Jeunes Pousses 2021 à la Maison Maria Casarès

Jeunes Pousses 2021 à la Maison Maria Casarès

 

IMG_5475

© M.D.

«C’est la dernière fois que nous visitons le “Logis“ tel que l’a laissé Maria Casarès, quand elle a légué le domaine de la Vergne à la commune d’Alloue, un bourg de cinq cents habitants, pour “remercier la France d’avoir été une terre d’asile“ « , dit Johanna Silberstein, codirectrice avec Mathieu Roy, de ce lieu devenu centre culturel de rencontres. »

De nécessaires travaux sont envisagés et une installation de l’artiste Joël Andrianomearisoa vient, avant les transformations, mettre en perspective, avec sensibilité et poésie les traces de vie qu’a laissées la grande artiste. Pour ne jamais rencontrer la dernière heure. Sur un mur de l’entrée, est exposée une infinité de clefs, à l’image de celle de la porte principale :  » Des clefs vers l’infini, qui, sans clore le passé ouvrent sur l’avenir, commente Johanna Silberstein ».

Dans le salon, par un jeu d’ombre et de lumière, Luce i Sombre de la luce fait valoir la double personnalité de cette femme qu’Albert Camus surnommait «mon Soleil». On lit, dans l’ameublement, ses aspirations solaires et son attirance pour l’ombre, comme en témoigne le crâne humain qui trône aux côtés de son Molière en cuivre doré, obtenu en 1989 pour son interprétation d’Hécube dans la pièce éponyme d’Euripide… Plus loin, cent-vingt roses noires célèbrent les cent-vingt rôles qu’elle joua… Et dans le bureau, une série de livres identiques, intitulés Alberto le monde et moi, renferme, entre leurs pages blanches, deux fragments de la correspondance amoureuse de l’écrivain et de la comédienne: Albert Camus signait ses lettres Alberto… Dernière étape de la visite : la bibliothèque rouge et noire, au seuil de laquelle on peut lire : « Let me find you in my dreams, you are the dead tree of my new life» (Laisse-moi te retrouver dans mes rêves, tu es l’arbre mort de ma vie nouvelle). Signe qu’auprès du fantôme de Maria Casarès, plane celui de l’écrivain… Cette œuvre sobre et inspirée de Joël Andrianomearisoa fait apparaître ces ombres errantes.

 

Mais loin de la nostalgie, le projet artistique des directeurs, en fonction depuis 2017, se tourne vers l’avenir avec l’opération Jeunes Pousses (voir Le Théâtre du Blog). Outre le festival d’été qui allie créations théâtrales, patrimoine et gastronomie et a reçu cette année plus de 4.000 visiteurs, dont la moitié venus des alentours, ils veulent mettre  créer de nouvelles générations de créateurs. Dans la verdure, et au chant discret de la Charente, a lieu, avec un an de retard, la quatrième édition de Jeunes Pousses qui aurait dû se tenir en 2020. Les projets ont donc été choisis en 2019 par un jury de professionnels, avec l’aide de l’Office artistique de la Région Nouvelle  Aquitaine et des institutions publiques qui soutiennent cette pépinière de talents.
Des metteurs en scène, sortis des écoles de théâtre il y a moins de cinq ans présentent, après un mois de résidence à la Maison Maria Casarès, un extrait de quarante minutes d’un spectacle. Cela permet aux équipes de tester leur travail en public et de susciter l’intérêt de nombreux programmateurs et professionnels régionaux comme nationaux venus pour une journée-marathon, avec débats. Cette année, avec quatre propositions, chacune à un stade de réalisation plus ou moins avancé…

Dans la grange aménagée en théâtre et ouverte sur la nature, à la salle des fêtes de Confolens et à La Canopée de Ruffec, ces jeunes équipes, dont deux menées par des femmes, ont pu mettre à l’épreuve leurs projets, avec des moyens techniques simples mais suffisants. Mais il s’agit d’ébauches où une ligne se dessinera ou pas. Avec le risque de mesurer qu’elles sont prêtes ou pas, et qu’il leur faut peut-être laisser reposer les matériaux accumulés au fil des séances de travail. Mais les échanges avec un public attentif à ces propositions leur seront bénéfiques.

