Les Deux Gentilshommes de Vérone de William Shakespeare, mise en scène de Maud Buquet

Les Deux Gentilshommes de Vérone de William Shakespeare, mise en scène de Maud Buquet

 

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Dans un décor élégant et épuré, la troupe de la Pépinière du nouveau monde joue cette pièce de jeunesse. L’énergie des quinze interprètes, les costumes et lumières d’une esthétique affirmée, donnent une belle vigueur à cette comédie assez convenue et qui n’est pas la meilleure ni la plus représentée de William Shakespeare.
Valentin et Protée sont amis. Valentin quitte Vérone pour courir le monde et Protée, lui, veut rester auprès de Julia, son amoureuse. Mais le père de Protée envoie son fils à à la cour de Milan où il retrouve 
Valentin qui est tombé amoureux de Silvia, la fille du Duc. Coup de foudre de Protée pour Silvia. Espérant la conquérir, il oublie Julia et trahit son ami Valentin, le faisant bannir de la cour. Julia, déguisée en page, se rend à Milan. Elle se met au service de Protée et découvre alors son infidélité…. Réfugié dans la forêt, Valentin, capturé par des brigands, devient leur chef…. Protée essaie de violer Silvia qu’il a poursuivie dans les bois, mais Valentin intervient à temps pour la sauver. Il se fâche puis se réconcilie avec Protée. Et, contrairement à toute attente, tout est bien qui finit bien. Amis et amants réconciliés, chacun retrouve sa chacune…

 L’intrigue à la mode de l’époque avec imbroglio amoureux de jeunes nobles, combats de cap et d’épée, bouffonneries des valets, travestissement de la maîtresse en serviteur, est assez convenue, comme l’irruption de hors-la-loi. Mais une certaine noirceur pointe derrière cette comédie avec déjà, le thème shakespearien de la trahison qui a motivé Maud Buquet : «Peut-on trahir par amour ? » Elle s’attache aussi à l’aspect épique de ce voyage d’initiation des jeunes gens à la cour de Milan où l’amour est le ressort de l’intrigue. Les nobles sont tout en salamalecs et courbettes courtisanes, dont le très maniéré «Thurio, rival ridicule de Valentin », poussé ici jusqu’à la caricature. En contrepoint, on assiste aux courses-poursuites des valets où domine la figure burlesque de Lance (Quentin Baillif), le serviteur de Protée parlant à un chien imaginaire… On trouve chez Lance et son acolyte Diligence (David Antoniotti), les futurs bouffons et figures populaires de Shakespeare…

 Dans la traduction de François-Victor Hugo, la pièce colle à son époque sans pesanteur et elle nous parle encore d’aujourd’hui grâce à une direction d’acteurs décalée et à une esthétique contemporaine. Yves Kuperberg a conçu un décor intemporel : noyés dans le blanc, quelques piliers en quinconce figurent les colonnes des palais, le labyrinthe des rues ou les arbres de la futaie… Les costumes signés Anna Friedli Charisté́ Monseigny, Caroline Shaller et Augustine Odouard, jouent sur les textures et les nuances de blanc, sauf la robe et la perruque rouges de Silvia. Les éclairages subtils de Stéphanie Daniel créent de véritables ambiances. Un travail d’équipe méticuleux et soigné qui donne au spectacle une atmosphère singulière.

 La mise en scène, elle, n’offre pas de lecture radicale de la pièce (qui n’en demande pas tant !), sauf quelques clins d’œil où la metteuse en scène met en valeur les personnages féminins : Julia (Clémence Eliès) et Silvia (Juliette Pi) ne sont pas des potiches mais des femmes d’action. Pour la fin, peu facile à représenter tant elle sent le coup de théâtre grossier, Maud Buquet a choisi l’ambiguïté : Valentin tue Protée puis le traître ressuscite, absout, pour le happy-end… Vengeance ou pardon  ? au choix. 

Ce spectacle a été réalisé par le collectif La Pépinière du nouveau monde, fondé en 2019 par Maud Buquet, avec plus de soixante comédiens, danseurs, chanteurs, metteurs en scène, réalisateurs… Ce qui leur permet de construire sur un mode coopératif des projets d’envergure comme celui-ci. « Nous sommes le premier collectif à appliquer aux métiers de l’art vivant, le modèle présent dans les domaines de l’habitat, de l’alimentation et de l’énergie, qui favorise, en mutualisant les savoirs, le développement de la création », dit Maud Buquet. Après quelques représentations au Théâtre Douze, la troupe espère continuer son chemin.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 30 septembre au Théâtre Douze, 6 avenue Maurice Ravel, Paris (XII ème).

Théâtre de Bougival (Yvelines), en novembre prochain.

Théâtre de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), en septembre.

La Pépinière du Nouveau Monde: 41-43 rue Raymond du Temple, Vincennes (Val-de-Marne). T. : 06 10 65 31 53.

