Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d’Estelle Lesage et Catherine Boskowitz

Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d’Estelle Lesage et Catherine Boskowitz

Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d'Estelle Lesage et Catherine Boskowitz dans actualites fred-chapotat-300x200

© Fred Chapotat

Dans la continuité de son engagement sur la question migratoire, le thème de son précédent spectacle Le Pire n’est pas toujours certain, créé en 2019 au festival des Francophonies de Limoges (voir Le Théâtre du blog), la metteuse en scène a conçu une pièce pour appartement, à la demande de la Poudrerie de Sevran en Seine-Saint-Denis. Cette « Scène conventionnée  d’intérêt national Art en Territoire » a, pour priorité, selon ce label attribué par le ministère de la Culture, de créer des rencontres avec le public pour des créations participatives. A Sevran, on parle plus d’une centaine de langues et les profils sociologiques sont très variés...
La Poudrerie propose, entre autres, dans les quartiers et chez les habitants, des formes théâtrales gratuites. Des spectacles de plus grande envergure, aussi gratuits, sont joués notamment à la salle des fêtes municipale.

 Dans cet esprit, Catherine Boskowitz et Estelle Lesage, les interprètes, ont rencontré les résidents d’un foyer, de tout âge et de toute origine. Elles ont discuté avec eux, tout en sculptant des statuettes en terre… Et, pendant le confinement, la metteuse en scène a écrit un texte où elle mêle cette expérience à d’autres, vécues lors de ses nombreux séjours en Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud…  Pour nous la conter, elle nous accueille dans l’appartement où les hôtes et leurs invités ont pris place dans les fauteuils et canapés du salon. Avec quelques accessoires, elle va nous jouer sa pièce sur les migrants. Dans une langue précise et concrète, elle évoque Beyrouth qu’elle a vue en guerre, sa peur aux check-points, la lassitude d’un ami libanais… Mais aussi l’explosion du port, les appartements dévastés… Et Moussa, plus loin, voit passer le nuage orange qui s’est formé au-dessus de Beyrouth. Chassé par le vent, il a atteint Vintimille en Italie à la frontière avec la France, où le jeune Africain se trouve en rade depuis des mois…

 Puis il est question d’un autre Moussa, qui, avec Nana, Béatrice et les autres, sont hébergés au foyer de Sevran… La metteuse en scène installe un décor de fortune : des figurines s’alignent, d’autres s’animent par écran interposé et représentent les personnages de ces sagas migratoires… Mais une spectatrice arrivée en retard, après l’avoir écoutée avec patience, la prend rudement à partie : de quel droit parle-t-elle de la vie de ces gens ? En quoi son théâtre leur est-il utile ? Ont-ils été payés, comme elle, pour qu’elle en fasse les personnages d’une fiction théâtrale ? Et sinon, que fait-elle pour eux ?

Cette personne mal élevée  s’avère être une migrante qui s’est trompée d’adresse… Mais bien vite, on décèle en cette provocatrice, une comédienne complice (Estelle Lesage). Ce quiproquo pose très clairement la question : sommes-nous capables, individuellement ou collectivement, d’accueillir dans nos vies, un « autre » qui ne nous ressemble pas et venant d’ailleurs? Et s’insinue alors l’embarras où nous nous trouvons, artistes ou spectateurs, face à cette actualité déchirante…

Ce coup de théâtre interrompt un récit bien huilé et partant de bons sentiments: Catherine Boskowitz témoigne ici de son propre trouble et nous le transmet, en posant la question de l’engagement à l’époque actuelle : le sien, celui des artistes et le nôtre. Cette pièce  de trois quart d’heure incite au débat et se prolonge souvent par des discussions animées. Elle interroge aussi le rôle du théâtre  et son efficacité face aux problèmes politiques et sociaux

«Au départ, dit la metteuse en scène, j’ai écrit un spectacle pour appartement, mais covid oblige! nous l’avons joué en mars et avril 2021 dans une salle  transformée en salon : gros canapés, fauteuils, lampes, chaises, etc… pour que le public s’y sente comme dans un appartement. Et cela a marché. » Après une vingtaine de représentations, Le Refuge cherche de nouveaux hébergeurs.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 10 décembre, à La Poudrerie, 6 avenue Robert Ballanger, Sevran (Seine-Saint-Denis). RER B : Sevran-Livry. 

