Grand reporterre #4-deadline, conception et mise en scène du Citizen.Kane.Kollektiv et d’Éric Massé, Heidi Beker-Babel, Loïc Risser, Julia Lauter

Grand reporterre #4-deadline, conception et mise en scène du Citizen.Kane.Kollektiv et d’Éric Massé, Heidi Beker-Babel, Loïc Risser, Julia Lauter

 Le principe : un journaliste vient exposer une grande question d’actualité sur laquelle il a enquêté et pris une position militante. Une équipe artistique vient lui donner la réplique sous une forme théâtrale, avec performance, musique et vidéo. Illustration, mise en perspective, humour: tout est permis, à condition de rester au même niveau d’exigence. Les trois premières éditions ont porté sur la désobéissance civile, avec, entre autres, le mouvement des Gilets jaunes, la construction de la démocratie au Burkina Faso et le cyber-féminisme. Un rappel sur cette étrangeté: aux débuts de l’informatique, les « perfo-vérif » (perforatrices-vérificatrices) formaient la masse muette des O.S. d’une industrie qui se construisait. Mais aujourd’hui, les femmes ont aussi pris le pouvoir dans cet univers très masculin, surtout dans la créations de logiciels.

 ©Maëlys-Meyer

©Maëlys-Meyer

Pour cette quatrième édition, Julia Lauter, journaliste allemande, a instruit le dossier. Deadline, date limite pour rendre son papier mais aussi dernière chance pour sauver la terre, équilibrer les besoins en énergie liés à notre mode de vie, arrêter le recours aux énergies fossiles et permettre tout simplement la survie de l’humanité… Un vaste thème autour de deux cas : celui de la vieille centrale nucléaire du Bugey, près de Lyon et celui des les mines de charbon et lignite à ciel ouvert, voisines de Leipzig… D’immenses cités à la merci de catastrophes qui n’auraient rien de naturel: déchets enfouis sur place, galeries creusées sous les villages fissurant les maisons et exigeant l’évacuation de centaines de personnes… Sur une vidéo, le visage d’un maire qui assume une transition difficile, entre hommage aux héros des mines et nécessité de les fermer aujourd’hui. L’équipe du spectacle s’est filmée en «déjeuner sur l’herbe» selon Manet, parmi les pique-niqueurs, autour de la centrale du Bugey. Paradoxe du nucléaire, grande peur des années soixante-dix et rassurante «usine à nuages » aujourd’hui…

Un beau Prométhée pose en statue de bienfaiteur de l’humanité et fauteur de troubles -il a volé le feu- responsable des catastrophes entraînées par le progrès… Les performeurs semblent protégés par leur combinaison de décontamineur mais finissent par se rendre compte qu’ils sont à poil (en caleçon !) devant cette inextricable situation…Un théâtre clairement ancré dans le présent et là où ça fait mal. De quelque côté où l’on tourne la question de l’énergie, de sa production et de sa consommation, il est clair qu’on ne peut pas prolonger cet état de fait ur cette situation dans les pays dits développés. Et cela fait-il du théâtre ? La réponse est : oui. Du théâtre métissé d’informations, musique, performance et qui ne donne pas de leçons, pas plus qu’il ne s’en tient au symbolique. Mais les auteurs de ce spectacle agitent les questions actuelles avec vigueur et humour. Nous pensons au long et patient travail de Frédéric Ferrer sur les différentes C.O.P., à ses conférences jouées sur le thème du climat, au point qu’il est aujourd’hui reconnu comme expert.

En janvier prochain, Reporterre#5 réunira Giulia Foïs, Etienne Gaudillère, artiste associé au Théâtre du Point du Jour, Jean-Philippe Salério et Marion Aeschlimann, sur les questions lancées par Metoo dont celle-ci : peut-on, séparer l’homme de l’œuvre, en écho à la vigoureuse prise de position d’Adèle Haenel contre l’attribution du César du meilleur film à Roman Polanski. Mais le programme de ce théâtre n’est pas soumis à l’actualité du jour et prend racine dans le monde socio-économique dont l’activité artistique fait partie. Vous avez dit théâtre contemporain ? Il s’agit non de la date d’écriture mais d’être en prise directe sur le «ici et maintenant» et d’intégrer au spectacle: débats, rencontres, expositions comme actuellement celle des très belles photos de Kasia Strek sur les dernières gueules noires de Pologne. Nous y lisons la dureté et la fierté de leur métier, les graves conséquences écologiques de cette exploitation minière et sa nécessité, tant que d’autres solution n’auront pas été trouvées… Il faut saluer, avec un clin d’œil mais sérieusement, l’énergie de toute cette équipe.

Christine Friedel

Spectacle joué du 21 au 23 novembre au Théâtre du Point du Jour, 7 rue des Aqueducs, Lyon (Rhône). T. ; 04 78 25 27 59.

Et du 2 au 4 décembre, Pale Blue Dot, une histoire de wikileaks,

 

 

 

 

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...