Vert territoire Bleu de Gwendoline Soublain mise en scène par Marion Lévêque,

jp1

© Joseph Banderet

Une dystopie inspirée à l’auteur par le désastre de Fukushima. Deux adolescents fuient une société totalitaire et se réfugient dans une zone interdite irradiée . Au sein d’une nature corrompue mais luxuriante, ils essayent de faire couple et société, dans la maison délabrée d’un vieillard immobile, « sans mots mais pas crevé ».

Avec une langue lapidaire et rêche et des phrases à l’emporte-pièce souvent sans verbes ou coordinations, Lauriane Mitchell et Yoann Juneau incarnent N.  et K. avec talent, devant le mannequin momifié du vieil homme.

Marion Lévêque a rencontré l’autrice à l’E.N.S.A.T.T. de Lyon et construit son projet -déjà bien avancé- avec la perspective de le créer au Théâtre des Clochards Célestes à Lyon, du 22 au 26 juin prochain, après une résidence au Globe Théâtre de Bordeaux.

210909_JB-0353-HD

© Joseph Banderet

 Eugen est une pièce de jeunesse de Tankred Dorst (1925-2017), écrite pour marionnettes à l’instar de cinq autres, également oubliées et inédites. Youn Leguern-Herry l’a découverte lors de ses études à l’Ecole Nationale Supérieure de Lyon et l’a traduite puis a rencontré le vieil auteur munichois peu avant sa mort. Il se souvenait à peine de ces saynètes…

Dans ce drame à stations, un jeune homme, en quête d’un Humain, va rencontrer des personnages incongrus dont le cynisme n’aura pas raison de sa naïveté…  La mise en scène est  fondée sur le dédoublement du héros qui apparait parfois comme une silhouette de théâtre d’ombres derrière l’écran parfois à l’avant-scène, comme une grande marionnette habitée.  L’esthétique trop fruste de cette grande poupée portée tranche avec les figurines stylisées conçues par Antoine Rigaud qui s’animent devant des crayonnés naïfs. Devant ou derrière le castelet, la pièce doit encore trouver sa cohérence entre réalisme, burlesque et fantasmagorie. Pour l’heure, la metteuse en scène et ses comédiennes, Elise Rale et Rose Guillon, sont en recherche de résidence.

Hervé Guibert d’après le roman A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie mise en scène d’Arnaud Vrech

jp3

© Joseph Banderet

L’autofiction où Hervé Guibert raconte la mort de son ami philosophe, sa propre maladie et ses espoirs de traitement promis par un ami américain, a inspiré à Arnaud Vrech et ses comédiens, des partis-pris radicaux. Pour entrer dans le texte, Clément Durand, Cécile Steiner et Johann Weber ont inventé un jeu de rôles où chacun décline un : «J’ai un don», avant d’endosser un personnage du roman, marquant ainsi la lisière entre la fiction et sa fabrication.  » Ce qui nous attire, c’est la façon de l’auteur d’avoir joué sur les limites de la fiction sur sa propre vie.»

Dans un non-décor,  quatre chaises banales évoquent une salle d’attente d’hôpital ou autres lieux neutres… Le montage respecte la chronologie de l’histoire, mêlant des scènes-flashs et de longs récits dont le centre est la figure d’Hervé Guibert. Trois moments clefs: la mort de Musil (Michel Foucault), l’intervention d’Isabelle Adjani démentant les rumeurs selon lesquelles elle aurait le sida et, enfin, les mensonges de Bill, personnage fictif : cet ami qui ne lui a pas sauvé la vie… Le parti-pris consiste ici à approcher le réel : quelques accessoires et des costumes endossés à vue soulignent la fabrication des personnages, tels qu’inventés par l’auteur à partir de sa propre réalité. Ce travail prometteur opère une distance ironique par rapport à cette histoire et la raccorde à notre actualité épidémiologique, tout en respectant l’esprit des années sida et l’écriture d’Hervé Guibert, aux longues phrases souvent tortueuses et complexes, sur un ton à la Thomas Bernhard…

210909_JB-0849-HD

© Joseph Banderet

Les Nuits blanches de Fiodor Dostoïevski, mise en scène de Mathias Zakhar

Nous avions rencontré ce jeune metteur en scène lors des Croquis de voyage proposés par l’Ecole du Nord en 2017 (voir Le Théâtre du blog): en un mois il avait descendu le Danube jusqu’au kilomètre zéro, son embouchure, et était revenu avec un remarquable solo.