 


Archive pour 2 octobre, 2021

Les Deux Gentilshommes de Vérone de William Shakespeare, mise en scène de Maud Buquet

Les Deux Gentilshommes de Vérone de William Shakespeare, mise en scène de Maud Buquet

 

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Dans un décor élégant et épuré, la troupe de la Pépinière du nouveau monde joue cette pièce de jeunesse. L’énergie des quinze interprètes, les costumes et lumières d’une esthétique affirmée, donnent une belle vigueur à cette comédie assez convenue et qui n’est pas la meilleure ni la plus représentée de William Shakespeare.
Valentin et Protée sont amis. Valentin quitte Vérone pour courir le monde et Protée, lui, veut rester auprès de Julia, son amoureuse. Mais le père de Protée envoie son fils à à la cour de Milan où il retrouve 
Valentin qui est tombé amoureux de Silvia, la fille du Duc. Coup de foudre de Protée pour Silvia. Espérant la conquérir, il oublie Julia et trahit son ami Valentin, le faisant bannir de la cour. Julia, déguisée en page, se rend à Milan. Elle se met au service de Protée et découvre alors son infidélité…. Réfugié dans la forêt, Valentin, capturé par des brigands, devient leur chef…. Protée essaie de violer Silvia qu’il a poursuivie dans les bois, mais Valentin intervient à temps pour la sauver. Il se fâche puis se réconcilie avec Protée. Et, contrairement à toute attente, tout est bien qui finit bien. Amis et amants réconciliés, chacun retrouve sa chacune…

 L’intrigue à la mode de l’époque avec imbroglio amoureux de jeunes nobles, combats de cap et d’épée, bouffonneries des valets, travestissement de la maîtresse en serviteur, est assez convenue, comme l’irruption de hors-la-loi. Mais une certaine noirceur pointe derrière cette comédie avec déjà, le thème shakespearien de la trahison qui a motivé Maud Buquet : «Peut-on trahir par amour ? » Elle s’attache aussi à l’aspect épique de ce voyage d’initiation des jeunes gens à la cour de Milan où l’amour est le ressort de l’intrigue. Les nobles sont tout en salamalecs et courbettes courtisanes, dont le très maniéré «Thurio, rival ridicule de Valentin », poussé ici jusqu’à la caricature. En contrepoint, on assiste aux courses-poursuites des valets où domine la figure burlesque de Lance (Quentin Baillif), le serviteur de Protée parlant à un chien imaginaire… On trouve chez Lance et son acolyte Diligence (David Antoniotti), les futurs bouffons et figures populaires de Shakespeare…

 Dans la traduction de François-Victor Hugo, la pièce colle à son époque sans pesanteur et elle nous parle encore d’aujourd’hui grâce à une direction d’acteurs décalée et à une esthétique contemporaine. Yves Kuperberg a conçu un décor intemporel : noyés dans le blanc, quelques piliers en quinconce figurent les colonnes des palais, le labyrinthe des rues ou les arbres de la futaie… Les costumes signés Anna Friedli Charisté́ Monseigny, Caroline Shaller et Augustine Odouard, jouent sur les textures et les nuances de blanc, sauf la robe et la perruque rouges de Silvia. Les éclairages subtils de Stéphanie Daniel créent de véritables ambiances. Un travail d’équipe méticuleux et soigné qui donne au spectacle une atmosphère singulière.

 La mise en scène, elle, n’offre pas de lecture radicale de la pièce (qui n’en demande pas tant !), sauf quelques clins d’œil où la metteuse en scène met en valeur les personnages féminins : Julia (Clémence Eliès) et Silvia (Juliette Pi) ne sont pas des potiches mais des femmes d’action. Pour la fin, peu facile à représenter tant elle sent le coup de théâtre grossier, Maud Buquet a choisi l’ambiguïté : Valentin tue Protée puis le traître ressuscite, absout, pour le happy-end… Vengeance ou pardon  ? au choix. 

Ce spectacle a été réalisé par le collectif La Pépinière du nouveau monde, fondé en 2019 par Maud Buquet, avec plus de soixante comédiens, danseurs, chanteurs, metteurs en scène, réalisateurs… Ce qui leur permet de construire sur un mode coopératif des projets d’envergure comme celui-ci. « Nous sommes le premier collectif à appliquer aux métiers de l’art vivant, le modèle présent dans les domaines de l’habitat, de l’alimentation et de l’énergie, qui favorise, en mutualisant les savoirs, le développement de la création », dit Maud Buquet. Après quelques représentations au Théâtre Douze, la troupe espère continuer son chemin.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 30 septembre au Théâtre Douze, 6 avenue Maurice Ravel, Paris (XII ème).

Théâtre de Bougival (Yvelines), en novembre prochain.

Théâtre de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), en septembre.

La Pépinière du Nouveau Monde: 41-43 rue Raymond du Temple, Vincennes (Val-de-Marne). T. : 06 10 65 31 53.

 

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