Chroniques pirates de Paul Balagué, création commune de la compagnie En Eaux Troubles

Chroniques pirates de Paul Balagué, création commune de la compagnie En Eaux Troubles

 

Bonne question : où trouver un modèle vivant, réel de démocratie directe ? Il s’agit tout simplement de résoudre l’équation fondamentale et impossible entre liberté et égalité. Paul Balagué et sa compagnie sont aller chercher du côté de la vie de pirates à bord. Organisation minimale et «horizontale» : capitaine élu par l’équipage, butin équitablement réparti, et même, quand les responsabilités font la différence, un rapport entre salaires jamais plus d’un à deux. De quoi faire rêver un instant, si on pense aux écarts de revenus dans notre merveilleuse époque…

 

© Loïc-Bernard Chabrier

© Loïc-Bernard Chabrier

Une caisse commune -chacun y verse sa contribution- permet de venir en aide à ceux, blessés ou mal en point, qui ne peuvent plus naviguer. Voilà une micro-société modèle, une utopie réalisée, car la mer, c’est nulle part et surtout, pour les pirates, la liberté, le risque et le drapeau noir. Ni Dieu ni maître pour ces aventuriers, même si, à l’occasion, ils acceptent de se faire corsaires au service de leur Roi… ou d’un autre.  Mais sentant le vent, ils sont vite repris par la passion de la chasse, quitte à être eux-mêmes chassés, capturés et pendus haut et court. L’auteur et son équipe ont fouillé dans une importante documentation, qu’ils ont confrontée à celle des mouvements sociaux d’aujourd’hui, gilets jaunes et black blocs. Puis ils ont testé des scènes pour en arriver à bâtir cette épopée théâtrale.

Nous suivons le parcours d’un paysan chassé de sa terre, exilé de force en Louisiane, capturé par des pirates et se joignant à eux, destiné à être le «témoin survivant» fictif de cette histoire. On le perd parfois au profit de ses compagnons de bord, dont certains personnages historiques comme Charles Vane l’homme qui tutoie le vent et la mort, Mary Reed et Anne Bonny, des piratesses légendaires que l’auteur a réunies dans son récit. Mais la réalisation déçoit. L’enjeu politique, point fort du projet, est noyé sous l’anecdote ou l’excès d’informations. Nous suivons quand même une ligne narrative, du triomphe, à la pendaison. Il y a quelques belles trouvailles dont l’image finale (les vêtements pendus au gibet à la place de leurs occupants, partis s’envoler dans la grande bleue).

Reste un classique théâtre de tréteaux, avec une scénographie se construisant et se déconstruisant au fil du récit, et les acteurs passant de leurs rôles de pirates à ceux, secondaires, de leurs oppresseurs… Le public, jeune, applaudit, content d’être pris à partie, de voir ces marin se dresser à côté de lui, d’entendre cette langue composite voulue par l’auteur, nourrie d’anachronismes et du langage actuel de la rue, pour retrouver un tout petit peu du folklore pirate de son enfance (voir le succès des Pirates des Caraïbes).
Le critique de théâtre, elle ou lui, grimace : l’épopée marque le pas, manque d’élan. «Le public est inclus en permanence dans l’histoire» nous dit-on. De fait, le spectacle se joue parfois dans le public: cerné, mais… non inclus pour autant. Comme à notre entrée dans la salle, une bousculade fictive (mais prudente) avec des  policiers, ne nous met en rien dans la peau d’un paysan chassé de sa terre, ou de reconduits à la frontière d’aujourd’hui…

Paul Balagué pèche ici par excès d’intentions, annoncées mais impossibles à réaliser. Agir sur le corps des spectateurs, pourquoi pas? Mais manque une vraie dramaturgie pour que la surprise soit éclairante. Ne boudons pas quelques jolis moments, comme ce récit d’un pirate-danseur, hors-d’œuvre délicat dans une vie rude, et qui introduisent une faille bienvenue dans la continuité du spectacle. Tant mieux si le public jeune est satisfait mais on lui doit plus, qu’il ne demande.
Cette troupe expérimentée n’a rien à perdre à être plus exigeante, plus radicale! Un public populaire mérite mieux: un théâtre bouleversant et inoubliable qui ouvre des brèches jamais fermées. Cela existe et c’est donc possible. «Avec notre pistolet à bouchons, nous partons au front», conclut la longue note d’intention. Bien vu : la modestie revendiquée des moyens et signes est le théâtre populaire même. Mais comme le nécessite ce front, il ne faut alors rien lâcher sur une ambition esthétique et donc, inévitablement politique…

Christine Friedel

MC 93, 9 boulevard Lénine, Bobigny (Seine Saint-Denis), jusqu’au 18 décembre. T. : 01 41 60 72 72.

