La Diagonale du vide, texte et mise en scène d’Alexandra Badea

La Diagonale du vide, texte et mise en scène d’Alexandra Badea

C’est la troisième volet de la trilogie Points de non-retour (voir Le Théâtre du Blog). Avec pour thème, un épisode de l’histoire de France pas très flatteuse : à partir de 1962, plus de 2.100 enfants de l’île de la Réunion «abandonnés ou non» furent enlevés pour repeupler des départements comme la Creuse, le Gers, le Tarn, etc. Coupable de cette catastrophique initiative qu’il faut bien appeler une déportation: Michel Debré alors député de la Réunion! Il avait été Premier ministre du Général de Gaulle alors Pésident de la République, il démissionne trois ans plus tard. Il sera ensuite ministre de l’Économie et des Finances de 1966 à 1968, puis des Affaires étrangères de 1968 à 1969.  Le cauchemar pour ces enfants arrivés en short et sandales en plein placés dans des familles d’accueil,ou travailleurs non rémunérés dans des fermes! Comment un haut personnage de l’Etat a-t-il pu faire admettre à l’Etat, ce qu’il faut bien appeler un acte de barbarie, avec l’accord tacite de la chambre des Députés ? Une histoire très peu glorieuse de la V ème République… Et nombre de ces enfants en restèrent traumatisés à vie…

« Ce qui m’a bouleversée, dit Alexandra Badea, à la lecture de la documentation des « enfants de la Creuse » est ce sentiment d’arrachement, la perte d’identité, le déracinement, le sentiment d’abandon, de solitude. J’ai été particulièrement touchée par les fratries brisées et par le destin de ces jeunes filles qui ont sombré dans une dépression extrême et qui ont mis fin à leurs jours au sein des foyers d’accueil. (…) Le fil principal est donc l’abandon de la famille mais aussi l’abandon de l’État. Qui sont ces enfants qui peuplaient les foyers de la DDAS dans les années 80 ? Enfants de la Creuse, enfants d’immigrés nord-africains, enfants des ouvriers ou mineurs qui se retrouvent du jour au lendemain dans une violente précarité suite à la fermeture de certaines branches de l’industrie. »

Cela se passe dans un foyer d’accueil abandonné et fermé. Nora réalise un documentaire, prétexte pour mieux appréhender le passé caché de son père qui a lui-même vécu quelques mois dans ce foyer.
Elle filme trois pupilles qui y ont aussi vécu trente ans auparavant. Dont une fille du Nord, qui avait quitté sa famille déchirée par le chômage et voulait fuir la violence de son père. Mais aussi le fils d’un ouvrier algérien mort dans un accident de travail ; sa mère et ses grands frères sont rentrés au pays. Et un jeune réunionnais « enfant de la Creuse ». Il ignore son passé et déporté en métropole à quatre ans avec sa grande sœur. Placé dans une famille, il a dû intégrer ce foyer quand ses parents adoptifs ont divorcé.Dans tous les cas, comme le dit justement Alexandre Badea, « L’abandon de l’État se poursuit. On nous fait croire que c’est l’abandon des familles mais c’est l’abandon de l’État avant tout. »

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Sur le vaste plateau de la Colline, une évocation de ce foyer avec trois praticables, des cubes avec de vieux matelas accumulés et à cour, un autre avec une vieille baignoire en fonte. Au mur accrochés à un grillage des lierres en plastique pour dire que la naturei a repris ses droits dans cet endroit déserté.
Et Nora dès le début filme très souvent ces jeunes gens dont les visages sont en même temps projetés sur très grand écran. Il y a aussi des dialogues où dit l’autrice : « Les morts s’adressent aux vivants, le passé redevient présent, le réel et l’imaginaire se confondent pour donner naissance à une parole où progressivement la violence laisse la place à la réconciliation. »

Mais la «mise en scène» d’Alexandra Badea n’a rien de convaincant et manque singulièrement de rythme. Et comme d’autres, elle est tombée dans ce poncif du théâtre contemporain : le film en direct et en très gros plan sur une bonne partie du spectacle.. Et comme elle ne dirige pas bien ses acteurs, pourtant tous sortis de bonnes écoles, ils boulent leur texte et ont une diction plus qu’approximative! Quand les metteurs en scène comprendront-ils que coller avec un scotch un petit micro H F sur la joue d’un acteur  est vraiment très laid sur l’image. Et en aucun cas, cela ne le dispense d’articuler. Oui, il y a un autre théâtre que celui imposé par ces micros H F! C’est à demander comment pouvaient faire les acteurs il y encore une dizaine d’années, notamment à la Colline…
Dans ces conditions, comment s’intéresser à cette pseudo-pièce ? Comment ressentir une quelconque émotion au récit de ces enfants que l’Etat français, sur l’initiative d’un député français qui a créé l’E.N. A. , a cru bon de déporter sans scrupule dans une autre région française mais qui n’était pas la leur ? Pourquoi n’entendons nous pas le point de vue opposé? Pourquoi cette indifférence de la classe politique? Mais de cela, nous ne saurons rien.