Une passion d’adolescent pour Dostoïevski et son envie de travailler avec Charlie Fabert et Anne Duverneuil, qu’il côtoie dans Le Nid de cendres de Simon Falguières (voir Le Théâtre du Blog), ont motivé son choix pour ce texte de jeunesse du romancier russe, traduit par André Markowicz. Une histoire d’amour et de désillusion à l’aune d’un imaginaire sombre et fantastique. Lui est un rêveur, Elle, une solitaire emprisonnée qui attend depuis un an le retour de celui qui la rendra libre. Ils se rencontrent au bord d’un canal et vont se donner rendez-vous chaque nuit, sur un banc, à la même heure….

Dans cette nouvelle, écrite en 1848, vingt ans avant Crime et Châtiment, Dostoïevski ne veut pas encore céder à la douleur terrestre, même si nous reconnaissons son sourire froid dans ce narrateur qui se souvient de cette «nuit de conte» et rit de ses tourments sentimentaux. Ici, une douce mélancolie, teintée d’humour tendre, enveloppe un univers glauque de ponts, rues étroites et brumeuses. La réalité reprendra ses droits à l’aube du dernier songe. Mais, conclut le rêveur désillusionné: «Une pleine minute de béatitude ! N’est-ce pas assez pour toute une vie d’homme ? ».

Dans un dispositif bifrontal: un banc mobile sur roulettes pour donner la sensation de mouvement et un écran où se projettent les rêves, lambeaux de vieux films en noir et blanc… Avec cette maquette, le metteur en scène nous présente la deuxième nuit : «J’ai décidé de vous connaître dans les moindres détails », dit la jeune fille mais l’homme n’a rien à raconter. Il ne sait que rêver… Il va s’éprendre d’elle comme d’une illusion… Ce projet, peu avancé, nous a laissé dans l’expectative, même si l’on ne doute pas de la qualité des comédiens et du metteur en scène… Il nous promet une plongée dans le cinéma, pour la dernière nuit que l’on pourra découvrir à la prochaine étape de travail, en résidence au Théâtre du Nord, à Lille, en novembre…

Après quatre ans de ces Jeunes Pousses, Johanna Silberstein et Matthieu Roy ont réussi un pari: «A la Maison Maria Casarès, disaient-ils, nous ne voulons pas de créations collectives mais des metteurs en scène. » Face à la disparition de textes d’auteur au profit d’ «écritures de plateau», ils souhaitent remettre au centre le texte littéraire ou dramatique, comme ici avec des auteurs de théâtre : Tankred Dorst et Gwendoline Soublin et les adaptations des romans  d’Hervé Guibert et Fiodor Dostoïevski.
Autre constat : selon les directeurs, un an ne suffit pas pour faire vivre un spectacle. Les jeunes pousses ont besoin d’une diffusion pour s’implanter dans la durée. Tous les brouillons présentés à la Maison Maria Casarès ont pourtant été finalisés et sept des compagnies reçues en 2017 et 2018, continuent leur route avec leur création et même, pour certaines, avec une nouvelle mise en scène… Quant aux spectacles de l’édition 2019, il faudra les suivre dans le contexte actuel …On a pu voir cependant, au festival d’été
C.r.a.s. h. de Sophie Lewisch, dont avait été créée une ébauche aux Jeunes Pousses 2019. 
Pour donner une meilleure visibilité à ces projets, il a été décidé, en accord avec l’O.A.R.A. qui soutient ce dispositif, que Jeunes Pousses deviendrait biennal avec un année consacrée à des maquettes et l’autre, à la présentation des spectacles finis…

L’ O.A.R.A. a proposé dans le cadre de cette journée une performance, mise en scène par Laurent Hatat avec de jeunes artistes issus de plusieurs disciplines et en compagnie pour l’occasion. Ils ont ainsi interprété un texte tiré d’une étude sociologique intitulée REACT (Remettre l’Art au Cœur du Travail) sur les rapports entre les artistes et leurs interlocuteurs: personnels des théâtres, directeurs, programmateurs, producteurs, tutelles…

