Les Merveilles, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre

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Les Merveilles ©-Martin-Argyroglo-1

Les Merveilles, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre, d’après Empédocle, Ovide, Pline l’Ancien, Jean de Mandeville…

 Que se passe-t-il quand un Blemmie, rencontre un Sciapode et un Panotii ? Ce week end, où la compagnie Clédat et Petitpierre investissait l’Atelier de Paris, avec six spectacles, notamment avec Les Baigneurs (voir le Théâtre du blog), ces sculpteurs, performeurs et chorégraphes ont ouvert pour nous le Livre de Merveilles de Marco Polo. Parmi les enluminures de l’ouvrage, figurent des créatures imaginaires du bestiaire antique et médiéval, qui font partie de ces monstres aux corps composites, décrits par Pline l’Ancien et dans maints récits de voyages d’autrefois.

Après les yétis hirsutes, les santons suisses, les bonhommes de neige, une sculpture d’Alberto Giacometti, une Vénus stéatopyge, Yvan Clédat et Coco Petitpierre donnent vie à trois personnages surprenants, dans un paysage luxuriant de leur fabrication : « Nous voulons, disent-ils, nous intéresser à cette petite tribu aux corporalités perturbées. Et créer sur scène un espace qui, biotope plastique, sculptural et sonore, sera le cadre rêvé et poétique dans lequel se construira notre imaginaire. »

 Ainsi le Panotii a d’immenses oreilles dans lesquelles il s’enveloppe comme une huître, le Sciapode, lui, a un pied unique qui l’encombre mais lui fait de l’ombre et le Blemmie, acéphale, porte son visage sur son torse. Ces presque humains, évoluent parmi les feuilles et les tiges géantes : une nature bienveillante et protectrice. Nulle animosité entre ces monstres gentils dans ce petit paradis terrestre. Sylvain Prunenec, Erwan Ha Kyoon Larcher et Sylvain Riéjou se déplacent comme ils peuvent, dans leur corps de latex, portant leurs « déformations » avec grâce, et se livrent à des activités ludiques.  Le sol par un dispositif sophistiqué de capteurs, résonne et vibre au moindre de leurs mouvements.

 En artisans de la scène, ces chorégraphes et leurs danseurs nous plongent dans une fantasmagorie charmante de générosité et douce folie, avec un humour sous-jacent que nous avons aussi trouvé dans la performance suivante : Panique! .

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© y.clédat

 Panique!, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre

 Dans le manège du centre équestre de la Cartoucherie, trône un être pansu et velu, affublé de cornes et de sabots dorés. Tronc d’homme, arrière-train de bouc, il est juché sur un rocher vêtu de feuilles d’or, une nature artificielle et sophistiquée qui contraste avec la rusticité du personnage. Dans la pénombre enfumée et l’odeur des chevaux, Olivier Martin Salvan incarne le dieu Pan. Mais pas de panique! Il déploie son impressionnante corpulence avec une bonhommie fantasque, entre siestes, colères et pulsions lubriques. Ce demi-dieu, protecteur des bergers et troupeaux, indifférent à la présence du public, manie sans délicatesse son attribut favori, la flûte, indissociable de son iconographie et dont l’origine nous est contée par Ovide dans Les Métamorphoses… Après des bêlements caprins, un ultime clin d’œil musical dans ce solo de trente minutes : quelques notes du Prélude à l’après midi d’un faune de Claude Debussy, qui renvoie au ballet de Vaslav Nijinski.

Autant d’évocations portées avec talent par la présence hors-normes de l’interprète qui instaure avec distance une complicité immédiate avec les spectateurs. Les metteurs en scène opposent savamment nature et culture, en développant l’animalité de la danse et les dorures du décor et du costume, sa trivialité burlesque et une sorte de mélancolie qui renvoie aux vers sophistiqués de Stéphane Mallarmé : « Bien seul je m’offre pour triomphe la faute idéale des roses »… Avec ou sans références, chacun y trouvera son compte.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 5 septembre, Atelier de Paris, Cartoucherie de Vincennes. 

 Les Merveilles : du 30 novembre au 2 décembre, La Villette,  Paris (XlX ème ); du 21 au 23 janvier, La Halle aux Grains,  Blois (Loir-et-Cher) ; le 24 mars L’Echangeur CDCN + La Faïencerie,  Creil (Oise) ; du 7 au 9 avril, Les Subsistances, Lyon (Rhône) ; du 12 au 14 mai , Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

 Panique! Le 22 janvier Le CentQuatre , Paris (XlX ème).

