Le Silence de Molière de Giovanni Macchia, traduction de Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié, mise en scène d’Anne Kessler

Le Silence de Molière de Giovanni Macchia, traduction de Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié, mise en scène d’Anne Kessler

Esprit-Madeleine, la fille de Molière (1665-1723) dit s’être réfugiée dans le silence après un pamphlet paru contre son père et sa mère Armande Béjart, Les Intrigues de Molière et celles de sa femme ou La Fameuse Comédienne. Molière y est accusé d’inceste puisque Armande aurait été sa fille. Mais il y a très peu de témoignages sur la vie de Molière… Il a eu quatre enfants et cette Esprit-Madeleine est celle qui a vécu le plus longtemps. Giovanni Macchia (1912-2001), un grand universitaire, spécialiste de Pirandello, connaissait bien la littérature française : Baudelaire, Marcel Proust et Molière en particulier et il a voulu tracer un portrait de cette Esprit-Madeleine à travers la fiction d’une interview imaginaire. «Il a créé avec Esprit-Madeleine, dit aussi son interprète Danièle Lebrun, un personnage référencé certes, mais totalement imaginaire. » 

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Et, pour Anne Kessler qui l’a mise en scène avec intelligence et subtilité: «Notre parti-pris est de suivre les mots de l’auteur de la pièce sans surtout tenter de répondre à ces rumeurs. Cela nous raconte surtout que les diffamations qu’a connues Molière durant toute sa vie ont perduré jusqu’après sa mort. ( …) Cette pièce nous propose un voyage, poétique, dans le temps. Avec Danièle, nous sommes en effet convaincues que cette femme doit conserver son mystère. Au théâtre, j’aime partir du principe que ce que l’auteur dit est vrai et sincère. L’idée magnifique ici est de faire entendre le témoignage de cette femme depuis son regard d’enfant. considérant qu’elle avait peu connu son père, et surtout trop jeune, personne ne s’est vraiment intéressé à elle.

«Si nous pouvons être sûrs d’une chose, c’est qu’Esprit-Madeleine a très peu, voire jamais, parlé publiquement de son histoire. Il y a tant de silence autour d’elle, et dans sa vie… Dans le texte de Giovanni Macchia, un jeune homme vient la rencontrer pour lui poser des questions. Nous conservons ce principe de questions-réponses, comme dans le cadre d’une conférence exceptionnelle. elle a vécu longtemps après la mort de ses parents, elle s’est éloignée de la vie théâtrale pour choisir le couvent, et l’on imagine qu’elle a dans sa solitude eu le temps de réfléchir et d’analyser son histoire. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’elle parle en public, de façon spontanée et sensible. »

Cette petite salle convient parfaitement à cette évocation de notre plus grand dramaturge où Esprit-Madeleine, raconte la mort de son père. Mais aussi son enfance et sa vie ; encore très jeune, elle a sans doute souffert, quand ce pamphlet contre lui est paru mais aussi d’un certain manque d’affection. Elle semble admirer son père mais elle le montre courant sans arrêt de son théâtre à sa maison de campagne, à Auteuil pour échapper à un Paris bruyant et écrire au calme. Selon Giovanni Macchia, Esprit-Madeleine semble rejeter le théâtre et les acteurs mais reste fascinée par cet univers étrange qui aura été la passion vitale de son père jusqu’à sa mort, juste après un grave malaise sur la scène en jouant Le Malade imaginaire.

.Sur le plateau, juste un banc noir et un grand miroir et Danièle Lebrun, très bien dirigée par Anne Kessler, a une belle présence elle a une diction impeccable.et est tout à fait convaincante dans cette interview de fiction. Assise face public, avec une perruque impressionnante, en robe bleu nuit, ce Silence de Molière qu’avait montée René Loyon, puis Dominique Valadié, reste une piécette mais que Danièle Lebrun réussit à faire vivre en passant avec virtuosité, d’une certaine gravité, à une joie teintée parfois d’ironie. Du grand art et un bel hommage à notre plus grand dramaturge qui est resté acteur jusqu’à la fin de sa vie. Et, chose incroyable, dit Danièle Lebrun, Molière habitait dans la rue Saint-Thomas-du-Louvre… située juste au-dessus de cette petite salle!

Philippe du Vignal

Jusqu’au 27 février, Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Galerie du Carrousel du Louvre, Place de la Pyramide inversée, 99 rue de Rivoli, Paris (Ier). Réservations : comedie-francaise.fr.

