Le Corps des autres, d’après le livre d’Ivan Jablonka et de Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig, adaptation et mise en scène de Marie Lévy
Le Corps des autres, d’après le livre d’Ivan Jablonka et du film Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig, adaptation et mise en scène de Marie Lévy
A partir du Corps des autres, une enquête sur les esthéticiennes qui sont aussi les grandes confidentes de leurs clientes. Mais aussi d’un film Sois belle et tais-toi, tourné en 77 par la grande comédienne que fut Delphine Seyrig où elle interviewe des actrices françaises mais aussi américaines et canadiennes. »Tantôt adulées et femmes objets-égéries d’une publicité de parfum, tantôt à l’origine du mouvement metoo » dit la metteuse en scène.
Ici, cela se passe dans un institut dit de beauté où Sofia travaille comme esthéticienne et elle a, entre autres clientes, Marine, une jeune et belle actrice de cinéma. Séance d’épilage où entend juste du papier scotch décollé de son ruban. Bien vu… Puis il y a des témoignages issus du film et des paroles recueillis par la metteuse en scène. But de l’opération, si on bien compris: démontrer qu’il y a encore l’obligation d’avoir un visage et un corps séduisant le plus longtemps possible, grâce à la chirurgie esthétique et aujourd’hui à la chimie. Et cela dans la vie ordinaire, comme sur les plateaux de cinéma… Même si l’épilation comme les parfums, les fards sur les paupières et les cils utilisés aussi comme désinfectant, les ongles colorés au henné, un onguent rouge pour les lèvres et les pommettes, la céruse pour blanchir la peau des joues… Tout cela remonte à la plus haute antiquité égyptienne et grecque : cosmétique, du grec ancien kosmos, signifiant ornement ».
Rosalie Comby qui joue à la fois la cliente et l’actrice et Chloé Lasne (l’esthéticienne et la journaliste) ont une diction impeccable ce qui est rare chez les jeunes interprètes -merci au passage à l’Ecole d’acteurs de Cannes d’où elles viennent. Et elles sont tout à fait crédibles. Nous les écoutons donc avec plaisir mais le spectacle, heureusement court ( à peine une heure) et qui tient plus d’une petite performance, ne tient pas la route : malgré la solide mise en scène de Marie Lévy… la dramaturgie comme les dialogues sont d’une pauvreté affligeante et font penser à un exercice d’improvisation dans une école de théâtre sur le choix ou non d’être belle. Mise à part la parole de Jane Fonda à qui un réalisateur explique « qu’avec le nez que tu as, tu vas jamais pouvoir jouer la tragédie (…) ou « le mot de Jack Warner, le chef de studio qui voulait que je mette des faux seins, il n’aimait pas les femmes avec des petits seins. Alors, c’était clair, j’étais un produit du marché et il fallait bien que je m’arrange pour être commerciale, parce qu’on allait investir de l’argent sur mon dos. » Mais cette dénonciation de la dictature de la beauté n’a rien de très neuf. Et ici, le compte n’y est donc pas et nous sommes restés sur notre faim. Dommage! Nous aimerions revoir ces jeunes actrices sympathiques dans un spectacle au texte plus consistant. A suivre donc…
Philippe du Vignal
Jusqu’au 29 janvier, Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, Paris ( XI ème). T. : 01 40 09 70 40.