Pédagogies de l’échec, texte et mise en scène de Pierre Notte

Pédagogies de l’échec, texte et mise en scène de Pierre Notte

Pédagogies de l’échec-Visuel 4

© Antoine-Baptiste Waverunner

 Au septième étage, le bureau de l’assistant de direction est le seul à tenir encore debout au-dessus du vide, entouré de décombres. Un tremblement de terre, un virus, une guerre a frappé la ville ? Peu importe… Deux survivants de l’entreprise, la directrice, forcément autoritaire et l’employé modèle, forcément obséquieux, vont continuer à travailler, sans papier ni crayon, sans dossiers ni téléphone… Une activité dérisoire et sans raison, avec pour seul objectif: continuer à fonctionner. Les rapports hiérarchiques jouent encore jusqu’au moment où ils vont s’ébranler…

 Pierre Notte épingle avec un humour pince sans rire la hiérarchie sociale qui s’exprime dans le monde du travail. Pas de psychologie : les rapports de force deviennent absurdes dans cette situation. La machine tourne à vide mais les protagonistes continuent à l’alimenter. Dehors, on construit des échafaudages qui ne servent à rien : il faut bien que les affaires prospèrent…

Dans une scénographie minimaliste délimitant zones de confort et béances dangereuses, Caroline Marchetti imprime à son rôle une fermeté sans faille et Frank Duarte lui oppose une résistance polie, au prix d’un orgueil et d’une colère ravalée. Sur ce petit plateau, la dame de fer et l’homme à l’échine souple partagent une proximité, voire une intimité en respectant la hiérarchie, jusqu’à n’en plus pouvoir. Les rapports de force tanguent à mesure que la situation s’enlise, mais sans jamais vraiment s’inverser. Les dialogues sont minimalistes, ce qui permet aux comédiens d’adopter un jeu où s’affirme le langage corporel.

Cette pièce drôle et cruelle, écrite il y a six ans, résonne d’autant plus que nous avons vécu un bouleversement qui a remis en cause le monde du travail et les priorités de notre vie quotidienne. Pourtant, le monde d’après semble n’avoir pas encore tiré les leçons de cette crise. « Pédagogies de l’échec répond à une interrogation quant à l’inscription parfois jusqu’à l’extrême du travail dans nos emplois du temps. Tous les systèmes ont quelques chose de dingue, non ?  » dit  Pierre Notte qui signe aussi une mise en scène impeccable. On pourra voir ce spectacle d’une heure quinze pendant la tournée qui se prépare.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 27 novembre, du mercredi au samedi, Les Déchargeurs, nouvelle scène théâtrale et musicale, 3 rue des Déchargeurs, Paris 2e . T. : 01 42 36 00 50.

Eté 2022 Festival d’ Avignon ; 7 octobre Espace Bernard-Marie Koltès Metz (Moselle) ; octobre : Sapziu Culturale Natale Rochiccioli, Cargèse (Corse)

La pièce est publiée à l’Avant-scène Théâtre

 


Archive pour 4 novembre, 2021

Les Éclairs musique de Philippe Hersant, livret de Jean Echenoz, mise en scène de Clément Hervieu-Léger

11 Les Eclairs DR S. Brion

Jean-Christophe Lanièce et Marie-Andrée Bouchard-Lesieur © S. Brion

Les Éclairs, musique de Philippe Hersant, livret de Jean Echenoz, mise en scène de Clément Hervieu-Léger

 Paru en 2010, Des éclairs est devenu  «un drame joyeux en quatre actes» commandé par l’Opéra-Comique. En toute liberté et sans indications de musique , le romancier a conservé la trame de son livre qualifié de «fiction sans scrupules biographiques» sur la destinée du savant serbe NikolaTesla (1856-1953). Ici Gregor. Parti tenter sa chance aux Etats-Unis, le héros est un exemple pour l’auteur de «comment un don vous pourrit la vie ».

Pour la scène, Jean Echenoz a transformé l’architecture du roman : «Cela supposait, dit-il, de faire voir les situations et en même temps, les faire entendre. D’où un traitement de la parole différent du dialogue romanesque: je crois qu’il ne reste pratiquement aucune phrase du roman. » Il a aussi inventé un second personnage féminin, au côté d’Ethel, sa muse et amoureuse transie (déjà fictive dans le roman) : Betty, une journaliste au New York Times, « la première dans la profession » qui sert aussi à porter un regard extérieur sur l’intrigue.

