Roméo et Juliette d’après Shakespeare, mise en scène de Tim Etchells

Roméo et Juliette d’après Shakespeare, mise en scène de Tim Etchells

 

Forced Entertainment est un collectif britannique avec, à sa tête Tim Etchells. Il a choisi de mettre en scène les trente-six pièces de Shakespeare en une heure ou un peu moins, avec un seul de ses acteurs: Robin Arthur, Jerry Killick, Richard Lowdon, Claire Marshall, Cathy Naden, Terry O’Connor.. Des tragédies comme Le Roi Lear, Richard II et Richard III,  Hamlet mais aussi des comédies comme Les Joyeuses commères de Windsor, La Tempête, Beaucoup  de bruit pour rien, Peines d’amour perdues, etc. Aucune pièce ne manque à l’appel.

© Hugo Gendinning

© Hugo Gendinning

Sur le plateau, une scénographie remarquable. Dans le fond un rideau rouge et côté jardin et côté cour, deux étagères à montants métalliques avec sur, cinq rayons des centaines de flacons en verre et en plastique de toute couleur, des petites bouteilles de limonade et ketchup, des lampes de poche, un verre mesureur, etc. Tous ces objets insignifiants soigneusement alignés et tous ou presque de forme verticale ont une véritable présence et forment comme un second public. Une partie de ces objets est disposée sur des caisses de chaque côté d’une table pliante en bois de pin nu. 

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Terry O’Connor en robe noire est déjà debout sur le plateau avant le spectacle. Puis assise à la table, elle va les prendre successivement non pour jouer la pièce mais en faire un récit. Simplement en déplaçant ces petites bouteilles, flacons, Juliette étant incarnée si on peut dire par un petit bocal empli d’une matière vert pâle et Roméo par une lampe de poche en plastique rouge. Très impressionnante cette performance en une heure d’une maîtrise absolue sur le plan de l’oralité comme de la gestuelle. Minimaliste et plein d’humour, le récit dit par Terry O’Connor fascine la centaine de spectateurs très attentifs au moindre déplacement des «personnages»  de la célèbre pièce qui ont comme une identité propre à chacun. Nous pensons à Stuart Sherman, cet artiste performeur tué par le sida en 2001. Sur les trottoirs de New York dans les années soixante dix, il avait conçu une vingtaine de petits spectacles fondés sur une sorte de polysémie, en déplaçant de petits objets du quotidien sur une table pliante de camping… Dans le silence plus total et dans le bruit le plus infernal du trafic urbain.

«Vous regarderez une boîte d’allumettes en y cherchant un signe de la culpabilité d’un protagoniste, dit Tim Etchells, vous fixerez une grande bouteille de colle à bois pour y trouver le dilemme d’un personnage secondaire, ou vous vous interrogerez sur le destin et les motivations d’un bocal de quatre-épices. C’est la recherche d’une intériorité spéculative, captivante et déroutante à la fois, l’énigme qui est au cœur de la manipulation des marionnettes, et peut-être au cœur même du jeu d’acteur.»
Bien vu et ces objets-marionnettes acquièrent une sorte d’autonomie passionnante…Un seul bémol: ces spectacles sont joués, nous dit-on « en anglais basique et facilement compréhensible». Nous ne sommes pas très doués mais désolé, ce n’est pas évident de suivre ! Cette excellente actrice raconte avec un art consommé les différentes scènes mais assez vite, alors mieux vaut, pour s’y retrouver, être anglophone… Elémentaire, mon cher Will! Mais comment disposer un surtitrage, alors que ce spectacle est aussi très visuel ? 

Philippe du Vignal

La série de ces spectacles Table Top Shakespeare a été jouée dans le cadre du Festival d’Automne, au Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 1 avenue Gabriel, Paris (VIII ème), du 7 au 16 octobre.

 

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