Festival Trente Trente : dix-neuvième édition

Festival Trente Trente : dix-neuvième édition

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Initiée et dirigée par le metteur en scène Jean-Luc Terrade depuis 2004, cette programmation de formes de quarante minutes maximum est consacrée à la création. Avec chaque année, à Bordeaux-Métropole et en région Nouvelle-Aquitaine, des spectacles à la fois locaux, nationaux mais aussi étrangers. Ici, l’accent est mis sur le travail corporel, la danse, la musique, les marionnettes, la performance, le théâtre, le cirque et des installations d’arts plastiques. Et aussi des ateliers ouverts aux amateurs de danse ou performance, et quelques résidences d’artistes invités.

Cela se passe en plein centre ville, notamment dans deux anciens beaux lieux remis à neuf: le marché de Lerme en verre, fonte et zinc comme la halle des Chartrons réalisés en 1866 par l’architecte Charles Burguet. Mais aussi à l’Agora, à l’hôtel Ragueneau et cette année et pour la première fois à la Bakery Art Gallery dans le quartier Saint-Michel. Et au Bouscat, une commune limitrophe, à l’Atelier des Marches, un ancien chais qui, en temps ordinaire, est l’espace de travail de la compagnie Jean-Luc Terrade. Mais aussi au T4S à Gradignan ou à la Manufacture-C.D.C.N. à Bordeaux.

«Je veux, dit-il, découvrir et faire découvrir des artistes dans des lieux où il y a un rapport autre que frontal, donc avec une intimité plus grande et sans filtre entre scène et public. Ce que demandent souvent les artistes. Fil rouge cette année: le rapport au corps, que cela passe par le geste ou la voix. Allant de l’intime à, in fine, à l’universel. Ce thème a d’autant plus de sens après la crise sanitaire qui a éloigné les corps entre eux. Et, comme chaque année, 80% de solos ou duos. Une façon de se mettre à nu, comme chez Volmir Cordeiro, Steven Michel, François Chaignaud… Cet intime-là, difficile à obtenir, m’intéresse beaucoup. D’autant plus, encore une fois, après le confinement. »

Nous n’avons pu qu’assister qu’à un tiers des spectacles dont quatorze créations, étapes de travail et avant premières,et j’ai voulu mettre en lumière les talents locaux (près de la moitié de la programmation). Il est essentiel de s’engager et de soutenir nos artistes en Nouvelle-Aquitaine comme ceux particulièrement intéressants de Sophie Dalès, de Sthyk Balossa que je suis depuis plusieurs années ou le duo Éric Charron et Annabelle Chambon qui présente sa nouvelle création. Alexandre Fandard crée Comme un Symbole, un solo et la danseuse Leila Ka présente Se faire la belle, le dernier volet de son triptyque de danse. J’aime inviter un grand nombre d’artistes au début de leur parcours pour être découverts par des programmateurs. Ce fut le cas par exemple pour Claudio Stellato. Et le Sola Gratia de Yacine Sif El Islam porte une parole très forte. Et Nicolas Meusnier qui travaille à partir de sa famille, sa vie… mais avec un acte artistique qui ouvre sur le monde, comme Yacine Sif El Islam. Et Nadia Larina, une chorégraphe russe qui vit à Bordeaux, avec … Et tous les ans, nous travaillons avec l’Agora de Boulazac et cette année deux spectacles et deux présentations de travaux. Et tous les deux ans Un Chapiteau en Hiver à Bègles, avec deux soirées musicales Derviche de Bab Assalam et Sylvain Julien, un duo de musiques syriennes accompagné d’un artiste circassien, suivi de La sainte face à la tête viande, une commande que nous avons faite à Olivier de Sagazan et Arnaud Nano Méthivier.

Nous n’avons pu voir qu’un tiers de ces formes atypiques, singulières, voire  dérangeantes comme le dit justement Jean-Luc Terrade : « Si l’on garde trop de codes, nous n’irons pas chercher ailleurs une parole différente. Avec la performance et l’art alternatif, les gens sont obligés de lâcher prise. » Le public, chose rare, est assez différent d’âge, souvent jeune,  à la différence du festival d’Avignon. Avec des intérêts divers et sans préjugés, que ce soit pour la danse, la performance ou un solo de théâtre. Dans la mouvance de feu Sigma où Roger Lafosse, dans les années soixante, invitait de presque inconnus comme excusez du peu, Les Pink Floyd, le Magic Circus de Jérôme Savary, Lucinda Childs, Le Living Theatre… Et Jean-Luc Terrade a raison de vouloir continuer à «interroger le monde, le rôle de l’art ». Avec des tarifs accessibles, un point commun avec Sigma, ce qui devient rare surtout à Paris ou dans les grands festivals. Et une sorte de complicité tacite entre public et artistes. Cela fait l’originalité et la force de ce festival au cœur du doux hiver bordelais….