« Ce qui m’a bouleversée, dit Alexandra Badea, à la lecture de la documentation des « enfants de la Creuse » est ce sentiment d’arrachement, la perte d’identité, le déracinement, le sentiment d’abandon, de solitude. J’ai été particulièrement touchée par les fratries brisées et par le destin de ces jeunes filles qui ont sombré dans une dépression extrême et qui ont mis fin à leurs jours au sein des foyers d’accueil. (…) Le fil principal est donc l’abandon de la famille mais aussi l’abandon de l’État. Qui sont ces enfants qui peuplaient les foyers de la DDAS dans les années 80 ? Enfants de la Creuse, enfants d’immigrés nord-africains, enfants des ouvriers ou mineurs qui se retrouvent du jour au lendemain dans une violente précarité suite à la fermeture de certaines branches de l’industrie. »

Cela se passe dans un foyer d’accueil abandonné et fermé. Une jeuen femme, Nora réalise un documentaire, prétexte pour mieux appréhender le passé caché de son père qui a lui-même vécu quelques mois dans ce foyer. Elle filme trois pupilles qui y ont aussi vécu trente ans auparavant. Dont une fille du Nord, qui avait quitté sa famille déchirée par le chômage et voulait fuir la violence de son père. Mais aussi le fils d’un ouvrier algérien mort dans un accident de travail ; sa mère et ses grands frères sont rentrés au pays. Et un jeune réunionnais « enfant de la Creuse ». Il ignore son passé et déporté en métropole à quatre ans avec sa grande sœur. Placé dans une famille, il a dû intégrer ce foyer quand ses parents adoptifs ont divorcé.Dans tous les cas, comme le dit justement Alexandre Badea, « L’abandon de l’État se poursuit On nous fait croire que c’est l’abandon des familles mais c’est l’abandon de l’État avant tout. »

Sur le vaste plateau de la Colline, une évocation de ce foyer avec trois praticables, des cubes avec de vieux matelas accumulés et à cour, un autre avec une vieille baignoire en fonte. Au mur accrochés à un grillage des lierres en plastique pour dire que la naturei a repris ses droits dans cet endroit déserté.  Et Nora dès le début filme très souvent ces jeunes gens dont les visages sont en même temps projetés sur très grand écran. Il y a aussi des dialogues où dit l’autrice : « Les morts s’adressent aux vivants, le passé redevient présent, le réel et l’imaginaire se confondent pour donner naissance à une parole où progressivement la violence laisse la place à la réconciliation. »
Dans ces conditions, comment s’intéresser à cette pièce ? Comment ressentir une quelconque émotion au récit de ces enfants que l’Etat français, sur l’initiative d’un député français qui a créé l’E.N.A. , a cru bon de déporter sans scrupule dans une autre région française mais qui n’était pas la leur ? Alexandre Badea n’arrive pas sauf à la toute fin, à nous embarquer dans cette suite de petites séquences filmées ou non. Et très vite l’ennui s’installe dans cette grande salle pas très pleine -et c’est un euphémisme-même si par deux fois, nous avons droit à être réveillés par un solo de batterie pour accompagner de petits moments de danse. Bref, ces deux heures nous ont paru interminables et conseil d’ami, vous pouvez sans dommage vous les épargner.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 7 février, Théâtre de la Colline, 18 rue Malte-Brun, Paris (XX ème). T. : 01 44 62 52 52.

Sur cette lamentable histoire, voir le très bon documentaire réalisé par William Caly Une enfance en exil : Justice pour les 161528 et diffusé sur France 3, Réunion Première et France Ô.

Un autre documentaire, Arrachée à son île (2002) retrace le parcours de Marie-Thérèse Gasp, soustraite à sa mère arrivée dans la Creuse à trois ans…

A entendre aussi: Les Enfants volés de la Creuse de Christophe Hondelatte, histoire et témoignage de Jean-Jacques Martial, Europe 1, Émission: Hondelatte raconte, diffusé en 2019.

Le texte  est paru à L’Arche Éditeur.

