J’ai un nouveau projet, texte et mise en scène de Guillermo Pisani

J’ai un nouveau projet, texte et mise en scène de Guillermo Pisani

 

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Le mot du jour, le miroir aux alouettes, le piège, l’espoir, le concept qui va faire de vous ce que vous voulez être : metteur en scène, cinéaste, créateurs d’une « start up » promise à la gloire mondiale, ou d’un parti politique… Pas grave si la bulle éclate, on en gonflera une autre, encore et toujours. Et our ceux qui tendent les leurres avec leurs appels à projet, tout, et d’abord l’idée même de liberté, doit contribuer au profit. Auto-entrepreneur: déjà une tautologie ! Entreprendre est en effet décider soi-même de ce que l’on va faire, ou alors  le mot ressemble à un aveu et à un beau raccourci pour «auto-exploiteur ».
En tout cas, dans ce monde libéral, une réussite, puisque chaque poste délocalisé par le télétravail forme avec les autre non pas un organisme mais une nébuleuse en mouvement perpétuel, avec des économies sur les bureaux devenus inutiles et la floraison des espaces de travail et des ordinateurs portables sur les tables des cafés.

On verra se gonfler la bulle d’un site de rencontres qui ne le serait pas et où le client paierait pour avoir l’impression de la spontanéité, avec des paliers d’incertitude pour l’entrepreneuse : elle a le communicant, le designer, mais quid du roi de l’algorithme, clochardisé qu’il faudrait ramener à la techno-sphère ? Pas plus d’énervement que nécessaire mais cela ne s’arrête jamais, comme la circulation du capital, condition nécessaire pour qu’il rapporte .

La durée même du spectacle -deux heures et demi- correspond à ce temps disloqué, l’urgence perpétuelle s’épuisant en obsolescence. Parallèlement, nous verrons naître une convivialité illusoire (pour le copain employeur lui-même) et se noyer la revendication sociale -qui travaillera le week-end ?- et éclairer de ses paillettes, la soirée privée d’une banque. Et quelques instants de véritable amitié…

Pour faire foisonner tout ce travail, Sol Espeche, Pauline Jambet, Marc Bertin, Maxime Le Gall, Benjamin Tholozan (en alternance), Julien Villa. Mais nous avons l’impression qu’ils sont au moins douze sur le plateau, d’autant qu’ils sont entourés de spectateurs attablés au café. D’un geste, d’un costume, d’une humeur à l’autre, chacun change de rôle -car il s’agit bien de rôles sociaux- en un mouvement incessant et fluide, savourant des acrobaties sémantiques de la “nov’langue“ entrepreneuriale (adjectif caractéristique de ce jargon) et des figures imposées d’une jovialité suspecte.

Le public aura de temps en temps la chance de voir projeté ce qui se passe sur les micro-ordinateurs, d’être pris à partie comme clients, actionnaires, ou de gens dont l’Entreprise a besoin. Pas d’appel à projet pour ce spectacle, mais de bonnes fées se sont penchées sur son berceau : d’abord une solide expérience théâtrale (entre autres Le Système pour venir invisible, et Là tu me vois ? une documentation d’acier, un humour d’enfer et une bonne dose de fantaisie.
Que demande le peuple ?

Christine Friedel

Jusqu’au 21 novembre, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre, métro Château de Vincennes puis navette gratuite. T. : 01 43 28 36 36.

 

 

 

 


Archive pour 19 novembre, 2021

J’ai un nouveau projet, texte et mise en scène de Guillermo Pisani

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Le mot du jour, le miroir aux alouettes, le piège, l’espoir, le concept qui va faire de vous ce que vous voulez être : metteur en scène, cinéaste, créateurs d’une « start up » promise à la gloire mondiale, ou d’un parti politique… Pas grave si la bulle éclate, on en gonflera une autre, encore et toujours. Et our ceux qui tendent les leurres avec leurs appels à projet, tout, et d’abord l’idée même de liberté, doit contribuer au profit. Auto-entrepreneur: déjà une tautologie ! Entreprendre est en effet décider soi-même de ce que l’on va faire, ou alors  le mot ressemble à un aveu et à un beau raccourci pour «auto-exploiteur ».
En tout cas, dans ce monde libéral, une réussite, puisque chaque poste délocalisé par le télétravail forme avec les autre non pas un organisme mais une nébuleuse en mouvement perpétuel, avec des économies sur les bureaux devenus inutiles et la floraison des espaces de travail et des ordinateurs portables sur les tables des cafés.

On verra se gonfler la bulle d’un site de rencontres qui ne le serait pas et où le client paierait pour avoir l’impression de la spontanéité, avec des paliers d’incertitude pour l’entrepreneuse : elle a le communicant, le designer, mais quid du roi de l’algorithme, clochardisé qu’il faudrait ramener à la techno-sphère ? Pas plus d’énervement que nécessaire mais cela ne s’arrête jamais, comme la circulation du capital, condition nécessaire pour qu’il rapporte .

La durée même du spectacle -deux heures et demi- correspond à ce temps disloqué, l’urgence perpétuelle s’épuisant en obsolescence. Parallèlement, nous verrons naître une convivialité illusoire (pour le copain employeur lui-même) et se noyer la revendication sociale -qui travaillera le week-end ?- et éclairer de ses paillettes, la soirée privée d’une banque. Et quelques instants de véritable amitié…

Pour faire foisonner tout ce travail, Sol Espeche, Pauline Jambet, Marc Bertin, Maxime Le Gall, Benjamin Tholozan (en alternance), Julien Villa. Mais nous avons l’impression qu’ils sont au moins douze sur le plateau, d’autant qu’ils sont entourés de spectateurs attablés au café. D’un geste, d’un costume, d’une humeur à l’autre, chacun change de rôle -car il s’agit bien de rôles sociaux- en un mouvement incessant et fluide, savourant des acrobaties sémantiques de la “nov’langue“ entrepreneuriale (adjectif caractéristique de ce jargon) et des figures imposées d’une jovialité suspecte.

Le public aura de temps en temps la chance de voir projeté ce qui se passe sur les micro-ordinateurs, d’être pris à partie comme clients, actionnaires, ou de gens dont l’Entreprise a besoin. Pas d’appel à projet pour ce spectacle, mais de bonnes fées se sont penchées sur son berceau : d’abord une solide expérience théâtrale (entre autres Le Système pour venir invisible, et Là tu me vois ? une documentation d’acier, un humour d’enfer et une bonne dose de fantaisie.
Que demande le peuple ?

Christine Friedel

Jusqu’au 21 novembre, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre, métro Château de Vincennes puis navette gratuite. T. : 01 43 28 36 36.

 

 

 

 

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