Cette enquête s’appuie sur l’étude ergonomique des relations entre l’humain et son travail :conditions matérielles, charge de travail, rôle de la hiérarchie, rapports de pouvoir… L’autrice Louise Emö s’est emparée des paroles recueillies auprès des différents corps de métier pour faire ressortir la complexité des relations entre artistes et décideurs. Ce premier «rapport performé» reste à l’état de brouillon mais le public a pu reconnaître les postures évoquées avec humour par les interprètes. On constate ce que l’on sait déjà : la fragilité et les attentes des artistes. Jeunes Pousses, y répond à sa façon. A suivre…

 Mireille Davidovici

 Le 9 septembre, Maison Maria Casarès, Domaine de la Vergne, Alloue (Charente). T. : 05 45 31 81 22 et à la Canopée, Place du Jumelage, Ruffec, et à la Ferme Saint-Michel de Confolens, 7 place de la Chapelle de Foire, Saint-Michel de Confolens (Charente).

 

 


Archive pour 12 septembre, 2021

La Chienne de ma vie, de Claude Duneton, adaptation d’Aladin Reibel

La Chienne de ma vie de Claude Duneton, adaptation d’Aladin Reibel

©x

©x

 Ne pas confondre : il s’agit bel et bien de Rita, la chienne d’enfance du narrateur. Rita, c’est la liberté de l’animal inapte à tout dressage comme ce petit garçon, indocile et joyeux, «Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ! Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ! ». Entre un père qui garde dans les yeux les morts de la «grande guerre» et une mère exaspérée dans la France paysanne au milieu du vingtième siècle où «tout est à bras et huile de coude » et où c’est quand même une «chienne de vie». Claude Duneton s’en souvient, comme la merveille qu’était l’eau courante, quand on a connu, au mieux, la pompe à bras ou au pire, les seaux à tirer du puits et la glace qu’il faut casser dans sa cuvette le matin pour se laver.

Par la grâce d’un tournage qu’ils ont partagé, Aladin Reibel a rencontré l’auteur. Une vraie rencontre, d’écriture et d’amitié, presque de filiation. Calude Duneton est mort en 2012, à soixante-seize ans. Aurait-il pu faire mieux avec la vie dure où il a grandi ? En tout cas, l’ «alchimiste de la mélancolie» aura toujours su «transformer le plomb de sa tristesse, en or de la rigolade, muer sa détresse et sa neurasthénie en occasions de se boyauter, métamorphoser la dèche en traits d’esprits» écrivait Jean-Claude Raspiengas, dans La Croix, mars 2012). Produit – imprévisible- de la «méritocratie républicaine», Claude Duneton a saisi un destin hors du commun et une œuvre d’amoureux de la langue. Il ne faut pas oublier.

Mise en scène très simple d’Élodie Chanut: table en bois avec toile cirée, rares meubles dépareillés, photos de famille. Aladin Reibel lui donne sa voix, pleine, précise et son allure qui commence à prendre des airs à la Jean Gabin. L’accordéon de Michel Glasko lui répond, d’une mélancolie plus contemporaine. Un beau moment, profond et drôle et une occasion de ne pas oublier ce pays rural et pauvre, qu’on ne reconnaît plus aujourd’hui derrière la P.A.C., les emprunts au Crédit Agricole et une terre aussi menteuse sous le poids des engrais chimiques, que celle du Maréchal Pétain qui prétendait lui, qu’elle ne mentait pas.

Ici, la leçon d’histoire est vive, rapide, sensible, pleine d’un humour qui touche juste, puisque c’est Claude Duneton qui la donne et Aladin Reibel qui la dit. Pour ces soirées-là, le petit théâtre-cabaret qui les accueille, mérite bien son nom : Les Rendez-vous d’ailleurs.

Christine Friedel

Les Rendez-vous d’ailleurs, 109 rue des Haies, Paris (XX ème) les jeudis, vendredis et samedis jusqu’au 27 novembre.

Claude Duneton: La Chienne de ma vie, éditions Buchet-Chastel, 2007. Et deuxième édition, revue et augmentée, de La Puce à l’oreille : anthologie des expressions populaires avec leur origine , Paris, Balland, 2001.