 En quatre actes et deux heures sans entracte, l’action embrasse plusieurs décennies dans des décors multiples : le pont d’un transatlantique,  rues, ateliers, chantiers, prisons, cafés, salons … L’inventeur arrive à New York, capitale du progrès et de l’industrie en 1884. Il collabore puis se brouille avec Thomas Edison, le pape de l’électricité. Il connaitre ensuite une ascension scientifique et sociale mais après un passage dans le désert du Colorado et des tentatives pour communiquer avec les Martiens en haut d’une tour, il perdra toute crédibilité. Et nous assisterons à la chute d’un homme inadapté au mercantilisme, perdu dans ses rêves fous et préférant ses pigeons à ses congénères.

 Sa rivalité avec Thomas Edison est au centre de cet opéra.  Une « guerre de l’électricité » qui, sans entrer ici dans les détails techniques, oppose deux approches scientifiques et aussi deux visions du monde. Edison oeuvre dans “les eaux glacées du calcul égoïste“ avec l’appui de la haute finance. Gregor, lui, après avoir inventé le courant alternatif, voudrait, pour le bien de l’humanité, apporter gratuitement l’électricité dans les foyers et la véhiculer sans fil… Mais Edison fera tout pour discréditer son ancien collaborateur, jusqu’à organiser la première exécution publique sur une chaise électrique…

Olivier Mantei, directeur de l’Opéra-Comique a « marié » l’écrivain et Philippe Hersant, dont c’est le troisième opéra. Une réussite, la partition soulignant – et parfois même paraphrasant- un texte rythmé en vers blancs, alexandrins ou octosyllabes, qui s’autorise heureusement quelques disruptions de cadence.

Au pupitre, Ariane Matiakh sait traduire toute la subtilité de la musique avec une orchestration légère qui ne couvre jamais le chant et qui accompagne finement la trame des paroles. Une musique, en accord avec l’époque du drame, jonglant entre tonal et atonal et où les instruments se détachent clairement. Avec quelques détours, comme quelques citations de La Symphonie du Nouveau monde de Dvorak ou des chants populaires, Philippe Hersant a choisi une composition dodécaphonique, fondée sur l’obsession de Tesla pour le chiffre 3. « Rien n’étant aussi beau qu’un multiple de trois ! », s’exclame Grégor. « Jean Echenoz m’a tendu la perche, dit le compositeur, puisque c’est un alexandrin parfait qui m’a donné l’idée de construire mon opéra sur une série de douze sons (bien que ma musique reste essentiellement tonale). La série apparait d’ailleurs sur cette phrase de Gregor et génère un grand nombre de motifs. L’utilisation de cette série dodécaphonique m’a permis d’assurer l’unité de cet ensemble de scènes extrêmement diverses ».

Une musique sans fioritures : pas d’ouverture ni de transitions, où les instruments expriment distinctement leur timbre. Le compositeur a une prédilection pour le basson, le cor anglais et a introduit un synthétiseur qui accompagne la scène de la chaise électrique et s’avère pratique pour faire entendre divers claviers : piano jazz, vibraphone, célesta, clavecin, cymbalum…

Clément Hervieu-Léger a adopté la rapidité dictée par le livret et la musique : une vingtaine de tableaux s’enchaîne avec minutie et un décor industriel mobile fait de châssis et échafaudages permet de passer d’une situation à l’autre sans transition. Les changements se font à vue et il y a même des fondus enchainés comme au cinéma et des scènes simultanées. La hauteur croissante des gratte-ciel sur les toiles peintes en fond de scène, marque le temps qui passe, tout comme l’évolution radicale des costumes féminins d’un siècle à l’autre. Les chœurs sont fluides, sans emphase et les protagonistes toujours en place pour leurs arias. Jean-Christophe Lanièce prête sa voix de baryton aigu à Grégor. Très à l’aise physiquement, il donne à ce personnage un caractère aérien et fantasque, en développant toute les nuances de sa tessiture medium. Et nous avons apprécié le large registre de Marie-Andrée Bouchard-Lesieur qui interprète le personnage d’Ethel Axelrod. Sa voix chaude de mezzo s’étend vers l’aigu pour exprimer son amour pour Gregor, frôlant parfois le soprano mais plonge vers les graves pour la scène finale. Ses duos avec le ténor François Rougier (son mari Norman Axelrod) sont très convaincants. André Heyboer, baryton-basse, joue les parfaits méchants en Edison et la soprano Elsa Benoit chante Betty, un personnage rationnel qui commente l’action. Tous les éléments sont là pour faire un beau spectacle, qui manque cependant de folie et peine à décoller, à l’instar de du héros.

 La mise en scène sobre et fonctionnelle, sans esbroufe, donne toute sa place au texte et à la musique. Et la fable, à travers la déchéance de Gregor, dont le nom renvoie souterrainement à La Métamorphose de Franz Kafka, montre la double face du progrès, porteur de lumière et d’utopie autant que de noirceur. Un opéra contemporain qui réhabilite un inventeur oublié dont un constructeur automobile a remis le patronyme au goût du jour.