 

 

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Archive pour 12 décembre, 2021

Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d’Estelle Lesage et Catherine Boskowitz

Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d’Estelle Lesage et Catherine Boskowitz

Le Refuge de Catherine Boskowitz, conception et réalisation d'Estelle Lesage et Catherine Boskowitz dans actualites fred-chapotat-300x200

© Fred Chapotat

Dans la continuité de son engagement sur la question migratoire, le thème de son précédent spectacle Le Pire n’est pas toujours certain, créé en 2019 au festival des Francophonies de Limoges (voir Le Théâtre du blog), la metteuse en scène a conçu une pièce pour appartement, à la demande de la Poudrerie de Sevran en Seine-Saint-Denis. Cette « Scène conventionnée  d’intérêt national Art en Territoire » a, pour priorité, selon ce label attribué par le ministère de la Culture, de créer des rencontres avec le public pour des créations participatives. A Sevran, on parle plus d’une centaine de langues et les profils sociologiques sont très variés...
La Poudrerie propose, entre autres, dans les quartiers et chez les habitants, des formes théâtrales gratuites. Des spectacles de plus grande envergure, aussi gratuits, sont joués notamment à la salle des fêtes municipale.

 Dans cet esprit, Catherine Boskowitz et Estelle Lesage, les interprètes, ont rencontré les résidents d’un foyer, de tout âge et de toute origine. Elles ont discuté avec eux, tout en sculptant des statuettes en terre… Et, pendant le confinement, la metteuse en scène a écrit un texte où elle mêle cette expérience à d’autres, vécues lors de ses nombreux séjours en Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud…  Pour nous la conter, elle nous accueille dans l’appartement où les hôtes et leurs invités ont pris place dans les fauteuils et canapés du salon. Avec quelques accessoires, elle va nous jouer sa pièce sur les migrants. Dans une langue précise et concrète, elle évoque Beyrouth qu’elle a vue en guerre, sa peur aux check-points, la lassitude d’un ami libanais… Mais aussi l’explosion du port, les appartements dévastés… Et Moussa, plus loin, voit passer le nuage orange qui s’est formé au-dessus de Beyrouth. Chassé par le vent, il a atteint Vintimille en Italie à la frontière avec la France, où le jeune Africain se trouve en rade depuis des mois…

 Puis il est question d’un autre Moussa, qui, avec Nana, Béatrice et les autres, sont hébergés au foyer de Sevran… La metteuse en scène installe un décor de fortune : des figurines s’alignent, d’autres s’animent par écran interposé et représentent les personnages de ces sagas migratoires… Mais une spectatrice arrivée en retard, après l’avoir écoutée avec patience, la prend rudement à partie : de quel droit parle-t-elle de la vie de ces gens ? En quoi son théâtre leur est-il utile ? Ont-ils été payés, comme elle, pour qu’elle en fasse les personnages d’une fiction théâtrale ? Et sinon, que fait-elle pour eux ?

Cette personne mal élevée  s’avère être une migrante qui s’est trompée d’adresse… Mais bien vite, on décèle en cette provocatrice, une comédienne complice (Estelle Lesage). Ce quiproquo pose très clairement la question : sommes-nous capables, individuellement ou collectivement, d’accueillir dans nos vies, un « autre » qui ne nous ressemble pas et venant d’ailleurs? Et s’insinue alors l’embarras où nous nous trouvons, artistes ou spectateurs, face à cette actualité déchirante…

Ce coup de théâtre interrompt un récit bien huilé et partant de bons sentiments: Catherine Boskowitz témoigne ici de son propre trouble et nous le transmet, en posant la question de l’engagement à l’époque actuelle : le sien, celui des artistes et le nôtre. Cette pièce  de trois quart d’heure incite au débat et se prolonge souvent par des discussions animées. Elle interroge aussi le rôle du théâtre  et son efficacité face aux problèmes politiques et sociaux

«Au départ, dit la metteuse en scène, j’ai écrit un spectacle pour appartement, mais covid oblige! nous l’avons joué en mars et avril 2021 dans une salle  transformée en salon : gros canapés, fauteuils, lampes, chaises, etc… pour que le public s’y sente comme dans un appartement. Et cela a marché. » Après une vingtaine de représentations, Le Refuge cherche de nouveaux hébergeurs.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 10 décembre, à La Poudrerie, 6 avenue Robert Ballanger, Sevran (Seine-Saint-Denis). RER B : Sevran-Livry. 

 

 

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