Giordano Bruno, le Souper des Cendres, adaptation de textes de Giordano Bruno et mise en scène de Laurent Vacher
Giordano Bruno, Le Souper des Cendres, adaptation de textes de Giordano Bruno et mise en scène de Laurent Vacher
Ce spectacle, d’une grande sensibilité et très bien écrit, a été vu en décembre 2020 par une dizaine de professionnels, admis à une première et unique représentation. Nous avions apprécié toutes les subtilités de la mise en scène, la finesse de jeu de l’acteur et du musicien, comme leur connivence. Manquait alors un public pour que le courant passe vraiment…
Plateau nu, murs sombres. Le philosophe (Benoît Di Marco) croupissant dans une geôle est mélancolique: il se revoit enfant studieux, rêvant d’espaces infinis, sous les cieux étoilés. Et vindicatif, il se rebelle contre l’ignardise de ses juges qu’il traite, non sans humour, de tous les noms… En dialogue constant avec la contrebasse de Philippe Thibault (en alternance avec Clément Landais), il fait revivre les amitiés masculines de Giordano Bruno et sa colère contre les tenants du système de Ptolémée et des principes d’Aristote, contraires à la vérité scientifique qu’il pressent. Nous le suivons sur les chemins ardus de l’astrophysique, sur les pas de Copernic, de l’astronome danois Tycho Brahe et d’autres savants avant eux…
Dans la pénombre et le dénuement, sa pensée, mise à jour par Laurent Vacher, nous paraît d’autant plus claire. Le metteur en scène s’est limité à construire une dramaturgie et à écrire quelques transitions. Il a puisé en grande majorité dans les superbes écrits de Giordano Bruno, notamment son prémonitoire Souper des Cendres (1584). Le mercredi des Cendres marquant chez les chrétiens, le premier jour du carême soit quarante jours de pénitence avant Pâques.
L’ouvrage est le premier des six dialogues philosophiques où son auteur révise la théorie hélio-centriste de Copernic qui prétendait encore que l’univers était fini et composé d’une sphère d’étoiles fixes. Giordano Bruno envisage, lui, un univers infini et homogène qui n’a pas de centre, avec un nombre illimité de mondes et de systèmes solaires… Il ne renie pas Dieu mais le place partout et nulle part, à l’image de l’Univers : «Nous le savons : il n’y a qu’un ciel, une immense région éthérée où les magnifiques foyers lumineux conservent les distances qui séparent au profit de la vie perpétuelle et de sa répartition. Ces corps en enflammés sont les ambassadeurs de l’excellence de Dieu, les hérauts de sa gloire et de sa majesté.»
Du 20 novembre au 15 janvier, Théâtre de la Reine Blanche, 2 passage Ruelle, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 05 47 31.
Le Banquet des Cendres, Montpellier, 1988 Et La Cabale du cheval Pégase, Paris, M. de Maule, 1992.
Œuvres complètes. Les Belles Lettres, Paris 1993–2000 ; De la Magie, Allia, 2000.
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