 


 

 


Archive pour 18 janvier, 2022

La Diagonale du vide, texte et mise en scène d’Alexandra Badea

La Diagonale du vide, texte et mise en scène d’Alexandra Badea

C’est la troisième volet de la trilogie Points de non-retour (voir Le Théâtre du Blog). Avec pour thème, un épisode de l’histoire de France pas très flatteuse : à partir de 1962, plus de 2.100 enfants de l’île de la Réunion «abandonnés ou non» furent enlevés pour repeupler des départements comme la Creuse, le Gers, le Tarn, etc. Coupable de cette catastrophique initiative qu’il faut bien appeler une déportation: Michel Debré alors député de la Réunion! Il avait été Premier ministre du Général de Gaulle alors Pésident de la République, il démissionne trois ans plus tard. Il sera ensuite ministre de l’Économie et des Finances de 1966 à 1968, puis des Affaires étrangères de 1968 à 1969.  Le cauchemar pour ces enfants arrivés en short et sandales en plein placés dans des familles d’accueil,ou travailleurs non rémunérés dans des fermes! Comment un haut personnage de l’Etat a-t-il pu faire admettre à l’Etat, ce qu’il faut bien appeler un acte de barbarie, avec l’accord tacite de la chambre des Députés ? Une histoire très peu glorieuse de la V ème République… Et nombre de ces enfants en restèrent traumatisés à vie…

« Ce qui m’a bouleversée, dit Alexandra Badea, à la lecture de la documentation des « enfants de la Creuse » est ce sentiment d’arrachement, la perte d’identité, le déracinement, le sentiment d’abandon, de solitude. J’ai été particulièrement touchée par les fratries brisées et par le destin de ces jeunes filles qui ont sombré dans une dépression extrême et qui ont mis fin à leurs jours au sein des foyers d’accueil. (…) Le fil principal est donc l’abandon de la famille mais aussi l’abandon de l’État. Qui sont ces enfants qui peuplaient les foyers de la DDAS dans les années 80 ? Enfants de la Creuse, enfants d’immigrés nord-africains, enfants des ouvriers ou mineurs qui se retrouvent du jour au lendemain dans une violente précarité suite à la fermeture de certaines branches de l’industrie. »

Cela se passe dans un foyer d’accueil abandonné et fermé. Nora réalise un documentaire, prétexte pour mieux appréhender le passé caché de son père qui a lui-même vécu quelques mois dans ce foyer.
Elle filme trois pupilles qui y ont aussi vécu trente ans auparavant. Dont une fille du Nord, qui avait quitté sa famille déchirée par le chômage et voulait fuir la violence de son père. Mais aussi le fils d’un ouvrier algérien mort dans un accident de travail ; sa mère et ses grands frères sont rentrés au pays. Et un jeune réunionnais « enfant de la Creuse ». Il ignore son passé et déporté en métropole à quatre ans avec sa grande sœur. Placé dans une famille, il a dû intégrer ce foyer quand ses parents adoptifs ont divorcé.Dans tous les cas, comme le dit justement Alexandre Badea, « L’abandon de l’État se poursuit. On nous fait croire que c’est l’abandon des familles mais c’est l’abandon de l’État avant tout. »

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Sur le vaste plateau de la Colline, une évocation de ce foyer avec trois praticables, des cubes avec de vieux matelas accumulés et à cour, un autre avec une vieille baignoire en fonte. Au mur accrochés à un grillage des lierres en plastique pour dire que la naturei a repris ses droits dans cet endroit déserté.
Et Nora dès le début filme très souvent ces jeunes gens dont les visages sont en même temps projetés sur très grand écran. Il y a aussi des dialogues où dit l’autrice : « Les morts s’adressent aux vivants, le passé redevient présent, le réel et l’imaginaire se confondent pour donner naissance à une parole où progressivement la violence laisse la place à la réconciliation. »

Mais la «mise en scène» d’Alexandra Badea n’a rien de convaincant et manque singulièrement de rythme. Et comme d’autres, elle est tombée dans ce poncif du théâtre contemporain : le film en direct et en très gros plan sur une bonne partie du spectacle.. Et comme elle ne dirige pas bien ses acteurs, pourtant tous sortis de bonnes écoles, ils boulent leur texte et ont une diction plus qu’approximative! Quand les metteurs en scène comprendront-ils que coller avec un scotch un petit micro H F sur la joue d’un acteur  est vraiment très laid sur l’image. Et en aucun cas, cela ne le dispense d’articuler. Oui, il y a un autre théâtre que celui imposé par ces micros H F! C’est à demander comment pouvaient faire les acteurs il y encore une dizaine d’années, notamment à la Colline…
Dans ces conditions, comment s’intéresser à cette pseudo-pièce ? Comment ressentir une quelconque émotion au récit de ces enfants que l’Etat français, sur l’initiative d’un député français qui a créé l’E.N. A. , a cru bon de déporter sans scrupule dans une autre région française mais qui n’était pas la leur ? Pourquoi n’entendons nous pas le point de vue opposé? Pourquoi cette indifférence de la classe politique? Mais de cela, nous ne saurons rien.