Troisième Nature de  Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre

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Une création de vingt-cinq minutes dans l’ancien marché couvert rond entièrement rénové avec un beau toit surmonté d’une verrière. Sur un tapis rond et noir, un rocher à la surface en inox, donc à la fois minéral et issu des dernières trouvailles en technologie des matières industrielles. Une installation comme on dit, toit à fait immobile et agréable à regarder. Mais qui ne va pas tarder à s’animer et à prendre des formes sculpturales tout à fait étonnantes. Téléguidées? Pourquoi pas? Mais non, il s’agit sans doute d’un corps qui devient une sorte de forme en mouvement permanent. Un corps -encore plus étonnant- qui va se dédoubler. Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre dans un grand silence suggèrent alors une insensible progression et donc une autre perception temporelle, loin de toute manipulation informatique. Une pure beauté dans ce qui serait une gestuelle de la matière, comment dire les choses autrement? Un signe qui ne trompe pas les enfants regardaient avec fascination cette performance réglée au millimètre. Les danseurs enlèvent doucement leur carapace et répètent comme à vue, pendant quelques minutes certains des mouvements réalisés. Peut-être le seul trop de cette belle installation/performance d’une vingtaine de minutes. Mais sinon quelle beauté…

Epurrs360, chorégraphie de Fabrice Lambert en collaboration avec Wilfried Blé et Alexandre Moreau.

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Fabrice Lambert a été danseur chez Rachid Ouramdane, Emmanuelle Huynh, Hervé Robes, Catherine Diverrès… Il dirige l’Expérience Harmaat depuis 1996, un lieu de croisements artistiques, avec la création de plus de vingt spectacles à ce jour… Krump est  un acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise : kingdom : royaume ; radically: radicalement; uplifted: levé, élevé, soulevé; mighty: puissant et praise: éloge. Pour ceux qui ne sont pas de la paroisse, une danse née il y a vingt ans dans les quartiers pauvres de Los Angeles, avec une gestuelle rapide et précise. Wilfried Blé et Alexandre Moreau ont dansé, mise en scène de Clément Cogitore dans Les Indes Galantes et chorégraphie de Bintou Dembélé. Aucune violence mais une gestuelle intense et ludique, d’une rare précision. Une leçon d’initiation pour ceux comme nous qui n’y connaissaient rien par deux artistes en vingt-cinq minutes. Et, malgré ce qui nous semblé être quelques répétitions, cela est très vite passé…

Heartbreaker(s) de Nicolas Meusnier

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Cet artiste bordelais est à la fois acteur, chanteur mais aussi danseur et artiste, influencé à la  par l’opéra et… les émissions de télévision. Il crée, à partir d’éléments intimes des fictions: performance théâtrales comme Garçon, Ravage, Démon, écrit des livres comme Bâtard Nuit noire ou des films Merci, Porte, Parcours et des œuvres plastiques: Collier, Fortune/Lounge,Soir. Il a aussi présenté cette année à Trente Trente aussi Sitcom, un solo de 2019, que nous n’avons pu voir, sur le thème d’une saga familiale qu’il reprend dans ceui-ci. Avec un seul personnage principal. Cela se passe dans une de ces grandes salles d’hôtel faite pour les réunions d’entreprise. Figuré ici par un cercle de chaises pliables. Les participants abordent les questions comme la relation amoureuse/et ou sexuelle mais aussi l’effondrement sentimental quand les choses tournent mal. Avec des tours de chant, seule façon de lutter pour garder son identité. Un solo bien réalisé mais qui ne nous a pas entièrement convaincu…

Comme un symbole d’Alexandre Fandard

Ce peintre, danseur et chorégraphe bordelais reprend dans ce solo joué récemment à la Villette à Paris, un personnage qui a été le thème de nombreux spectacles. Celui stéréotypé d’un jeune homme -plus rarement un jeune femme- de banlieue. Comme Ladji Diallo, notamment qui, lui « a repris l’art du conte de ses ancêtres et à vingt-et-un ans, a ressenti le besoin de nourrir ses racines, restées quelque part au Mali, le long du fleuve Niger, pour m’épanouir dans un pays qui est le mien, la France, sur une terre qui n’est pas la mienne. Cette quête d’identité me guide dans les profondeurs de l’Afrique, où l’art et le sacré sont intimement liés. »

