Festival Eclat: Grande manif à Aurillac
Festival Eclat: Manif à Aurillac
Ce festival n’a pas lieu comme il était prévu, du 18 au 21 août . Avec, au programme, une dizaine de spectacles et environ quatre-vingt autres de compagnies dites de passage « dans des lieux clos, contrôlables et répondant aux protocoles sanitaires et sécuritaires« . Une annulation aux motifs assez flous: « raisons liées au maintien de la sécurité et de l’ordre public à Aurillac, renforcées par une situation sanitaire de nouveau préoccupante«
En remplacement, juste quelques petits spectacles du 12 au 21 août (voir Le Théâtre du Blog) dans une vingtaine de villages du Cantal au Nord comme au Sud. Ce qui s’appelait auparavant Préalables a été rebaptisé Champ libre. Les compagnies de théâtre de rue estiment injuste que le festival ait été annulé. Et la Fédération nationale des arts de la rue n’a pas voulu être mise devant le fait accompli, après la décision de la Préfecture et a décidé de mettre sur pied une Grande Manifestive qui, elle a été a été autorisée
Argument souvent entendu : pourquoi les festivals d’Avignon et de Cannes ont-ils pu avoir lieu et pas celui d’Aurillac ? Comparaison n’est pas toujours raison et ces manifestations n’ont pas lieu dans la rue ou dans un espace public… Et le centre-ville est ici assez petit et toujours bourré de monde. Mais on aurait pu imaginer un festival plus limité dans quelques lieux, comme la grande salle du Parapluie situés à la périphérie de la ville pour éviter les rassemblements. Oui, mais voilà, comment résoudre l’insoluble? Installer un espace sécurisé avec des centaines de vigiles un peu partout, revient à des milliers d’euros, avec des blocs de béton pour interdire la circulation, des consignes pour les sacs à dos, etc. D’autant que cette année, le passe sanitaire est exigé partout y compris aux terrasses des cafés d’Aurillac et dans les villages alentour.
Cette déambulation artistique est partie de la place Michel Crespin juste derrière le cinéma et s’est ensuite poursuivie par la place puis la rue des Carmes, la place du square et la rue Gambetta. Affichage un peu partout de l’arrêté municipal annonçant le parcours autorisé. Une grande Marianne venue d’Ile-de-France de six mètres de hauteur en plaque de fer avec, découpée sur son sein gauche, la mention: «L’Art est public ». Montée sur un grue-tracteur et manipulée par fils par des assistants marchant autour : un beau boulot de sculpture mobile.
Quelques prises de parole place Michel Crespin devant quelque mille personnes qui, après, ont suivi ce cortège de protestation. « L’Art est public » : une revendication orale et écrite que l’on retrouvera sur des pancartes, bandeaux jaunes et T shirts. Il y a un piano à queue monté sur grosse roues où son interprète accompagne un chanteur, et, en haut d’une sorte de tribune montée sur roues le comédien Gildas Puget (voir Le Théâtre du Blog ) et une autruche géante avec bec en bois, cou et grandes ailes très mobiles commandés depuis une nacelle. Et de nombreux fumigènes rouges lancés sur tout le parcours. Atmosphère bon enfant et pas la moindre casquette de police ou le moindre casque de C.R.S. en vue, juste une camionnette de la municipalité pour interdire une rue. Le public ? De nombreux jeunes et surtout des metteurs en scène et acteurs du théâtre de rue. Et bien entendu, Jean-Luc Prévost, président de la Fédération nationale des arts de la rue qui ne comprend pas les raisons précises de cette annulation, de nombreux photographes professionnels et amateurs, et Jean-Marie Songy, l’ancien directeur du festival venu en spectateur…
Le cortège est allé comme prévu jusqu’à la place de l’hôtel de ville en plein centre ville. Et la suite? Cette manif bon enfant aura-t-elle un écho au Ministère de la Culture? On peut en douter mais faudra-t-il encore rebattre les cartes pour la prochaine édition de ce festival, un des plus importants d’Europe?
Philippe du Vignal