 Mireille Davidovici

Du 2 au 8 novembre, Théâtre National de l’Opéra-Comique, 1 Place Boieldieu, Paris ( I er). T. : 01 70 23 01 31.

Le livret de cet opéra et les romans de Jean Echenoz sont publiés aux éditions de Minuit.

 

Menteur ? de Jocelyn Flipo, mise en scène d’Alexandra Bialy

 

Menteur ? de Jocelyn Flipo, mise en scène d’Alexandra Bialy 

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François Martinez a créé en 2017 ce quatrième solo de magie après Mythe ou Manie (2010), CopperfieldHarry Potter et Moi (2014) et J’ai fait disparaître ma femme (2016). Il interprète ici un magicien mythomane (un pléonasme !) franco-américain Douglas Westerfield (Doug ou Dougy pour les intimes). De mère bretonne et de père, originaire du Wisconsin, ce personnage tiraillé par les mensonges met un malin plaisir à les semer dans des histoires abracadabrantes.

Le trait est ici à peine grossi : le monde des magiciens regorge de ces « surhommes » qui ont tout vu, tout connu et qui s’écoutent parler. Mais là, nous sentons l’autodérision dans un exercice de ping-pong verbal avec le public. Le personnage, imaginé par François Martinez, essaye d’en mettre plein la vue avec ses soi-disant shows à Las Vegas, adaptés pour l’occasion aux petites salles françaises. Nous n’aurons donc pas le droit à l’apparition d’une voiture ni aux dix-sept éléphants ! C’est aussi une question de budget… 

Après l’apparition d’une fleur, il nous propose trois questions pour tester notre culture générale et évaluer le « niveau » du public. Et il dessine ses questions sur un grand carnet et soudain.une surprise « plante le décor » : l’apparition d’une boule de bowling.Comme son confrère Kevin James. Nous apercevons accrochée à la veste du magicien une étiquette de magasin avec antivol. Il envoie alors une boulette de papier pour désigner au hasard deux spectateurs qui participeront au tour en répondant à ces questions : « En pourcentage, combien de gens ont déjà volé dans un magasin en France ?  Combien ont déjà été condamnés ? »  Les chiffres librement proposés correspondent au prix marqué l’étiquette de sa veste comme dans Priceless de Richard Sanders et Michel Huot.

Puis il nous raconte son enfance en Caroline du Sud : à quatorze ans, il faisait des tournées de cirque avec ses parents et découvre sa première « sensation magique » avec une boîte de mouchoirs ! Une introduction saugrenue à cette « routine » dite des boulettes avec un spectateur cobaye et un public complice. Le magicien faisant disparaître successivement des boulettes de papier de plus en plus grosses sous le nez du spectateur assis sur une chaise. François Martinez explique le choix de son nom de scène pour se fondre dans le paysage la culture de notre pays. Un prénom franchouillard et un nom espagnol qui rappelle les colonies d’autrefois! Il fait aussi une mise au point sur l’affiche de son spectacle où l’on voit un drone voler entre ses mains, comme pour montrer qu’i est au fait des technologies contemporaines. Malheureusement, pour des problèmes de sécurité, il n’y aura pas d’objet volant ce soir. Encore soi-disant une promesse de magicien non tenue et une déception de plus pour le public qui commence à douter fortement de la véracité de ses dires !

A la place, il nous propose le fameux tour de cartes avec un jeu jumbo… Après une leçon de sophrologie et une entame de pseudo-hypnose, il demande à une spectatrice de dire stop sur une des cartes qui tombent en cascade dans ses mains. Un coin de cette carte est déchiré et piétinée par la spectatrice qui la place ensuite dans une déchiqueteuse. Les bouts restants placés dans un mouchoir sont brûlés devant le public mais cela a pour effet de reconstituer la carte en entier, sauf le bout déchiré qui lui correspond bien ! 

Puis le magicien-mentaliste va tenter une expérience de transmission de pensée avec une spectatrice qui lui servira de réceptrice. Il présente verticalement une pochette transparente avec cinq cartons, dos au public. Sur chacune des faces, est inscrite une activité de la vie quotidienne. La spectatrice en choisit une librement sans dire laquelle.  Un spectateur va alors essayer de deviner cette activité en lui posant plusieurs questions et elle répondra simplement par oui ou par non. Après sept questions, l’activité inscrite est révélée… Sur les autres cartons retournés : une activité différente de celle choisie par la spectatrice. Nous comprendrons à la fin que son choix était en partie forcé et que les questions jouaient sur un double sens coquin.

