicienne congolaise Alvie Bitemo. Accompagnés par des documents d’époque dont le magnifique interview de Thomas Sankara à la Télévision française et son fameux discours devant les Nations Unis en 1984 : « Je viens en ces lieux vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274.000 km², où sept millions d’enfants, femmes et hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim et de soif, tout en n’arrivant pas à vivre véritablement depuis un quart de siècle d’existence comme Etat souverain, siégeant à l’ONU »

 Les comédiens lisent les éditoriaux de Norbert Zongo écrits pour son journal L’indépendant. Lyriques et virulents contre la corruption, ils gardent une résonance actuelle comme L’Afrique cherche leader : « Un homme capable de parler au futur… ces hommes manquent cruellement à l’Afrique » » Dans un autre numéro du journal, il appelle à la rébellion: «Au Burkina, les plus démunis, les exclus politiques sont condamnés à subir la politique d’un pouvoir à vie, avec une classe politique éternelle. Pour détruire le système politique, il n’y a que les exclus politiques…»,

 En complément de ces lectures, le photo-reportage de Sophie Garcia sur des mouvements de résistance du peuple burkinabè Balai citoyen : ensemble on n’est jamais seul, s’affiche sur l’écran et nous permet d’entrevoir l’avenir avec une faible lueur d’espoir. Ce spectacle passionnant, en forme de conférence, rythmé par les chants d’Alvie Bitemo en liguala, s’est poursuivi par un long échange avec le public sur la situation préoccupante du Burkina Faso, en proie à des violences et des incursions de groupes armés djihadistes dans le Nord et l’Est. On compte un million de déplacés venus des régions périphériques. «Le plus gros problème, c’est le vivre ensemble. Ecrire le roman national. Nous devons dormir dans le même lit et entretenir le même rêve», conclut Boureima Salouka.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 10 juillet à l’ENSATT, programmé par le Théâtre du Point du jour, 7 rue des Aqueducs, Lyon (V ème) www.pointdujourtheatre.fr

A lire: Anthologie des discours de Thomas Sankara; Le Sens d’un combat: recueil d’éditoriaux de Norbert Zongo et Afrotopia de Felwine Sarr, éditions Philippe Rey.

 

 

 

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