Festival du Jardin Suspendu à Dijon Miniature/Kiosk Théâtre, mise en scène et interprétation de Maëlle Le Gall

 

Festival du Jardin suspendu à Dijon

Miniature/Kiosk Théâtre, mise en scène et interprétation de Maëlle Le Gall

Formée aux arts de la marionnette d’abord au Théâtre aux mains nues à Paris, puis à l’Académie d’Art de Turku (Finlande), Maëlle Le Gall travaille sur un théâtre visuel qui n’est pas fondé sur un texte. Guidée par l’émotion et la sensation, elle développe un travail d’artiste qui lui permet d’aller toujours plus loin dans son rapport à la matière, aux couleurs et aux volumes. Elle met également en jeu ses marionnettes et celles des autres pour des histoires qui se racontent dans des théâtres, une caravane ou dans la rue. Il y a une proximité entre le corps vivant de cette manipulatrice et actrice, et celui de la marionnette avec un dialogue qui nous permet de voir au dedans, et au-delà de l’être. Le Kiosk Théâtre, basé à Chalon-sur-Saône est né en 2014 sous l’impulsion de Maëlle Le Gall, Marine Roussel et Romain Landat. Maëlle Le Gall en a pris la direction artistique.

 

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Elle poursuit son travail de recherche sur les écritures de la marionnette, la narration et le geste. La rencontre avec des musiciens est déterminante dans les nouvelles créations de la compagnie qui invente un théâtre de marionnettes qui se construit par l’image. La marionnette étant un catalyseur pour nous faire passer dans un autre monde qui nous attire irrésistiblement. Avec cette forme courte de quinze minutes pour treize spectateurs qu’elle a créée en 2015, cette créatrice met en scène des personnages en papier découpé et quelques objets. Cet entre-sort joué dans une caravane avec mini-gradins et coussins,  commence avec une question écrite et posée aux spectateurs : «Que seriez-vous prêt à sacrifier pour séduire les autres? » Il ne s’agit pas ici de séduction amoureuse mais sociale. Le personnage principal, un petit garçon solitaire vit seul avec sa mère dans une maison bourgeoise. Il n’a pas d’amis et passe son temps à observer deux fillettes qui jouent à la balle. Un jour, sa mère lui offre un drôle de cadeau… qui deviendra sa « nouvelle amie « . Mais la jalousie et la manipulation des fillettes auront raison de cette relation atypique…

 Maëlle Le Gall captive aussitôt le public grâce à un ancrage puissant dans la réalité et personne ne peut rester insensible à cette histoire singulière qui touche à l’universel et qui va du rire, aux larmes, de la clownerie, au drame. La dure réalité de la vie et de l’apprentissage peut faire grandir les enfants qui assistent au spectacle. Mais maintenir comme dans cette caravane l’attention pendant quinze minutes est un défi, relevé ici de façon magistrale. Dramaturgie précise, narration allant toujours à l’essentiel avec des séquences répétées comme « le jeu de balle» pour intensifier la tension dramatique. Et la scénographie a été conçue pour l’espace restreint de cette caravane plongée dans le noir où une petite table sert de scène. Avec pour tout éclairage, deux lampes d’architecte équipées d’un variateur de lumière pour des effets de fondu… La metteuse en scène utilise des silhouettes découpées, en noir et blanc de différentes échelles, évoquant des souvenirs abimés par le temps mais encore bien présents dans les mémoires !

Ici, tout est dans la subtilité esthétique des détails, comme ces éléments mobiles qui transforment les silhouettes pour faire la transition entre les scènes. Il y aussi quelques objets comme une petite balle rouge (seul point de couleur qui va cristalliser le drame), des plumes ou une marionnette à doigts.  Et une bande-son discrète mais efficace soutient le travail de Maëlle le Gall qui  manipule ces éléments sans temps mort et fait défiler des tableaux en variant l’éclairage, avec des  moments éteints ou éclairés sur son visage. Femme-orchestre, elle assure bruitages, narration et jeu comme dans cette séquence irrésistible où elle interprète la mère du petit garçon. Avec de belles trouvailles visuelles: à un moment, les fillettes espionnent le jeune garçon par deux fenêtres grossissantes. Un spectacle captivant…

 Sébastien Bazou

Spectacle vu au au Jardin de l’Arquebuse, Dijon (Côte d’Or), le 18 septembre.

 

 

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