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Ici, Alexandre Fandard veut réhabiliter cette figure du jeune de banlieue relégué dans les H.L.M. à la périphérie de grandes métropoles comme Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, Toulouse, Strasbourg… Et vu souvent comme une racaille. Alors qu’il est bien français, il continue à être ressenti comme un éternel étranger, voire un terroriste potentiel. Il a une bonne maîtrise de l’espace scénique mais aussi du geste pictural et de la danse,  ce qui fait naître de belles images. En quinze minutes, cet artiste dénonce  avec force  les stéréotypes et mensonge que débite un certain candidat à la Présidentielle…  «J’ai tendance, dit-il, à imaginer la scène comme une toile blanche et composer alors sur la scène le son la danse et le corps (…) Et, si nous avons bien compris la démarche d’Alexandre Fandard, il évite le rapport frontal avec le public qui est souvent, qu’on le veuille ou non, un rapport de force Et il essaye de nous immerger dans une image ou un objet poétique par le biais d’une parole. Pari tenu et cet essai pour faire parler le corps fonctionne plutôt bien.

Sola Gratia de Yacine Sif El Islam

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Sola gratia-, un beau titre avec ces mots latins signifiant «par la grâce seule» c’est-à-dire par la seule volonté de Dieu pour sauver les âmes. Cet artiste bordelais d’origine maghrébine, vedette incontesté de ce festival, a créé ce solo théâtral d’une quarantaine de minutes tout à fait remarquable. A partir d’une mésaventure personnelle: cela s’est passé près de la gare Saint-Jean à Bordeaux, le 3 septembre 2020, donc récemment.A 1h 30 du matin, ans la rue, un homme crie : Sales pédés à Yacine Sif El Islam et à son compagnon Benjamin. Puis, avec un couteau, il lui fend gravement la joue et blesse Benjamin à l’épaule. Suivra une bagarre interrompue par des habitants du quartier… Les agresseurs ont pris la fuite et ne seront jamais retrouvés. Grave traumatisme pour ces jeunes gens… Yacine, trente ans, se met alors à écrire pour essayer d’exorciser sur un plateau de théâtre leur souffrance, cette injustice profonde et cette agression raciste comme il n’existe que trop dans la douce France actuelle. « Il y a eu ensuite, dit-il, la déposition au commissariat dans une situation ubuesque. Je l’ai ressentie comme une deuxième agression. Nous nous retrouvions accusés.» Et le spectacle commence par cette déposition, peu flatteuse pour les flics bordelais! Et l’acteur metteur en scène ne mâche pas ses mots : “Nous étions trop pédé pour nos agresseurs, trop rebeu pour la police”. (…) «J’ai eu trois-quatre expériences avec la police. Je n’avais rien à me reprocher et, à chaque fois, ça s’est mal passé. » Une expérience vécue d’agression homophobe, de racisme et violence mais pas que… Et pour Yacine Sif El Islam, cela remonte à tout ce qu’il a subi plus jeune. «Le spectacle part de l’agression que nous avons vécue pour parler d’autres violences, que ce soit la violence conjugale ou le viol. La violence a jalonné mon parcours (…) qu’elle soit sexuelle ou policière. J’ai besoin de témoigner de ça. J’ai besoin de partager la peine, dire le mal et crier l’injustice. » Les mots sont ici empreints d’une rare colère… « salvatrice pour être lavé des choses. Je ne comprends pas pourquoi on laisse la France se faire gangrener par la haine.» Et l’acteur-metteur en scène veut qu’avec ce spectacle politique au meilleur sens du terme, «les gens regardent en face et comprennent. Ils ne savent pas ce que c’est que d’avoir le corps que j’ai : racisé avec un métissage, homosexuel et qui vient d’une famille pauvre. »

Sur un grand plateau blanc, une chaise, une table avec les feuillets du texte, une grande toile tendue où Benjamin son compagnon, brode lentement un texte sur Bordeaux. Dans le fond, la batterie et la guitare de Benjamin Ducrocq, compositeur et interprète de la musique accompagnant ce court spectacle. Le public dans un silence total, écoute le texte bien joué par son auteur et nous sommes comme tétanisés par ce texte violent, écrit dans une superbe langue. Et tout à fait salutaire à quelques semaines de l’élection présidentielle. Pour le moment, aucune réaction de la police de Bordeaux, mise en cause  dans ce spectacle…

Mais comment en est-on arrivé là dans cette merveilleuse ville de grande culture dont Montaigne fut le maire, et dont un autre maire, Alain Juppé fit tout, et avec succès, pour la rénover et lui donner l’image incomparable d’une cité où il fait bon vivre, entre ressortissants de très nombreux pays, notamment africains… Il est indispensable que ce court récit sous une forme ou sous une autre, puisse être joué partout en France. Yacine Sif El Islam, acteur et homme de théâtre, mène avec Sola Gratia, une réflexion à la fois existentielle et politique d’une grande qualité d’écriture. Jean-Luc Terrade qui l’avait déjà accueilli au festival Trente Trente avec Actéon aux Beaux-arts de Bordeaux, a bien eu raison de l’avoir encore invité. Cette manifestation annuelle avec des rencontres et une programmation hors-normes de formes courtes, mérite d’être mieux connue; c’est l’une des rares en France à associer la création contemporaine, au croisement du spectacle et des arts plastiques.

