Là-bas, Chansons d’aller-retour, pièce musicale de Nathalie Joly, chorégraphie de Dominique Rebaud, sous le regard de Simon Abkarian

Là-bas, Chansons d’aller-retour, pièce musicale de Nathalie Joly, chorégraphie de Dominique Rebaud, sous le regard de Simon Abkarian

Une pièce interprétée par l’auteure et sa sœur Valérie Joly accompagnées au piano et à l’accordéon par Thierry Roques. Sous le regard  et les oreilles, cela tombe sous le sens. De nos jours, à l’ère du wokisme, nous n’osons même plus dire :  mise en scène, comme si l’expression contrariait la veine libertaire de l’artiste, encore moins « dirigée » par qui que ce soit. Ainsi le petit métier de « regard extérieur » s’applique couramment aux arts de la scène en général comme celui, par exemple, de dramaturge. Un glossaire sert de feuille de salle et peut aider à comprendre la pièce, si on est équipé d’une torche électrique. Le soir où nous y étions, personne ne l’avait anticipé et nous devions suivre attentivement dialogues et paroles de chansons énoncées en version originale, puis les traduire, du moins  si nous maîtrisions l’espagnol, le grec, l’arabe mais aussi le langage populaire algérien dit «pataouète » ou «papalouette »…  Le thème annoncé « là-bas » rappelle plus le fameux slogan : C’est bon comme là-bas (1973) du couscous Garbit, que celui du non moins fameux roman de Joris-Karl Huysmans mais il est ici bel et bien traité. L’adverbe désigne plusieurs ports d’attache, de départ mais aussi d’arrivée quand il s’agit de retour aux sources : une notion vague et précise à la fois. .. Et l’auteure entend dire son histoire, ses racines, ses ancêtres, sa culture, sa brûlure- pas seulement celle du soleil-, « les odeurs d’épices et de fleurs, la lumière qui réconforte, le son des vagues ».

 

© Nicolas Villodre

© Nicolas Villodre

Comme le suggère le sous-titre Chansons d’aller-retour connoté cubain. Nathalie Joly traite de thèmes comme celui des diseuses qu’elle lie à l’exil, des flux migratoires, des pieds-noirs. Mais aussi bien entendu des «idas y vueltas » (chants d’aller-retour) des sœurs Faez et de leur « trova familiale », des sœurs Abatzi venues depuis Smyrne, au Pyrrhée où, dit-elle, «les cabarets enfumés retentissent de haschich songs».  Ces airs sont caribéens mais aussi argentins, brésiliens, mexicains, grecs, arabo-andalous… et ont fait l’objet d’un bel album édité par Frémeaux et Associés, interprété par le trio de cette pièce, enrichi des percussions d’Inor Sotolongo, du bandonéon de Carmela Delgado, de la contrebasse de Théo Girard, du violon-quinton de Bruno Girard, de la trompette et du bugle de Julien Matrot, du bendir et de la darbouka d’Amar Mohali, de la voix de Julia Marini et de la guitare de Maurice Durozier.

Là-bas Chansons d’aller-retour est une excellente surprise: scénographie de Jean-Jacques Gernolle simple et efficiente, son de Margaux Dancoine subtilement dosé et lumières de Charly Thicot, enchanteresses et émouvantes, en particulier quand les sœurs Joly chantent La Llorona, un des plus beaux airs arrangés par l’auteure et Thierry Roques. La justesse de ton des dialogues entre elles vaut d’être soulignée, comme la grâce de leur gestuelle, en accord avec l’humanité de leur propos.

 Nicolas Villodre

 Le Local, 18 rue de l’Orillon, Paris ( XI ème), jusqu’au 7 février.

 

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