François Rabelais/ Portrait d’un homme qui n’a pas souvent dormi tranquille de Philippe Sabres et Jean-Pierre Andréani, mise en scène de Jean-Pierre Andréani

François Rabelais/Portrait d’un homme qui n’a pas souvent dormi tranquille de Philippe Sabres et Jean-Pierre Andréani, mise en scène de Jean-Pierre Andréani

 

François Rabelais (1483 ou 1494-1553), alias Alcofribas Nasier, menacé par l’Inquisition pour blasphème et apostasie trouve le salut dans la fuite, au lendemain de la mort de son éditeur, Etienne Dolet*, brûlé place Maubert en 1546. Il se réfugie chez son bienfaiteur, le cardinal du Bellay, qui lui propose, au cours d’une soirée bien arrosée, de l’accompagner en Italie. Dans son sommeil lourd de cauchemars,  ses personnages et ses bourreaux le hantent… On le retrouvera des années plus tard, à faire le bilan de sa vie.

Grâce à un habile montage entre biographie et plongée dans la langue savoureuse de Gargantua et Pantagruel, nous suivons les pérégrinations de ce moine, écrivain et médecin, interprété avec justesse par Philippe Bertin. En prenant bien des libertés avec la réalité historique ( Rabelais n’a jamais pris la fuite, ni été inculpé) , Philippe Sabres et Jean-Pierre Andréani, font revivre l’auteur en éternelle cavale, face à un austère docteur de la Sorbonne, à son ami Clément, ou encore face à l’oncle de Joachim Du Bellay, un ecclésiastique bon vivant. Des personnages incarnés par Michel Laliberté, un peu trop démonstratif dans ces rôles de composition.

Pour cette mise en scène efficace, les décors sobres, quelques accessoires et changement de costume indiquent les lieux et les circonstances de cette traversée spatio-temporelle. De cette sombre époque, où l’Eglise sorbonnarde prend le pouvoir sur un François Ier vieillissant dont la sœur et écrivaine Marguerite de Navarre a perdu de son influence, on retiendra le rire que l’écrivain oppose aux persécutions… Un rire de résistance que ce médecin de l’âme prescrit contre la bêtise et l’ignorance. Et que les deux acteurs nous font entendre, en ressuscitent la Guerre Picrocholine, dans cette langue française inouïe, d’une irrésistible invention et d’une grande beauté,. Avec ses personnages de géants, cette parodie héroï-comique, ancêtre du conte philosophique et du roman politico-satirique, a marqué à jamais notre littérature. En bref, ce spectacle d’une heure quinze, modeste mais bien construit, nous incite à revenir aux sources.

Mireille Davidovici

Jusqu’au au 4 avril, Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, Paris (IV ème). T. : 01 42 78 46 42.

Et du 7 au 30 juillet, Théâtre Essaïon au Festival d’Avignon.

* Etienne Dolet (1509-1546), Humaniste insoumis de Christine de Coninck, Ampelos éditions.

 

 

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