Philippe du Vignal

Spectacles vus le 22 janvier; le festival Trente Trente commencé le 18 janvier se poursuit jusqu’au 10 février.

 

 


Archive pour 2 février, 2022

Ils n’avaient pas prévu q’ils allaient gagner de Christine Citti, mise en scène de Jean-Louis Martinelli

Ils n’avaient pas prévu qu’ils allaient gagner de Christine Citti, mise en scène de Jean-Louis Martinelli

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«J’ai fait ce métier, dit l’éducateur d’un foyer pour jeunes en difficulté. Mais, c’est de plus en plus compliqué. Je vois les jeunes arriver ici avec… euh… des tensions, des problèmes peut-être passagers, et ils ressortent d’ici avec des grosses problématiques qui se sont rajoutées. Certains se sont mis à voler, à se droguer, il y en a, on voit bien qu’on les perd… Des filles se prostituent… Euh… plutôt sont entraînées vers la prostitution. Certains jours je finis par me demander à quoi je sers. Et puis… On est sous la Protection de l’enfance, mais on n’est pas un lieu fermé. Les jeunes, ils peuvent se barrer quand ils veulent. Ils ont des horaires à respecter, mais si ils ne les respectent pas, on les déclare en fugue… Et eux, ils comprennent vite le truc. Nous, on essaie de tenir debout les murs de la maison. Mais eux, pour la plupart, ils sont livrés à eux-mêmes depuis qu’ils sont tout petits, alors si la porte est ouverte, ils s’en foutent de l’interdiction. Ils sortent. Le foyer c’est un lieu de contagion. C’est pas un lieu de paix ici. Moi, j’ai voulu faire ce métier parce que gamin j’avais connu des difficultés. J’en suis sorti. Je veux aider. Mais qu’est-ce que notre société fait pour ces enfants ? Tout le monde dort, et nous, on va nulle part.. »

Voilà tout est dit sur ce spectacle de théâtre documentaire, et comme le dit Jean-Louis Martinelli, « nous avons cherché à donner la parole à ceux que l’on n’entend pas, peu, ou pas assez est aussi un désir de réconcilier esthétique et éthique. En donnant la parole à ce groupe, nous refusons le monde tel qu’il est.  »
La parole de ces jeunes sonne juste comme celle de l’éducateur et de la prof de théâtre (Christine Citti elle-même) qui a passé quelques mois dans un foyer pour jeunes mineurs. «J’avais bien conscience, dit-elle, de n’avoir pu ni transformer, ni améliorer leurs situations, leurs devenirs. Je voulais qu’ils soient entendus. Je ne suis ni sociologue, ni journaliste. Alors, j’ai écrit cette pièce. »

Quelques tables et quelques chaises, une grande porte rouge à deux battants dans le fond. Côté cour, un grand canapé moelleux et accueillant où ces jeunes sont souvent affalés… Dernier refuge et/ou substitut du ventre maternel ? Au centre, une grande boîte en verre munie de micros qui sert de bureau. Les phrases qu’ils lancent sont dures, parfois très crues mais précises et nous sommes emportés dans cet ouragan. Les jeunes acteurs qui jouent ces garçons et filles presque de leur âge aux personnalités très différentes, sont tous crédibles. Si le Rond-Point n’a jamais été exemplaire en matière d’acoustique, tous les acteurs s’y font bien entendre.  Mais ici, au soir de cette première à Paris, si la gestuelle était impeccable, la diction, elle, était aux abonnés absents et les dialogues souvent proches de l’incompréhensible! Stress? Manque de répétitions sur ce grand plateau? Nous ne comprenons pas comment Jean-Louis Martinelli, homme de théâtre et metteur en scène des plus expérimentés, n’a pas été plus exigeant. «Sur scène, disait Stella Adler, la grande prof américaine de théâtre, vous ne pouvez pas parler dans votre barbe, ni murmurer. Mieux vaut avoir une voix trop forte que trop faible. Si elle est trop forte, vous pourrez toujours la réguler.» Depuis les choses ont pu évoluer mais ce soir-là, ce spectacle malgré ses qualités, était décevant…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 6 février, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 21.

 

 

 

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