 


Archive pour 25 février, 2022

Le Silence de Molière de Giovanni Macchia, traduction de Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié, mise en scène d’Anne Kessler

Le Silence de Molière de Giovanni Macchia, traduction de Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié, mise en scène d’Anne Kessler

Esprit-Madeleine, la fille de Molière (1665-1723) dit s’être réfugiée dans le silence après un pamphlet paru contre son père et sa mère Armande Béjart, Les Intrigues de Molière et celles de sa femme ou La Fameuse Comédienne. Molière y est accusé d’inceste puisque Armande aurait été sa fille. Mais il y a très peu de témoignages sur la vie de Molière… Il a eu quatre enfants et cette Esprit-Madeleine est celle qui a vécu le plus longtemps. Giovanni Macchia (1912-2001), un grand universitaire, spécialiste de Pirandello, connaissait bien la littérature française : Baudelaire, Marcel Proust et Molière en particulier et il a voulu tracer un portrait de cette Esprit-Madeleine à travers la fiction d’une interview imaginaire. «Il a créé avec Esprit-Madeleine, dit aussi son interprète Danièle Lebrun, un personnage référencé certes, mais totalement imaginaire. » 

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Et, pour Anne Kessler qui l’a mise en scène avec intelligence et subtilité: «Notre parti-pris est de suivre les mots de l’auteur de la pièce sans surtout tenter de répondre à ces rumeurs. Cela nous raconte surtout que les diffamations qu’a connues Molière durant toute sa vie ont perduré jusqu’après sa mort. ( …) Cette pièce nous propose un voyage, poétique, dans le temps. Avec Danièle, nous sommes en effet convaincues que cette femme doit conserver son mystère. Au théâtre, j’aime partir du principe que ce que l’auteur dit est vrai et sincère. L’idée magnifique ici est de faire entendre le témoignage de cette femme depuis son regard d’enfant. considérant qu’elle avait peu connu son père, et surtout trop jeune, personne ne s’est vraiment intéressé à elle.

«Si nous pouvons être sûrs d’une chose, c’est qu’Esprit-Madeleine a très peu, voire jamais, parlé publiquement de son histoire. Il y a tant de silence autour d’elle, et dans sa vie… Dans le texte de Giovanni Macchia, un jeune homme vient la rencontrer pour lui poser des questions. Nous conservons ce principe de questions-réponses, comme dans le cadre d’une conférence exceptionnelle. elle a vécu longtemps après la mort de ses parents, elle s’est éloignée de la vie théâtrale pour choisir le couvent, et l’on imagine qu’elle a dans sa solitude eu le temps de réfléchir et d’analyser son histoire. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’elle parle en public, de façon spontanée et sensible. »

Cette petite salle convient parfaitement à cette évocation de notre plus grand dramaturge où Esprit-Madeleine, raconte la mort de son père. Mais aussi son enfance et sa vie ; encore très jeune, elle a sans doute souffert, quand ce pamphlet contre lui est paru mais aussi d’un certain manque d’affection. Elle semble admirer son père mais elle le montre courant sans arrêt de son théâtre à sa maison de campagne, à Auteuil pour échapper à un Paris bruyant et écrire au calme. Selon Giovanni Macchia, Esprit-Madeleine semble rejeter le théâtre et les acteurs mais reste fascinée par cet univers étrange qui aura été la passion vitale de son père jusqu’à sa mort, juste après un grave malaise sur la scène en jouant Le Malade imaginaire.

.Sur le plateau, juste un banc noir et un grand miroir et Danièle Lebrun, très bien dirigée par Anne Kessler, a une belle présence elle a une diction impeccable.et est tout à fait convaincante dans cette interview de fiction. Assise face public, avec une perruque impressionnante, en robe bleu nuit, ce Silence de Molière qu’avait montée René Loyon, puis Dominique Valadié, reste une piécette mais que Danièle Lebrun réussit à faire vivre en passant avec virtuosité, d’une certaine gravité, à une joie teintée parfois d’ironie. Du grand art et un bel hommage à notre plus grand dramaturge qui est resté acteur jusqu’à la fin de sa vie. Et, chose incroyable, dit Danièle Lebrun, Molière habitait dans la rue Saint-Thomas-du-Louvre… située juste au-dessus de cette petite salle!

Philippe du Vignal

Jusqu’au 27 février, Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Galerie du Carrousel du Louvre, Place de la Pyramide inversée, 99 rue de Rivoli, Paris (Ier). Réservations : comedie-francaise.fr.

 

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