 

 

 

Correspondance avec la Mouette d’Anton Tchekhov et Lika Mizinova. traduction, adaptation et mise en scène de Nicolas Struve

Correspondance avec la Mouette d’Anton Tchekhov et Lika Mizinova. traduction, adaptation et mise en scène de Nicolas Struve

Il faudrait ajouter un sous-titre : «C’est avec plaisir que je vous ébouillanterais », une phrase vigoureuse de cette correspondance et qui donne le ton. Lui, à vingt-neuf ans, est déjà un écrivain reconnu. Et elle, à dix-neuf ans, une beauté célèbre dans les milieux artistiques et la bohème brillante. Elle se prépare à devenir cantatrice. Flirt, agaceries, provocations, amitié : on ne sait pas trop comment ils étaient ensemble, mais à distance, par correspondance, cela flambe, crépite, fait mal et c’est jouissif. Plus chien et chat, que chat et souris (et réciproquement), ils se ressemblent trop pour s’assembler. Ecorchés, prétendant l’un et l’autre être insensibles, alors que leur vulnérabilité éclate dans leurs excès de langage mêmes, dans leur humour caustique, ravageur. Et pourtant il y a du désir, là-dedans, oh ! Combien !

©x

©x

Pour autant, que faire d’un Anton Tchekhov accablé par son travail de médecin et d’écrivain payé à la ligne, portant sa famille sur ses épaules ? Lika (Lidia) tombe « définitivement amoureuse » d’Ignaty Potapemko, un autre écrivain célèbre à l’époque mais reproche à son correspondant : «Vous vous débrouillez toujours pour vous débarrasser de moi et me jeter dans les bras d’un autre »… Pour la suite, voir La Mouette… Lika attend un enfant de son écrivain célèbre mais il l’abandonne,l’enfant meurt et elle ira chanter dans les opéras de province…

Obsédé comme son personnage d’écrivain Trigorine par l’obligation quotidienne et incessante d’écrire, écrire, écrire, Anton Tchekhov vampirise sa vie et celle de se proches : La Mouette suit de près son aventure ( sur neuf années, quand même !) avec Lika. Mais connaître l’histoire de Lika donne un nouvel éclairage à la pièce tant de fois jouée et confirme la double image que Tchekhov y donne de lui. Il est bien le Trigorine de La Mouette, cet auteur célèbre fatigué qui a besoin de vacances et pourquoi pas, avec sa bonne vielle copine actrice, mais aussi d’excitation et de fraîcheur auprès de Nina, cette jeune débutante naïve. Oui, il est aussi Treplev, peu sûr de son talent, angoissé, mal à l’aise. Mais surtout, bien qu’il soit, pour son époque, un homme mûr, cette correspondance lui rend une incroyable jeunesse, et donne à la pièce et à sa famille de personnages un caractère terriblement concret.

Nicolas Struve et ses interprètes : Stéphanie Schwartzbrod et David Gouhier, ont trouvé des solutions originales pour jouer cet échange de lettres tout feu, tout flamme et tout glace,. Sortant de l’adresse au public « en parallèle », ils ont mis en point avec la chorégraphe Sophie Mayer, la danse de leurs bagarres et de leurs désirs. Il se heurtent, se bousculent, cavalent, et puis de loin, calmés, osent dire leur mélancolie, avant de repartir au combat. La scène est un chantier, où, sur des toiles tendues, ils inscrivent à l’eau les points de repères de leur histoire à épisodes. Et bien sûr, tout s’efface au fur et à mesure : « La vie passe », dirait Anton Tchekhov…

Cela est-il vraiment arrivé ? Dans les biographies de l’écrivrain, Lidia ou Lika existe à peine, alors qu’elle jouit de sa propre célébrité. Mais restent ces lettres si vivantes, si fortes qu’on peut tout inventer à partir de cette correspondance recherchée avec obstination et trouvée par Nicolas Struve. À voir dès que possible mais aussi à lire*.

Christine Friedel

Théâtre de la Reine Blanche, 2 bis passage Ruelle, Paris (XVIII ème), les mardis, jeudis et samedis, à 21 h jusqu’au 9 Octobre. T.01 40 05 06 96 – reseration@scenesblanches;com

*Correspondance  à paraître aux éditions Arléa, le 9 octobre.

 

 

 

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...