« Ce qui m’a bouleversée, dit Alexandra Badea, à la lecture de la documentation des « enfants de la Creuse » est ce sentiment d’arrachement, la perte d’identité, le déracinement, le sentiment d’abandon, de solitude. J’ai été particulièrement touchée par les fratries brisées et par le destin de ces jeunes filles qui ont sombré dans une dépression extrême et qui ont mis fin à leurs jours au sein des foyers d’accueil. (…) Le fil principal est donc l’abandon de la famille mais aussi l’abandon de l’État. Qui sont ces enfants qui peuplaient les foyers de la DDAS dans les années 80 ? Enfants de la Creuse, enfants d’immigrés nord-africains, enfants des ouvriers ou mineurs qui se retrouvent du jour au lendemain dans une violente précarité suite à la fermeture de certaines branches de l’industrie. »

Cela se passe dans un foyer d’accueil abandonné et fermé. Une jeuen femme, Nora réalise un documentaire, prétexte pour mieux appréhender le passé caché de son père qui a lui-même vécu quelques mois dans ce foyer. Elle filme trois pupilles qui y ont aussi vécu trente ans auparavant. Dont une fille du Nord, qui avait quitté sa famille déchirée par le chômage et voulait fuir la violence de son père. Mais aussi le fils d’un ouvrier algérien mort dans un accident de travail ; sa mère et ses grands frères sont rentrés au pays. Et un jeune réunionnais « enfant de la Creuse ». Il ignore son passé et déporté en métropole à quatre ans avec sa grande sœur. Placé dans une famille, il a dû intégrer ce foyer quand ses parents adoptifs ont divorcé.Dans tous les cas, comme le dit justement Alexandre Badea, « L’abandon de l’État se poursuit On nous fait croire que c’est l’abandon des familles mais c’est l’abandon de l’État avant tout. »

Sur le vaste plateau de la Colline, une évocation de ce foyer avec trois praticables, des cubes avec de vieux matelas accumulés et à cour, un autre avec une vieille baignoire en fonte. Au mur accrochés à un grillage des lierres en plastique pour dire que la naturei a repris ses droits dans cet endroit déserté.  Et Nora dès le début filme très souvent ces jeunes gens dont les visages sont en même temps projetés sur très grand écran. Il y a aussi des dialogues où dit l’autrice : « Les morts s’adressent aux vivants, le passé redevient présent, le réel et l’imaginaire se confondent pour donner naissance à une parole où progressivement la violence laisse la place à la réconciliation. »
Dans ces conditions, comment s’intéresser à cette pièce ? Comment ressentir une quelconque émotion au récit de ces enfants que l’Etat français, sur l’initiative d’un député français qui a créé l’E.N.A. , a cru bon de déporter sans scrupule dans une autre région française mais qui n’était pas la leur ? Alexandre Badea n’arrive pas sauf à la toute fin, à nous embarquer dans cette suite de petites séquences filmées ou non. Et très vite l’ennui s’installe dans cette grande salle pas très pleine -et c’est un euphémisme-même si par deux fois, nous avons droit à être réveillés par un solo de batterie pour accompagner de petits moments de danse. Bref, ces deux heures nous ont paru interminables et conseil d’ami, vous pouvez sans dommage vous les épargner.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 7 février, Théâtre de la Colline, 18 rue Malte-Brun, Paris (XX ème). T. : 01 44 62 52 52.

Sur cette lamentable histoire, voir le très bon documentaire réalisé par William Caly Une enfance en exil : Justice pour les 161528 et diffusé sur France 3, Réunion Première et France Ô.

Un autre documentaire, Arrachée à son île (2002) retrace le parcours de Marie-Thérèse Gasp, soustraite à sa mère arrivée dans la Creuse à trois ans…

A entendre aussi: Les Enfants volés de la Creuse de Christophe Hondelatte, histoire et témoignage de Jean-Jacques Martial, Europe 1, Émission: Hondelatte raconte, diffusé en 2019.

Le texte  est paru à L’Arche Éditeur.

 


 

 

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