 


Archive pour 13 décembre, 2021

L’Ecole du double fond et le Diplôme de magicien

L’Ecole du double fond et le Diplôme de magicien

Le Double Fond est un théâtre et un bar mais aussi en même temps une école. Le magicien Dominique Duvivier, créateur du Double Fond, a toujours eu à cœur la transmission et la reconnaissance de son art. La mise en place d’une certification est l’aboutissement d’une démarche historique, et cela correspond à une volonté de donner ses lettres de noblesse à cette formation Bac+2 maintenant reconnue par le ministère de l’Education en 2018 ?Mais il aura fallu cinq ans, comme le précise Adeline Galland, responsable pédagogique.

-C’était compliqué, Adeline Galland, une demande de reconnaissance par l’Etat?

 -Oui, la première année, nous avons dû analyser et comprendre les démarches nécessaires et ensuite nous avons décidé de nous lancer. Mais nous avons passé une année entière à entendre que notre projet était irréalisable ! Et, à chaque foi, que nous voulions avancer, nous apprenions l’existence d’une nouvelle barrière infranchissable. Donc la troisième année, nous avons été découragés et avons tout arrêté.
La quatrième année, nous nous sommes dit : « Tant pis ! Tout le monde dit, c’est impossible, nous allons donc le faire quand même et nous verrons bien ! ». Mais cela n’a pas été simple : encore un an de travail, un dossier de cinquante pages, et vingt-et une versions plus loin, pour aboutir à un résultat satisfaisant. Après une instruction de dossier ( six mois!) et un passage devant une commission de quarante personnes (représentants de ministères, syndicats, organismes d’Etat…), il faut croire que nous avons su être convaincants et nous avons obtenu l’autorisation de délivrer un titre de magicien, niveau 5 européen, soit bac+2, avec équivalence universitaire (120 points ECTS). La cinquième et dernière année a été consacrée à la commercialisation de cette nouvelle corde à notre arc.

©x Alexandra et Dominique Duvivier

©x Alexandra et Dominique Duvivier

-Comment s’organisent les cours collectifs?

-Avec un cursus complet de 550 h mais à deux rythmes possibles : soit sur une année scolaire (35 h par semaine de septembre à décembre puis sept h par semaine de suivi pédagogique de janvier à juin). Ou bien sur deux ans (en moyenne sept heures hebdomadaires). La réussite à l’examen final étant par ailleurs conditionnée par un travail personnel de l’ordre de 2.500 à 3.000 heures…

Quant à l »organisation des cours, pas d’ordre chronologique. Le parcours est structuré de manière à alterner les thématiques et à aérer les contenus pour garder les étudiants attentifs et qu’il puissent mémoriser plus facilement. Chaque journée de formation alterne cours théoriques, mises en situation, travaux pratiques et travaux dirigés.

-Combien d’élèves par promotion ?

-Nous n’avons pas fixé de limites mais il n’y a jamais plus une dizaine d’élèves par cours, pour que l’apprentissage reste le plus efficace possible. Donc, en fonction de la demande, nous multiplions les sessions de cours et développons l’équipe pédagogique. Nous nous adaptons…

Il y actuellement sept formateurs : Dominique Duvivier, Alexandra Duvivier, Philippe de Perthuis, Olivier Bridard, Jean-Pierre Crispon, Benoît Rosemont, Quoc Tien Tran. Chacun enseigne ses spécialités, en fonction d’un programme de formation précis.

Dans un premier temps, le programme pédagogique selon les exigences du Ministère du Travail était fondé sur un découpage en « blocs de compétences », eux-mêmes répartis en modules. Puis nous avons fait de nombreuses réunions avec l’équipe pédagogique pour prendre en compte tous les aspects du métier. En l’occurrence, notre programme comporte quatre blocs. 1: Exercice de la magie (culture et histoire de cette discipline et cartomagie, close-up, magie pour enfants, mentalisme et magie de salon/scène. 2: Préparation d’un numéro : connaissance du terrain  et vocabulaire du monde du spectacle, etc.) 3 : Interprétation d’un numéro : comment susciter l’adhésion du public et le captiver, etc. 4 : Développement et gestion d’activité : savoir se vendre, connaître les différents statuts existant, prix du marché, notions de droit, etc.

-Vous avez un cours d’histoire de la magie ?

Oui, bien sûr mais abordée aussi sur tout le cursus : cet art est celui de la transmission par excellence et nous mettons sans cesse l’accent sur l’importance de respecter la chaîne du secret et de comprendre que chaque magicien fait partie d’une grande communauté, avec ses droits et ses pratiques. En entrant ici, les étudiants signent une Charte du magicien  qui les engage sur un certain nombre de points et nous insistons beaucoup sur tout au long de la formation sur le fait de citer ses sources, connaître ce que l’on doit à ses pairs et développer sa culture. Nous avons aussi un cours où nous faisons découvrir des archives aux étudiants, avec des vidéos les incontournables Fred Kaps, Albert Goshman, Richard Ross, Ricky Jay, Dai Vernon, Larry Jennings, etc. Les étudiants adorent et sont fascinés…

-Comment se passent les examens pour l’obtention du diplôme ?

