In Extremis, chorégraphie de Frédéric Cellé
In Extremis, chorégraphie de Frédéric Cellé
Un paysage désolé apocalyptique: plafond crevé, gravats… gisent des corps recroquevillés dans un léger brouillard. Au loin, on entend mugir le vent et se fracasser les vagues.. Le gros de la tempête passé, six naufragés vont se relever des décombres. Hésitant, vacillant, ils reprennent possession de leurs membres ankylosés, s’essayent à quelques acrobaties, explorent l’espace, s’approchent des autres, rejoignent le groupe ou s’en éloignent… Dans ce monde de l’après-catastrophe, une solidarité temporaire éclôt entre ces deux femmes et quatre hommes : les corps s’attirent et se repoussent. Etre ensemble ou seul ?
A l’écoute des danseurs, la musique de LAAKE, en nappes, se fait percussive, une valse s’amorce… Anouk Dell’Aiere a imaginé une scénographie inspirée par des photos de Gregory Crewdson: un pendule fluorescent au bout d’un long fil et son mouvement régulier contraste avec les déplacements erratiques des artistes. Solos et pas de deux cèdent la place à des rituels collectifs qui ont tôt fait de se disloquer. Inclusion et exclusion… Frédéric Cellé travaille sur les jeux de pouvoir et les tensions dans ce groupe d’acrobates mais aussi danseurs. Ils donnent une belle énergie à cette pièce qui traite de la renaissance du mouvement, après la période de léthargie que le monde vient de traverser. « Il faut que ça bouge, dit Frédéric Cellé. Sortir du chacun pour soi, partager.» Chaque individualité est mise en valeur : Arthur-Bernard Bazin et Juliette Jouvin forment un couple acrobatique étonnant et Louise Léguillon a su adapter son style à celui de l‘acro danse, façon « dance floor », développée par le chorégraphe.
Scénographie, musique et lumières donnent une sauvage beauté à cet In extremis. La pièce confirme le talent du metteur en scène qui en a déjà signé une quinzaine. Il prépare un trio La Valse de Newton, à partir d’un pendule de Newton géant . Après avoir réussi à remettre les corps en mouvement, Frédéric Cellé se demande « comment suspendre le temps, parce qu’on est dans un monde qui va trop vite ».Ce prochain spectacle sera joué dans l’espace public, notamment en mai au festival Cluny Danse. Puis un peu partout avant, même si beaucoup de dates ont été annulées, pandémie oblige…
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 7 octobre en avant-première, L’Arc, Scène nationale-Le Creusot, Esplanade François Mitterrand, Le Creusot (Saône-et-Loire) T. : 03 85 55 13 11.
Le 13 janvier, Théâtre municipal de Semur-en-Auxois et 15 janvier, Théâtre municipal de Beaune (Côte-d’Or).
Le 1er mars, Maison de la Culture de Nevers (Nièvre); 31 mars, Festival Art Danse, Le Dancing Dijon (Côte-d’Or).
Le 7 avril, Théâtre-Scène Nationale de Mâcon (Saône-et-Loire) et le 9 avril, Théâtre municipal de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
Les 20 et 21 mai, Théâtre des arts, Cluny (Saône-et-Loire).