Girls and Boys de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Chloé Dabert

Girls and boys de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Chloé Dabert

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Bénédicte Cerutti © Victor Tonelli

La directrice de la Comédie-Centre Dramatique National de Reims depuis 2019, après avoir monté Orphelins et L’Abattage rituel de Gorge Mastromas de cet auteur britannique souvent joué en France (voir Le Théâtre du Blog) s’empare de ce monologue. « Surprenant, Dennis Kelly, explore toujours des nouvelles formes. Son théâtre raconte l’humain, sans complaisance », dit-elle. Une jeune femme (Bénédicte Cerutti) au langage cru et direct, prend le public à témoin d’un coup de foudre à l’aéroport de Naples  Fuyant une vie de sexe, d’alcool et drogue, elle trouve enfin l’amour. Nous pensons tout d’abord avoir à faire à du café-théâtre, avec bons… ou gros mots mais son discours se fait moins bravache, au fur et à mesure qu’elle nous entraîne dans ses histoires de couple, de mère, de travail, ses colères contre le sexisme, le harcèlement et les violences masculines.

Malgré une carrière professionnelle florissante qu’elle se trace, en jonglant avec les horaires de ses deux enfants, nous sentons qu’il y a anguille sous roche… Son mari a changé, c’est le temps des soupçons et d’une prochaine guerre de couple. Drame ordinaire du désamour? Le récit confine au bizarre : la comédienne parle avec des enfants fantômes : effet de théâtralité renforcé par un décor qui s’ouvre vers un lointain brouillardeux et fantomatique ? Soudain tout bascule, la jeune femme nous livre le fin mot de l’histoire : l’horreur absolue, venue d’un homme envieux, haineux et autoritaire…

La scénographie de Pierre Nouvel, sobre, donne accès à plusieurs espaces : bureau, maison, salon… à la fois réalistes et chimériques, lieux d’un passé révolu, celui du récit… Chloé Dabert dirige avec justesse Bénédicte Cerutti qui incarne avec brio une femme ordinaire, pugnace et naïve. La pièce, vive et rythmée, ménage les temps, pauses et silences.  Elle aborde des thèmes dans l’air du temps comme la violence et les guerres engendrées par les hommes, la souffrance au travail dans une système où le profit est roi, la résilience des femmes…

Elu meilleur auteur étranger par le magazine allemand Theater Heute en 2009, Dennis Kelly inscrit son théâtre, comme nombre de dramaturges  anglo-saxons, dans une réalité sociale et politique… Mais ce monologue d’une heure quarante, peu innovant dans la forme et la langue, se perd à la longue dans les détails du récit au détriment de sa force dramatique et de l’énergie de la comédienne. Malgré cela, Girls and Boys -un sans faute pour l’équipe artistique- ne manquera pas de toucher le public…

 Mireille Davidovici  

 Jusqu’au 30 janvier, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème) T. : 01 44 95 98 00.

 Du 2 au 5 février, Théâtre National de la Criée, Marseille (Bouches-du-Rhône) et du 22 au 26 février, Comédie de Reims (Marne).

 

 


Archive pour 6 janvier, 2022

Girls and Boys de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Chloé Dabert

Girls and boys de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Chloé Dabert

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Bénédicte Cerutti © Victor Tonelli

La directrice de la Comédie-Centre Dramatique National de Reims depuis 2019, après avoir monté Orphelins et L’Abattage rituel de Gorge Mastromas de cet auteur britannique souvent joué en France (voir Le Théâtre du Blog) s’empare de ce monologue. « Surprenant, Dennis Kelly, explore toujours des nouvelles formes. Son théâtre raconte l’humain, sans complaisance », dit-elle. Une jeune femme (Bénédicte Cerutti) au langage cru et direct, prend le public à témoin d’un coup de foudre à l’aéroport de Naples  Fuyant une vie de sexe, d’alcool et drogue, elle trouve enfin l’amour. Nous pensons tout d’abord avoir à faire à du café-théâtre, avec bons… ou gros mots mais son discours se fait moins bravache, au fur et à mesure qu’elle nous entraîne dans ses histoires de couple, de mère, de travail, ses colères contre le sexisme, le harcèlement et les violences masculines.

Malgré une carrière professionnelle florissante qu’elle se trace, en jonglant avec les horaires de ses deux enfants, nous sentons qu’il y a anguille sous roche… Son mari a changé, c’est le temps des soupçons et d’une prochaine guerre de couple. Drame ordinaire du désamour? Le récit confine au bizarre : la comédienne parle avec des enfants fantômes : effet de théâtralité renforcé par un décor qui s’ouvre vers un lointain brouillardeux et fantomatique ? Soudain tout bascule, la jeune femme nous livre le fin mot de l’histoire : l’horreur absolue, venue d’un homme envieux, haineux et autoritaire…

La scénographie de Pierre Nouvel, sobre, donne accès à plusieurs espaces : bureau, maison, salon… à la fois réalistes et chimériques, lieux d’un passé révolu, celui du récit… Chloé Dabert dirige avec justesse Bénédicte Cerutti qui incarne avec brio une femme ordinaire, pugnace et naïve. La pièce, vive et rythmée, ménage les temps, pauses et silences.  Elle aborde des thèmes dans l’air du temps comme la violence et les guerres engendrées par les hommes, la souffrance au travail dans une système où le profit est roi, la résilience des femmes…

Elu meilleur auteur étranger par le magazine allemand Theater Heute en 2009, Dennis Kelly inscrit son théâtre, comme nombre de dramaturges  anglo-saxons, dans une réalité sociale et politique… Mais ce monologue d’une heure quarante, peu innovant dans la forme et la langue, se perd à la longue dans les détails du récit au détriment de sa force dramatique et de l’énergie de la comédienne. Malgré cela, Girls and Boys -un sans faute pour l’équipe artistique- ne manquera pas de toucher le public…

 Mireille Davidovici  

 Jusqu’au 30 janvier, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème) T. : 01 44 95 98 00.

 Du 2 au 5 février, Théâtre National de la Criée, Marseille (Bouches-du-Rhône) et du 22 au 26 février, Comédie de Reims (Marne).

 

 

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