Adieu Milena Salvini

Adieu Milena Salvini 

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Elle nous a quitté juste après son 84 ème anniversaire. Une disparition qui attriste beaucoup tous ceux qui connaissaient cette danseuse. Elle aura beaucoup contribué en France mais aussi en Europe à la connaissance des arts de l’Inde, en particulier du théâtre dansé et du khatakali. Il  y a trois ans, elle avait reçu la quatrième plus haute distinction civile de ce pays, la Padma Shiri. Au centre Mandapa, à Paris (XIII ème) qu’elle fonda en 75 avec son mari l’architecte Roger Filipuzzi et qu’elle dirigeait, elle sut faire connaître la danse classique de l’Inde, en promouvoir les spectacles traditionnels et contemporains mais elle fit aussi découvrir l’art oral du conte. Entre autres actions, elle organisa en 85 au Théâtre de l’Odéon, Les 24 Heures du raga, avec des artistes venus de l’Inde du Nord. Elle n’était avare ni de son savoir ni de sa documentation qu’elle nous transmettait avec générosité. Et elle observait un rituel; la préparation d’un thé qu’elle buvait avec son interlocuteur. Ensuite seulement, elle abordait avec lui les connaissances dont il avait besoin.

Milena Salvini fait partie de ces êtres dont la réserve est proportionnelle à la grandeur de leur action. Ce « petit bout de femme » fut en réalité un grande figure des danses de l’Inde mais aussi du monde: elle savait qu’elles étaient affaire de questions de territoires, comme les oiseaux d’Olivier Messiaen. Ces danses ont le monde pour objet et agissent aussi sur lui, en traçant de nouvelles lignes et de nouveaux découpages. En Inde, circule cette idée : un corps pèse différemment selon tel ou tel point de la terre. Patrick Bensard, directeur de la Cinémathèque de la danse, programma avec passion les danses indiennes, orientales, balinaises, etc. et se rendit souvent en Inde, notamment à Bombay. Milena Salvini et cette institution avaient donc une passion commune. Avec elle, disparait une figure importante de la danse contemporaine en France.
 

Bernard Rémy
Livres de Milena Salvini :

L’Histoire fabuleuse du théâtre Kathakali à travers le Ramayana ( 1990).
La Fabuleuse histoire du Kathakali à travers ses techniques, Paris,  Riveneuve ( 2017).

Documentaires : 

L’Epopée du Mahabharata, théâtre dansé Kathakali, Milena Salvini et Roger Filipuzzi (producteurs), Jacques Oger (directeur).
Kutiyattam : le plus vieux théâtre-dansé du monde, Milena Salvini et Roger Filipuzzi (producteurs) (1994).

 

Archive pour 27 janvier, 2022

Que se répètent les heures… (La Borde), d’après les textes de Marie Depussé, Nicolas Philibert, adaptation et mise en scène de Pierre Bidard

Que se répètent les heures… (La Borde), d’après les textes de Marie Depussé et Nicolas Philibert, adaptation et mise en scène de Pierre Bidard

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© Jean-Claude Etelain.

Le théâtre de l’Elysée, codirigé par Jacques Fayard, son fondateur et Gabriel Laval-Esparel arrivé il y a quatre ans, défend les formes émergentes du théâtre et de la performance. Il accueille, comme Les Subsistances, ce premier festival Azimuts, initié à Lyon par le Théâtre du Point du Jour (voir le Théâtre du blog),  tremplin de la jeune création, avec quinze propositions en trois jours. La petite salle est comble pour découvrir la compagnie La Vallée de l’Égrenne, issue de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (E.N.S.A.T.T.), qui a obtenu le prix de la mention spéciale du Théâtre 13, en 2020. Distinction méritée.

Les six interprètes, présentent en une heure vingt, des moments de la vie collective à la clinique de La Borde. Le texte s’appuie sur le livre de la psychanalyste Marie Depussé, Dieu gît dans les détails (1993) et le documentaire du cinéaste Nicolas Philibert, La Moindre des choses (1996). Ces deux témoignages ont été réécrits : certaines séquences de La moindre des choses répliquées, d’autres passages adaptés puis modifiés à l‘épreuve du plateau. De prime abord, dans la salle commune, où les pensionnaires se retrouvent pour le goûter devant une grande table, nous ne distinguons pas les malades du personnel de La Borde. Puis, avec leur propos et leur gestuelle, les rôles se précisent.

