Mangeuse de terre, sous l’impulsion de Julie Canadas, mise en scène d’Amalia Modica, création musicale de Simon Demouveaux (dès huit ans)
Mangeuse de terre, sous l’impulsion de Julie Canadas, mise en scène d’Amalia Modica, création musicale de Simon Demouveaux (dès huit ans)
La compagnie De Fil et d’Os avait obtenu le prix du public Avignon off 2016 (catégorie marionnette) avec Cœur Cousu. D’abord un coup de chapeau au merveilleux décor si poétique, tenant d’une boutique avec nombreux tiroirs et petites portes aux couleurs douces. Elle a quelque chose du célèbre magasin de Ben, 32 Tondutti de l’Escarène qu’il avait ouvert à Nice en 1958 et qui est maintenant exposé au Centre Georges Pompidou. Il y a aussi de petits écriteaux et les marionnettes sont de belle facture, ce qui n’est pas toujours le cas et représente ici un travail plastique d’une rare qualité… Les poupées surgissant parfois d’un tiroir ou dorment ensemble dans un lit…
L’histoire est inspirée d’un passage de Cent ans de solitude, le célèbre roman de Gabriel García Márquez d’une tireuse de cartes, Pilar Ternéra qui va nous faire partager sa vie et donc son passé… Elle a rencontré autrefois il y a bien longtemps une petite «mangeuse de terre», arrivée dans le village de Pilar, avec, pour unique bagage, un sac d’ossements. Une histoire qui va influencer toute sa vie…
Oui, mais voilà, dès le début Julie Canadas ( il faudra qu’elle nous explique ce que signifie cette « impulsion » revendiquée au générique dans la création du spectacle) et Anne-Sophie Dhulu en font des tonnes, roulent des yeux, criaillent sans arrêt et s’adressent au public. Mais cette familiarité sonne bien faux… Elles font jouer assez habilement les petites marionnettes à mains nues mais leurs mains du coup paraissent gigantesques et parasitent fortement l’action! Une erreur technique nuit beaucoup à la magie du conte! Dommage…
Par ailleurs, la direction d’acteurs comme la mise en scène sont aux abonnés absents et c’est par là qu’il faudrait commencer si leurs autrices veulent que ce spectacle commence à tenir sérieusement la route. Il y a une surenchère de la parole, trop forte, trop envahissante et les meilleurs moments sont ceux où il n’y en a aucune mais c’est rare. Nous avons vu Mangeuse de terre à ses tout débuts en Avignon et peut-être la pièce s’est-elle améliorée depuis … A suivre.
Philippe du Vignal
Artéphile, 7 rue du Bourg-Neuf, Avignon, à 11h, jours pairs, jusqu’au 28 juillet.
Pas de passe sanitaire exigé (jauge inférieure à cinquante places!) mais port du masque obligatoire et réservation uniquement par téléphone: 04 90 03 01 90.