Il a a cinq épreuves : quatre écrites (QCM ou questions/réponses) pour le module 1 et les 2, 3 et 4. L’examen final devant le jury est une mise en situation : le candidat prépare un minimum de trois tours par discipline : cartes,close-up, mentalisme, magie pour enfants, magie salon/scène). Un jury de trois magiciens en activité mais extérieurs au Double Fond demande au candidat de présenter un tour choisi au hasard dans chaque discipline. Soit un total de cinq tours sur une une heure environ.

-Après trois ans, quels sont vos retours d’expérience? Avez-vous changé des choses  et combien d’élèves s’engagent-ils dans le métier ?

-Nous sommes dans une logique d’amélioration continue. Chaque semaine, le comité pédagogique se réunit pour rectifier, parfaire… Donc oui, nous avons changé beaucoup de choses, parce que nous faisons en sorte d’évoluer sans cesse. Nous nous remettons beaucoup en question : c’est dans nos habitudes au Double Fond et dans cette aventure nous avons une grande responsabilité quant à l’image de l’art de la magie et envers les étudiants qui nous font confiance en venant se former ici .Le placement de nos diplômés dans le monde du travail était très bon mais depuis la pandémie, les statistiques sont faussées…

-Comment s’inscrire et se faire financer ?

L’inscription est conditionnée à un entretien préalable mais sans aucun prérequis ni audition. La formation peut bénéficier de financements publics et, en fonction du statut du futur étudiant, nous étudions toujours les meilleures possibilités. Le Double Fond propose aussi d’autres apprentissages par le biais de cours particuliers ou d’une plateforme à distance… Et à part,  notre enseignement  diplômant, il y a aussi des formations courtes : 20 h, 40 h ou 80 h qu’on peut faire financer avec un C.P.F.) pour monter en compétence dans un domaine particulier, par exemple : magie pour enfants, mentalisme, etc.). Il y a aussi des formules de cours pour enfants, adolescents, etc. Et enfin, nous avons aussi une plateforme: Double Fond TV. Une sorte de netflix par abonnement et on peut accéder à déjà plus de huit cent vidéos pour apprendre ou se perfectionner, mais aussi regarder des archives de spectacles…

-Que pensez-vous de la pratique amateur , par rapport à une professionnalisation du métier ?

-Pas de fossé et s’il y en a un, c’est celui existant entre ceux qui font de la magie pour gonfler leur ego, et d’autre part,  ceux qui veulent créer du lien, faire rêver, dans un état d’esprit de partage. Bref, il n’y a pas de  pratique amateur qui s’opposerait à une pratique professionnelle. Elles s’enrichissent mutuellement. La professionnalisation, grâce notamment à ce diplôme, permet de porter vers le haut les valeurs du métier et lui donner une légitimité dont il manquait dans le théâtre, le cinéma, le cirque, etc.

-Que pensez-vous du brevet d’initiation BIAM mis en place en 2020 par la F.F.A.P. pour former des enseignants à la magie ?

Merveilleux : toute initiative lui permettant d’être davantage reconnue comme un art, est à louer. Plusieurs pays ont pris contact avec nous et pour envoyer leurs étudiants passer le diplôme chez nous. Mais aucun autre pays que la France n’a, du moins à notre connaissance, développé une certification reconnue par l’Etat. Nous avons ouvert une porte et espérons bien que cela encouragera d’autres pays à se lancer !

-Et l’évolution du métier ?

-Notre art s’est récemment beaucoup développé et ce n’est pas un simple effet de mode. Face au numérique et à la déshumanisation, il répond à plusieurs de nos besoins fondamentaux: rêver, s’émouvoir dans le partage, se connecter les uns aux autres et vivre ensemble un émerveillement. Il y aura donc de plus en plus de magie dans le futur !

Sébastien Bazou

Entretien réalisé le 27 novembre.

Le Double Fond, place du marché Sainte-Catherine, Paris (IV ème). T. 01 42 71 40 20. 

http://www.doublefond-formation.com/ et à voir : un reportage sur l’école du Double Fond sur BFMTV.

