Skylight de David Hare, traduction de Dominique Hollier, mise en scène de Claudia Stavisky
Skylight de David Hare, traduction de Dominique Hollier, mise en scène de Claudia Stavisky
Un loft sommairement meublé en hiver: buée sur les vitres, neige… Edward fait irruption chez Kyra, une jeune femme qui mène une existence austère au nord de Londres et qui enseigne à des enfants de quartiers défavorisés. Ce jeune garçon vient demander son aide à cette amie de la famille car il ne supporte plus son père Tom, déprimé après le décès de sa femme. La cinquantaine glorieuse, ce restaurateur fortuné, self made man, débarque à son tour et essaye de reconquérir Kyra avec qui il a eu une liaison secrète…
Après avoir monté Skylight en chinois au Shanghai Dramatic Arts Center, Claudia Stavisky récidive avec cette fois, une version en français. « La pièce raconte comment des différences idéologiques empêcheront les ex-amants de se retrouver et comment leur expérience respective de la vie, exclura toute possibilité de voir renaître la relation qui les a unis. David Hare s’inscrit dans la tradition d’un théâtre anglo-saxon «réaliste » et, en « commentateur des maux du capitalisme moderne » comme il se qualifie lui-même, il porte un regard critique sur la société. Dans cette pièce de facture classique écrite en 1990, il évoque, le temps d’une nuit, les retrouvailles de ces anciens amants et le fossé qui sépare deux conceptions du monde, dans une Angleterre thatchérienne où la financiarisation économique a amplifié la fracture sociale…
Tom et Kyra ressassent leurs contradictions idéologiques et l’action peine à avancer, en se perdant dans les méandres de la psychologie et des arguments répétitifs. Malgré la cruauté intrinsèque de la situation, règne un certain pathos dans cette pièce, moins puissante que d’autres de David Hare… Et les mots d’auteur/clins d’œil ironiques, sont un brin complaisants. Dans le décor dépouillé de Barbara Kraft, se joue un mélo plus qu’une tragédie. La mise en scène, rigoureuse et maîtrisée, tire parfois le spectacle vers l’anecdotique et le naturalisme : on allume un radiateur électrique, on fait cuire des pâtes, ou couler un bain…
Patrick Catalifo joue Tom, homme d’affaires conquérant mais fragile et Marie Vialle, Kyra cette militante naïve et sincère. Ils donnent épaisseur et nuances à cette pièce linéaire et sans relief. Sacha Ribeiro (Edward) apporte la fraîcheur et la fougue de sa jeunesse.
Le public, lui, ne boude pas son plaisir grâce à ces bons interprètes et les thèmes abordés sont ceux de nos débats actuels. « On pourrait penser que j’ai commandé cette pièce la semaine dernière! dit Claudia Stavisky. Skylight parle du démantèlement du service public, un thème déjà présent en Angleterre, il y a vint ans »
Mireille Davidovici
Jusqu’au 5 octobre, Théâtre des Célestins, 4 rue Charles Dullin, Lyon (II ème). T. : 04 72 77 40 00.
Les 26 et 27 mars, Théâtre de l’Archipel, Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Du 11 au 29 mai, Théâtre du Rond Point, Paris (VIII ème)