Festival d’Avignon: Une Femme en pièces de Kata Wéber, mise en scène de Kornél Mundruczó (en polonais, surtitré en français et en anglais)
Festival d’Avignon
Une Femme en pièces de Kata Wéber,traduction du hongrois Jolanta Jarmołowicz, mise en scène de Kornél Mundruczó (en polonais, surtitré en français et en anglais)
Nudité et vidéo sont parfois, mais pas toujours à bon escient, les mamelles nourricières du théâtre contemporain… Mais ici la vidéo est remarquablement utilisée. « Ma langue maternelle, c’est le cinéma, dit le metteur en scène.» A l’origine, une pièce de Kata Wéber, scénariste, dramaturge et ancienne actrice hongroise qui travaille souvent avec son mari, le metteur en scène de théâtre et réalisateur de cinéma Kornél Mundruczó qui l’a créée au TR/ATM Studio de Varsovie en 2018 et en a fait un film primé dans plusieurs festivals et visible maintenant sur Netflix. Ce théâtre hyper-réaliste est servi par une troupe polonaise exceptionnelle d’engagement et très crédible. Durant les vingt-cinq premières minutes, une scène vidéo d’un accouchement avec un bébé mort-né, marque le spectateur. Filmée en direct et au plus près du corps, derrière de grands châssis qui seront ensuite démontés.
Un moment qui donne le ton de cette pièce de deux heures trente. Le drame intime de Maja va faire évoluer le comportement et le psychisme des personnages. Avec des thèmes comme : conflits entre mère et filles, entre sœurs, mari et femme portés sur la drogue ou l’alcool, problèmes de succession potentielle et traumatisme de Maja : «J’ai accouché d’un enfant qui est mort, dit-elle, ce n’est pas une honte. »
Une question s’insinue dans l’esprit de cette famille désunie, quant à la cause de ce décès. Elle met en doute la compétence de la sage-femme et veut lui intenter un procès. Le metteur en scène ose parler d’un tabou : la mort d’un bébé dans la Pologne catholique : «Ce sont des sujets restant invisibles dans nos sociétés, particulièrement en Europe de l’Est. Quelque 26 % des femmes font l’expérience de la perte d’un enfant entre sa naissance et quatre ans. » Une Femme en pièces, remarquablement interprétée, bénéficie d’une excellente scénographie de Monika Pormale qui a aussi signé les costumes et où chaque détail compte.Mais cet hyper-réalisme empêche la naissance d’une certaine émotion, sauf dans le tableau final où la mère de Maja, à nouveau seule, se confronte à un monde peuplé des fantômes de son passé…
Jean Couturier
Spectacle vu le 18 juillet, au gymnase du lycée Aubanel, rue Palapharnerie, Avignon.
Du 2 au 4 septembre, festival d’Athènes et Epidaure (Grèce) ; du 17 au 19 septembre, festival Roma Europa (Italie) ; le 27 septembre, festival international Sirenos, Vilnius (Lituanie)
Et les 13 et 14 novembre, Thalia Theater, Hambourg (Allemagne).
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