Le diplôme de magicien: https://www.youtube.com/watch?v=XafK1zX7EgA

Erreurs salvatrices, textes d’Heiner Müller, conception et musique de Wilfried Wendling, chorégraphie aérienne de Cécile Mont-Reynaud

Erreurs salvatrices, textes d’Heiner Müller, conception et musique de Wilfried Wendling, chorégraphie aérienne de Cécile Mont-Reynaud

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Christophe Raynaud de Lage

Ici, musique, théâtre et cirque se rencontrent sous la houlette de la Muse en circuit. Au centre du plateau, un dispositif circulaire en rideaux de fils concentriques. Sorte de cage aux parois mouvantes, fortement éclairée… Sur de grands écrans, défilent images de guerre, paysages urbains ou ruraux. Alentour, quelques niches et miroirs, une fontaine… autant de petits autels qui s’animeront sporadiquement… Nous  pénétrons dans cet environnement, libres de nous asseoir où bon nous semble, sur des tabourets en carton distribués à l’entrée, ou de circuler mais toujours enveloppés par un décor sonore vrombissant. Des mots surgissent de l’obscurité et, grimpé dans les filins, un acrobate (remplaçant au pied levé Cécile Mont-Reynaud) décrit des arabesques, comme s’il tissait de son corps ce matériau malléable. En écho, le récitant (Denis Lavant) sculpte les phrases d’Heiner Müller et Wilfried Wendling pilote à la console, debout parmi les spectateurs, musiques électroniques, images vidéo et lumières. Denis Lavant, surgit et disparaît aux quatre coins du plateau, funambule du verbe, en complicité avec le circassien sur sa « fileuse », un agrès inventé par Cécile Mont-Reynaud et Gilles Fer, combinant techniques de la corde et du tissu aérien.

Le compositeur, formé par Georges Aperghis, féru des nouvelles technologies et dans la lignée d’un Pierre Henry,  a fait de l’ordinateur, son instrument de musique et de création visuelle. Il improvise à partir de séquences sonores multi-sensorielles pré-enregistrées choisies, en interaction avec les déplacements aléatoires du danseur sur fil et du comédien. En phase avec ses partenaires musiciens, Denis Joubert et Thomas Mirgaine, il pilote aussi  lumières, éléments de décor et images vidéo, en fonction des textes livrés par bribes et variant à chaque séance : Héraklès II ou l’Hydre (1972), Paysage avec Argonautes (1982), Textes de rêve, Avis de décès (1975-76) et le mythique Paysage sous surveillance (1984). Wilfried Wendling y a puisé des poèmes, manifestes sur le théâtre, rêves d’enfant, réminiscences, révoltes … Denis Lavant les profère sauvagement ou laisse planer en boucle cette matière langagière véhiculant les éclats de mémoire et obsessions de l’auteur.

Erreurs salvatrices nous est livré en trois séries de cinquante minutes, dans le même dispositif mais aux couleurs différentes. Un voyage qui part de considérations philosophiques pour aboutir au plus intime de l’inconscient : le récit de rêve. Le premier module ( A) s’attache à des thèmes existentiels, avec des questions par salves : «  Pourquoi les arbres ont-ils l’air innocent, lorsqu’il n’y a pas de vent ? Pourquoi vivez-vous ? Pourquoi je pose des questions, Pourquoi je ne veux pas connaître la réponse ? Voulez-vous que je parle de moi ? Moi qui… De qui est-il question ? Quand il est question de moi. Qui est-ce moi ? Sous l’averse de fiente… » . Des aphorismes : « Lorsque le fumier croît, le coq est plus proche du ciel ». Des paysages : « Le nouveau clapier de fornication à chauffage urbain .» Des images récurrentes : « L’herbe, encore nous devrons l’arracher pour qu’elle reste verte à Auschwitz » … Des acteurs passent en cortège, peuplade dangereuse… Cette profération rageuse domine cette partition, pour finir en borborygmes.

Dans le deuxième programme (B), nous plongeons dans un univers plus enfantin et onirique mais toujours cruel : un jeu de cache-cache qui tourne mal…. Un « père requin » ou « un père mort-né » semblent souhaitables, comme «une mère baleine bleue». Des personnages mythiques apparaissent : Hamlet, le mal-compris «trébuchant de trou en trou», «Lautréamont mort à Paris en 1871, inconnu. » La mort rôde : «Je fume trop, je bois trop, je meurs trop lentement »…

Miroirs et vidéos démultiplient la présence scénique de l’acteur et du circassien, reflets fugaces saisis dans un univers vibratoire de sons et lumières. Magnifiquement servie par Denis Lavant au sommet de son art, cette écriture divagante, porteuse d’images ou de pensées macabres où l’auteur se dédouble en pages rageuses, guide la création d’une équipe artistique aguerrie. Nous sommes immergés dans la pensée créatrice, heurtée et heurtante d’un Heiner Müller travaillé par son temps mais aussi par les fantômes de l’Histoire et de son histoire personnelle. Il faut aller voir et écouter ce poème dramatique à la fois théâtral, sonore et visuel. Impressionnant….

Mireille Davidovici

Du 7 au 18 décembre, Théâtre de la Cité internationale, 21 boulevard Jourdan, Paris( XIV ème). T. : 01 85 53 53 85.

 

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