Pacific Palisades, de Guillaume Corbeil, mise en scène de Florent Siaud
Pacific Palisades de Guillaume Corbeil, mise en scène de Florent Siaud
»Je m’appelle Guillaume Corbeil », dit le narrateur, alors que s’affichent des photos de son appartement à Montréal, inaugurant la série d’images qui illustreront la suite du récit. L’écrivain, interprété par la Québecoise Evelyne de la Chenelière, nous raconte comment il est parti pour Los Angeles sur les traces d’un étrange fait divers, à l’été 2015. A Pacific Palisades, quartier résidentiel de Santa Monica en Californie au bord de l’océan Pacifique.
Ici vivait Jeffrey Alan Lash, retrouvé mort dans le coffre de sa voiture. La police appelée sur les lieux par Harland Braun, l’avocat de Catherine Nebron, petite amie du défunt, a découvert chez le sexagénaire 1.200 armes à feu (valeur: trois millions de dollars!), six tonnes de munitions, quatorze voitures et 230.000 dollars en petites coupures. Jeffrey Alan Lash n’avait ni emploi ni revenu officiels…
La pièce est construite en chapitres titrés, comme autant de stations au fil des rencontres de l’auteur avec les témoins de l’affaire : l’avocat, la mère de Dawn VadBunker, l’assistante de Catherine Nebron, une policière et plusieurs femmes blondes «à la bouche en forme de cœur». Quelle est ici la part du vrai et du faux?
L’auteur prend plaisir à brouiller les pistes pour donner à ce fait-divers un tour romanesque et le metteur en scène cultive aussi l’équivoque. Les images projetées, comme autant de jalons, ancrent la pièce dans un réalisme documentaire. Puis la comédienne nous entraîne progressivement dans un monde imaginaire, portée par des voix off fantomatiques, des vidéos brouillées et un décor qui se creuse vers les profondeurs du plateau, sous des lumières saturées et changeantes. Evelyne de la Chenelière, tantôt androgyne, tantôt vamp, se métamorphose à vue d’œil pour interpréter avec vigueur, une vingtaine de personnages sans qu’on discerne la part de fiction et de réalité dans ses rencontres.
Florent Siaud et son équipe de création nous font découvrir ici le cinquième texte de cet auteur québécois, sorti il y a peu de l’École nationale de théâtre du Canada. Entre roman policier à l’américaine et reportage scrupuleux, le metteur en scène a su monter un habile tissage pour semer le doute, à l’image de l’ambigu Jeffrey Alan Lash…
Mireille Davidovici
Du 12 novembre au 4 décembre, Théâtre Paris-Villette, 11 avenue Jean Jaurès, Paris (XIX ème) T. : 01 40 03 72 23.
Le 7 décembre, Espace Jean Legendre, Compiègne (Oise).