Les Cinq fois où j’ai vu mon père, texte et mise en scène de Guy Régis Jr.

Les Cinq fois où j’ai vu mon père, texte et mise en scène de Guy Régis Jr.

Les cinq fois où j'ai vu mon père

Christian Gonin © Nicolas Lascourrèges

« Le thème est personnel, voire intime. Alors qu’il concerne bien d’autres car nous avons chacun subi une absence quelque part. » L’auteur haïtien remonte ici vers son enfance de la dernière fois, à la première où il a vu son père: « Je l’ai vu partir quand j’avais douze ans. Je voudrais replonger profondément dans ma mémoire.» En cinq temps, Christian Gonon de la Comédie-Française donne les couleurs de l’enfance à cette adaptation du roman éponyme. La langue concise et dense, porte en elle des images et climats. Mais y-avait-il besoin des jolis dessins animés avec ciels, nuages et pluie, au graphisme naïf, de Raphaël Caloone qui rythment la représentation ? 

« L’écriture théâtrale demande à être plus concise, dit Guy Régis Jr. C’est de la parole parlée comme j’aime le dire. Le théâtre, c’est créer de la parole et non pas de l’écrit. » Il est ici question non de l’absence mais plutôt de la présence en pointillé de ce père, à travers les paroles de la mère, et par des adresses de l’écrivain adulte à l’auteur de ses jours. Avec des reproches mais aussi une sorte de complicité interrogative. Très forte est l’évocation de la Haïti des années soixante dix, « pays sans dessus dessous », où les dictatures successives et la misère chassent les hommes vers l’exil. «Le départ de celui qui va gagner de l’argent et lui permettra de nourrir sa famille, dit Guy Régis Jr. On oublie souvent qu’on vient d’une société qui a vécu l’esclavage pendant trois siècles. C’est donc normal qu’il y ait encore l’éclatement de la famille. »

 Une mise en scène sobre et réussie qui doit beaucoup à la présence de Christian Gonon. Il se glisse avec humour, élégance et une émotion retenue dans cette langue concrète et poétique, mais sans pathos. Il est à la fois cet enfant avec toutes ses questions et cet adulte qui revient avec lucidité sur son passé. Un spectacle à voir mais aussi un texte à lire…

 Mireille Davidovici.

 Jusqu’au 29 janvier, Théâtre Ouvert, 159 avenue Gambetta, Paris (XX ème).

Les 25 et 26 mars, Tropique Atrium, Fort-de-France (Martinique).

Les 1er et 2 avril, Archipel-Scène nationale de Basse-Terre (Guadeloupe).

 Le texte est publié aux éditions Gallimard.

 

 

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