François Martinez repart dans ces affabulations. Son premier tour de magie ? Appris avec son grand-père dompteur dans un cirque qui faisait un numéro d’hypnose avec un lion. Mais cela a mal fini et il y perdu un bras. Un histoire-prétexte pour réaliser un tour de cartes avec une seule main. Il entoure un jeu avec un élastique et au stop du spectateur, celui-ci y glisse un doigt. Ce qui a pour but de faire tomber une carte qu’il mémorise. Le jeu alors défait de son élastique est étalé devant la public, la carte du spectateur a disparu mais se retrouve dans la poche de pantalon du magicien comme dans le tour Get Sharky de Christoph Borer.

Suit un « miracle » avec un Rubikcube , casse-tête iconique des années 1970-80, revenu à la mode et provoquant la fabrication de nombreux tours chez les marchands de trucs. Quarante-trois milliards de milliards de solutions pour arriver à le reconstituer…François Martinez va nous en donner plusieurs autres. La première : enlever les étiquettes et les recoller. La deuxième : jeter son cube sur un mur et remettre ensuite les morceaux dans le bon ordre. La troisième : utiliser différents algorithmes et mouvements. La quatrième : mémoriser les faces en quinze secondes et reconstituer les couleurs du cube avec une seule main, sans regarder, derrière son dos. Solution que le magicien choisit et réussit !

Il monte ensuite d’un cran en donnant un deuxième Rubikcube à un spectateur qui le mélange dans son dos etse propose de reproduire ses gestes en utilisant la Programmation Neuro-Linguistique, une méthode utilisée par certains magiciens dans leur routines.. A un stop donné par spectateur, les deux cubes sont montrés et leurs six faces se correspondent parfaitement! Enfin, François Martinez nous parle du niveau « Jedi » ou du « nombre de Dieu », qui correspond à seize coups pour reconstituer les six couleurs complètes. Lui se propose de le réaliser en sept coups, ce qu’il arrive à faire ! Comme Greg Wilson !.

Enfin, il décline sa véritable identité ; ostéopathe pendant douze ans, en 2013 il voulu, à trente-cinq ans vivre pleinement de sa passion et raconter ce qu’il veut, en changeant de personnage sur scène. Il propose à une personne du public de changer de vie pour un soir et de faire plusieurs choix. « Nous sommes demain matin et vous avez une décision rapide à prendre. Avec votre valise à l’aéroport, vous avez le choix entre différentes destinations. »

Le magicien fait alors tourner un globe terrestre devant la spectatrice qui dit :  stop  sur une ville choisie au hasard. Inscrite aussitôt sur le grand carnet du spectacle. Puis il présente un magazine de voyages et à un nouveau stop de la spectatrice, s’arrête sur une page qui va déterminer l’activité du séjour. Elle aussi, inscrite sur le carnet !

Pour finir, dans un sac de lunettes multicolores, une autre spectatrice est invitée à plonger la main pour en tirer une paire d’une certaine couleur. Là aussi déjà inscrite sur le carnet ! Révélation finale avec l’apparition du fameux drone évoqué sur l’affiche du spectacle. Il est bien là mais en modèle réduit au fond de la salle, près des régies lumière et son. François Martinez le pilote avec son téléphone portable jusqu’à la scène. Le drone apporte une clé qui va lui permettre d’ouvrir un bocal transparent et bien visible depuis le début sur une table. S’y trouve un papier où sont inscrits trois choix « libres » indiqués par une spectatrice, après que le magicien ait récapitulé les différentes étapes du tour, pour rendre encore plus impossible cette révélation finale….

Toujours accompagné de sa fidèle équipe depuis 2014, François Martinez s’inscrit dans la pure tradition des « stand-up » : réparties, bagout, humour et interaction constante avec le public…Un travail rôdé lors de nombreux passages sur des scènes ouvertes comme au Théâtre Trévise à Paris ou au Festival de Montreux (Suisse).

Il suit ainsi les (grands) pas d’Éric Antoine qui avait instauré une nouvelle fraîcheur dans la magie avec un texte très écrit pour solo déjà en 2006…
Chez François Martinez, toujours drôle et pertinent, pas de temps mort et une assurance de chaque instant. Un spectacle avec avalanche de jeux de mots, références, clins d’œil,effets efficaces et diversifiés, conclus par un hochement de la tête et par ses irrésistibles :Et Bim ! ou :Un truc de dingue ! Sa marque de fabrique…Cette prouesse d’une heure va à l’allure d’un TGV et le public n’a pas le temps de voir toutes les subtilités du paysage… 

Avec Menteur ?, François Martinez a fait évoluer son personnage, tronquant son costume deux pièces classique contre un bermuda et des converses rouges du plus bel effet. Un style plus rock’n’roll style Angus Young qui correspond mieux à son univers. Et cela le rend plus attachant et sympathique. Des mythos comme lui , nous en redemandons !

Sébastien Bazou 

Spectacle vu à la Darcy Comédie, Dijon (Côte-d’Or).

https://francois-martinez.com/

 

 

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