 

 


Archive pour 10 septembre, 2021

Les Merveilles, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre

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Les Merveilles ©-Martin-Argyroglo-1

Les Merveilles, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre, d’après Empédocle, Ovide, Pline l’Ancien, Jean de Mandeville…

 Que se passe-t-il quand un Blemmie, rencontre un Sciapode et un Panotii ? Ce week end, où la compagnie Clédat et Petitpierre investissait l’Atelier de Paris, avec six spectacles, notamment avec Les Baigneurs (voir le Théâtre du blog), ces sculpteurs, performeurs et chorégraphes ont ouvert pour nous le Livre de Merveilles de Marco Polo. Parmi les enluminures de l’ouvrage, figurent des créatures imaginaires du bestiaire antique et médiéval, qui font partie de ces monstres aux corps composites, décrits par Pline l’Ancien et dans maints récits de voyages d’autrefois.

Après les yétis hirsutes, les santons suisses, les bonhommes de neige, une sculpture d’Alberto Giacometti, une Vénus stéatopyge, Yvan Clédat et Coco Petitpierre donnent vie à trois personnages surprenants, dans un paysage luxuriant de leur fabrication : « Nous voulons, disent-ils, nous intéresser à cette petite tribu aux corporalités perturbées. Et créer sur scène un espace qui, biotope plastique, sculptural et sonore, sera le cadre rêvé et poétique dans lequel se construira notre imaginaire. »

 Ainsi le Panotii a d’immenses oreilles dans lesquelles il s’enveloppe comme une huître, le Sciapode, lui, a un pied unique qui l’encombre mais lui fait de l’ombre et le Blemmie, acéphale, porte son visage sur son torse. Ces presque humains, évoluent parmi les feuilles et les tiges géantes : une nature bienveillante et protectrice. Nulle animosité entre ces monstres gentils dans ce petit paradis terrestre. Sylvain Prunenec, Erwan Ha Kyoon Larcher et Sylvain Riéjou se déplacent comme ils peuvent, dans leur corps de latex, portant leurs « déformations » avec grâce, et se livrent à des activités ludiques.  Le sol par un dispositif sophistiqué de capteurs, résonne et vibre au moindre de leurs mouvements.

 En artisans de la scène, ces chorégraphes et leurs danseurs nous plongent dans une fantasmagorie charmante de générosité et douce folie, avec un humour sous-jacent que nous avons aussi trouvé dans la performance suivante : Panique! .

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© y.clédat

 Panique!, mise en scène d’Yvan Clédat et Coco Petitpierre

 Dans le manège du centre équestre de la Cartoucherie, trône un être pansu et velu, affublé de cornes et de sabots dorés. Tronc d’homme, arrière-train de bouc, il est juché sur un rocher vêtu de feuilles d’or, une nature artificielle et sophistiquée qui contraste avec la rusticité du personnage. Dans la pénombre enfumée et l’odeur des chevaux, Olivier Martin Salvan incarne le dieu Pan. Mais pas de panique! Il déploie son impressionnante corpulence avec une bonhommie fantasque, entre siestes, colères et pulsions lubriques. Ce demi-dieu, protecteur des bergers et troupeaux, indifférent à la présence du public, manie sans délicatesse son attribut favori, la flûte, indissociable de son iconographie et dont l’origine nous est contée par Ovide dans Les Métamorphoses… Après des bêlements caprins, un ultime clin d’œil musical dans ce solo de trente minutes : quelques notes du Prélude à l’après midi d’un faune de Claude Debussy, qui renvoie au ballet de Vaslav Nijinski.

Autant d’évocations portées avec talent par la présence hors-normes de l’interprète qui instaure avec distance une complicité immédiate avec les spectateurs. Les metteurs en scène opposent savamment nature et culture, en développant l’animalité de la danse et les dorures du décor et du costume, sa trivialité burlesque et une sorte de mélancolie qui renvoie aux vers sophistiqués de Stéphane Mallarmé : « Bien seul je m’offre pour triomphe la faute idéale des roses »… Avec ou sans références, chacun y trouvera son compte.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 5 septembre, Atelier de Paris, Cartoucherie de Vincennes. 

 Les Merveilles : du 30 novembre au 2 décembre, La Villette,  Paris (XlX ème ); du 21 au 23 janvier, La Halle aux Grains,  Blois (Loir-et-Cher) ; le 24 mars L’Echangeur CDCN + La Faïencerie,  Creil (Oise) ; du 7 au 9 avril, Les Subsistances, Lyon (Rhône) ; du 12 au 14 mai , Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

 Panique! Le 22 janvier Le CentQuatre , Paris (XlX ème).

 

 

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