Première Neige de Guy de Maupassant, adaptation et mise en scène de Pier Porcheron
Première Neige de Guy de Maupassant, adaptation et mise en scène de Pier Porcheron
Cette adaptation fait entendre des extraits de la nouvelle, dans la langue de Guy de Maupassant, intégrés dans une auto-fiction: un couple s’enferme un hiver dans une maison, après un événement traumatisant et décide de monter une pièce radiophonique ou , plus exactement, un «roman radiophonique» à partir de leur histoire personnelle. Maupassant, lui, raconte la vie d’une femme qui vient mourir au soleil méditerranéen, pour fuir un mariage triste dans un château glacial en Normandie ,où tombent la pluie et la neige. Une histoire qui s’entrecroise avec cette auto-fiction, au point qu’on ne les distingue plus l’une de l’autre. Ce couple enfermé met en scène Première Neige et l’épouse va aller à Paris enterrer ses parents morts dans un incendie…
Pour ce «roman radiophonique», pas de magnétophone, amplificateurs ni consoles de studio. Dans ce théâtre d’objets, les fonctions dramatiques sont à la fois iconiques et sonores, avec des objets qui jouent : tableaux, modèles réduits de meubles, poupées, photos, peluches… Mais aussi des objets du quotidien utilisés pour le bruitage. Une boite Maïzena simule le crissement de pas dans le neige, le bruit amplifié d’un coussin de crin nous permet de «voir» l’héroïne marcher sur le sable, des chiffons disent l’apparition d’oiseaux, du papier déchiré imite le crépitement du feu dans la cheminée… Une chignole et d’autres ustensiles suspendus autour de la table de jeu, approchés des micros, composent tout l’univers sonore. Nous pouvons à la fois écouter le texte, voir la manipulation les objets et assister à l’art du bruiteur.
La compagnie Elvis Alatac, installée à Poitiers depuis 2012, présente ici la version longue (soixante-cinq minutes) de cette Première Neige. Nous en avions vu, en 2020, une format court de quinze minutes avec le même texte de Guy de Maupassant. Mais c’était une véritable émission radiophonique dans un studio en cabine vitrée, avec publicités, blagues et jeux stupides (voir Le Théâtre du Blog ).
Reste de ce format court, l’utilisation du son amplifié: composante essentielle. Il n’y a pas de marionnettes mais les deux comédiens, tout en produisant des images avec des objets, créent, au micro, la bande-son à vue.
Auprès Marion Rebat, sa partenaire de jeu, Pier Porcheron, metteur en scène mais aussi acteur, ne se prive pas de moduler, hululer, bruiter, siffler et accentuer, colorant ainsi le texte sans aucun effet électronique. Cet habillage sonore artisanal ouvre une autre dimension supplémentaire à ce théâtre d’objets qui développe plusieurs techniques : mini théâtre d’ombre, mini-écran où sont projetées à partir d’une mini-caméra mobile, des images et des photos du Paris au XIX ème siècle. Pier Porcheron et Marion Rebat nous montrent que, bien dompté, le son crée l’image. Enfin, on l’aura compris, nous sommes ici loin de l’explication de texte scolaire.
Première Neige a été créé en 2017 et depuis, s’est joué une centaine de fois, diffusé dans ses deux versions…
Jean-Louis Verdier
Jusqu’au 3 février, Théâtre Mouffetard, 73, rue Mouffetard, Paris (Vème) T. : 01 84 79 44 44.
Le 18 février, Espace des Pierres Blanches, Saint-Jean-de-Boiseau (Loire-Atlantique); le 25 février,Théâtre des Bains Douches, Elbeuf-sur-Seine (Seine-Maritime).
Texte intégral de Première Neige: http://maupassant.free.fr/textes/neige.html
Bonjour, merci pour la critique que vous avez fait du spectacle Première Neige. J’aimerais vous préciser que c’est Marion Lubat et non Rebat. Par ailleurs, je enduis pas certain de sa formation au centre audiovisuel d’Albi. Bien cordialement
Pier Porcheron