Songe à la douceur, d’après le roman de Clémentine Beauvais, livret de Rachel Arditi, Clémentine Beauvais et Justine Heynemann, musique de Manuel Peskine, mise en scène de Justine Heynemann

Songe à la douceur, d’après le roman de Clémentine Beauvais, livret de Rachel Arditi, Clémentine Beauvais et Justine Heynemann, musique de Manuel Peskine, mise en scène de Justine Heynemann

songe à la douceur

© Cindy Doutres

Ce spectacle musical pour adolescents garde le charme du roman. Tatiana, quatorze ans, timide jeune fille aime Eugène. Mais plus âgé, il la traite en gamine. Un drame les a séparés mais, dix ans après, ils se revoient par hasard et il tombe amoureux de Tatiana. Parallèlement à ce chassé-croisé amoureux, Levski, un ami d’Eugène, amoureux fou d’Olga, la sœur de Tatiana, tombe du toit et meurt, lors d’une bagarre avec Eugène qui courtisait Olga et qui l’a donc trahi…

Les personnages et la trame narrative s’inspirent d’Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine (1799-1837) donc il y a deux siècles. Mais Ici, Eugène se drape de cynisme et quand Tatiana hésite à tomber dans les bras d’Eugène, elle met en balance le brillant avenir professionnel auquel elle devrait renoncer pour s’ennuyer, comme sa sœur, au bout de quelques années de mariage, une fois la passion éteinte… Elle réserve donc sa décision.

Cette adaptation respecte la version en vers libres de Clémentine Beauvais, particulièrement adaptés à la musique pop-rock de Manuel Peskine, qui, sur scène, accompagne au piano, les jeunes comédiens. Rachel Arditi joue les présentatrices avec des tonalités de cabaret… Elle commente ou résume avec ironie les aventures sentimentales des protagonistes, et elle n’hésite pas à les conseiller, avec un jeu un peu trop appuyé, mais qui ne nuit pas à la délicatesse générale de la pièce. Dans un décor romantique, où grandes fleurs de papier et chutes de confettis donnent au spectacle une couleur enfantine et naïve, les jeunes interprètes se lancent avec fougue dans leurs rôles.

Tatiana à l’âge ingrat (Elisa Erka) devient une intellectuelle épanouie et ambitieuse. Manika Auxire -une Olga mutine et sensuelle- chante les vers de Charles Baudelaire qui donnent le titre au spectacle : « Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble. », dans une scène où la pièce bascule dans le drame. Les personnages masculins, eux, sont plus en retrait.

Un texte exigeant, une mise en scène tonique et des chansons mémorables qu’on pourra retrouver sur internet: de quoi séduire un public, jeune ou pas. Une version brillante remise au goût du jour de cette histoire d’amour déphasée  et racontée par Alexandre Pouchkine, dont on ne compte plus  les adaptations : à l’opéra, au cinéma et, récemment, au théâtre par Michel Ponte sous le titre Barricades mystérieuses et en 2019, par Jean Bellorini.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 6 février, Théâtre Paris-Villette, 211 avenue Jean Jaurès Paris (XIX ème). :T. : 01 40 03 72 23.

Le 10 février, Théâtre des Deux Rives, Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).

Le 15 mars, Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Le 21 avril, Carré Bellefeuille, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Le roman de Clémentine Beauvais est publié aux éditions Sarbacane.

 

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