Manu, le jardinier, raconte son arrivée à La Borde, Claude, replié sur sa fatigue chronique, se fait couper la barbe, Sophie, exubérante, fait un portrait de Ginette et veut qu’on l’affiche parmi d’autres dessins. Le dramaturgie est fondée sur le parcours de Nicolas de l’un à l’autre: il enregistre tout sur son dictaphone, cadeau de son frère, jusqu’aux ronronnement du frigidaire et aux glouglous du café qui coule, odorant. Il recueille les témoignages des «fous» et des soignants.

Jean Oury, le directeur de la clinique lui en raconte l’histoire. En 1953, à l’orée du mouvement «antipsychiatrique», ce médecin investit un château presque en ruines dans le Loir-et-Cher, pour y fonder un lieu ouvert où s’institue un rapport d’égalité entre soignants et soignés, une organisation collective et une liberté de circulation et d’activités. Ici la maladie mentale et son traitement se pensent autrement, à l’inverse des hôpitaux-prisons qu’il avait décidé de quitter.

Tous très crédibles dans leur rôle, Lou Bernard-Baille, Marius Uhl, Vincent Chappet, Vincent Couesme, Iris Pucciarelli et Erwan Vinesse bâtissent une micro-société, dans la lenteur d’un quotidien sans éclat, fait de petits gestes, allers et venues, explosions d’angoisse,  de méfiance mais aussi d’attention bienveillante envers l’autre… Instantanés d’un documentaire attachant, parfois drôle où Pierre Bidard interroge l’institution psychiatrique, aujourd’hui plus que jamais en crise. Il change notre regard sur le traitement de la folie dont la frontière est mince avec la normalité. Quand, à certains moments du spectacle, nous nous rions du fou, n’est-ce pas aussi un peu de nous-même ?

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 23 janvier au Théâtre de l’Elysée, 14, rue Basse Combalot, Lyon ( VII ème)/ T. : 04 78 58 88 25

Du 6 au 28 février, Théâtre de Belleville, 16 Passage Piver, Paris ( XI ème).  T. 01 48 06 72 34 ?

 Du 3 au 6 mai, Théâtre de l’Élysée, 14, rue Basse Combalot, Lyon ( VII ème)/ T. : 04 78 58 88 25.

 

 

 

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Adieu Monique Blin

Adieu Monique Blin
 
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Elle nous a quitté mardi à quatre-vingt huit ans. Nous l’avions connue directrice de la Maison de la Culture à Nanterre de 1980 à 1982, avec le réalisateur Raoul Sangla. Elle fut ensuite nommé directrice du Festival des Francophonies à Limoges en 1984 par Pierre Debauche qui, à l’époque dirigeait le le Centre Dramatique National du Limousin. Elle permit au public français d’y découvrir entre autres, le dramaturge et metteur en scène le Libanais Wajdi Mouawad, maintenant directeur du Théâtre national de la Colline à Paris. Mais aussi le Québécois Robert Lepage, deux artiste devenus internationaux. Mais aussi le Chinois Gao Xing Yiang, invité en résidence d’écriture à Limoges et qui reçu ensuite le prix Nobel.
Et elle invita à Limoges le romancier et dramaturge congolais Sony Labou Tansi (1947-1995) avec son Rocado Zulu-Théâtre de Brazzaville. Sa pièce La Parenthèse de sang est actuellement jouée aux Déchargeurs (voir Le Théâtre du Blog). Nous la rencontrions Monique Blin souvent dans les  théâtres, les festivals et à la création de 
La Peau Cassée de Sony Labou Tansi mise en scène de Guy Lenoir à Mindouli au Congo. Moins  connue du grand public que  par les professionnels du  théâtre, cette femme, curieuse, exigeante et engagée, aura beaucoup fait pour que les écrivains et dramaturges notamment africains puissent être joués en Europe.

Et  en 1988, elle créa La Maison des auteurs, pour accueillir des dramaturges et leur offrir ainsi de bonnes conditions de travail. Monique Blin quitta la direction des Francophonies en 2000 mais jusqu’en 2007, elle fut présidente de l’association Écritures vagabondes à Limoges, pour favoriser la création particulièrement en Afrique. dans les pays du Sud. Et au Lavoir Moderne à Paris, elle mit en place Écriture en Partage pour faire découvrir les écritures francophones.
Merci Monique Blin pour tout ce que vous aurez apporté au théâtre contemporain. Nous nous souviendrons de vous.
Philippe du Vignal

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